trousse n. f.
〈Haute-Savoie, Savoie, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Lozère (nord-est), Ardèche, Haute-Loire
(Velay)〉 rural, vieilli
1. "filet, sac ou toile grossière servant à transporter du foin ou diverses récoltes". Synon. région. bourras*, filoche*.
1. Granon c’est une montagne* au-dessus du village […]. L’été, lorsque l’herbe était fauchée, séchée et râtelée,
nous la mettions en tas dans des trousses que nous ramenions au village à dos de mulet. (É. Carles, Une soupe aux herbes sauvages, 1978, 42.)
□ En emploi métalinguistique.
2. On mettait ce foin dans des filets, lesquels filets s’appelaient des trousses. Alors une trousse de foin faisait à peu près quatre-vingts kilos de foin… Et justement…
toutes les trousses de foin qui étaient descendues de là-haut… permettaient d’hiverner
une brebis. (Témoin âgé d’env. 67 ans en 1976, dans J.-Cl. Bouvier, La Mémoire partagée, 1980, 61.)
2. Par méton. "contenu de ce filet, de ce sac, de cette toile".
3. C’est l’époque où l’on répare les « bourras »*, filets de chanvre pour descendre les « trousses » de foin. (M. Liotier, Celui qui va devant, 1974, 88.)
4. Et, derrière le véhicule [voiture à cheval], la trousse de foin, et le petit sac d’avoine pour le cheval. (M.-Th. Chalon, Une vie comme un jour, 1976, 159.)
5. […] trousses de foin destinées à être chargées sur des charrettes avant d’être montées dans les
granges […]. (É. Escallier, Le Carnet de chansons de mon père, 1976, 148.)
6. Puis, Louis et ses aides […] chargeant ces énormes trousses [de foin] les descendaient par un escalier de pierre bâti entre les deux routes de
Vaudevant et de Saint-Victor jusque dans les granges du Pigeonnier. C’était rude.
Mais plus il y avait de trousses, plus il y avait de sourires sur les lèvres. (Ch. Forot, M. Carlat, Le Feu sous la cendre, 1979, t. 1, 252.)
7. […] un de ces soirs chauds où mes parents préparaient un chargement de salades d’été
pour le marché de Cavaillon qui se tenait alors dès l’aube, je demandai avec grande
envie à mon père la faveur insigne de l’accompagner […]. / Ma demande fit d’abord
rire puis ma mère se récria :
– Vingt kilomètres au pas de la jument ! Entre des trousses de salades, humectées dans leur jute, qui, de nuit, se refroidiraient… Comme si c’était là une couchette pour enfant de six ans ! (M. Mauron, Les Cigales de mon enfance, 1987, 113.) 8. Bien sûr, elle ne savait pas monter à bicyclette et son mari préférait consacrer ses
loisirs à la chasse ou au braconnage plutôt que de la transporter comme une « trousse » de haricots fins sur la petite remorque tirée par le cyclomoteur. (G. Ginoux, Dernier labour au Mas des Pialons, 1994, 80.)
V. encore ici ex. 2 ; s.v. calade, ex. 1.
□ En emploi métalinguistique.
9. Ces paquets de foin portent un nom : les noms patois varient, mais, en français de
Savoie, le paquet de foin s’appelle tout simplement une trousse, une trousse de foin […]. (TuaillonSurv 1983, 23.)
◆◆ commentaire. Type lexical attesté dep. l’afr. (fin 12e s. trusse "faisceau de choses liées ensemble, paquet, botte", TLF) et l’aocc. (1195, à Clermont "grande botte de foin", Brunel), aujourd’hui caractéristique, aux sens ici analysés, d’une aire du Sud-Est.
Enregistré dans Féraud sans marque particulière, trousse est aujourd’hui « vx ou dialect. » (GLLF), « vx ou région. » (Rob 1985 ; NPR 1993-2000 ; TLF).
◇◇ bibliographie. Féraud 1788 ; 1906 « une charretée de paille roulée en trousses » (Fr. Mistral, Mémoires et récits, dans Gens de Provence, Paris, 1997, 217) ; TuaillonRézRégion 1983 (Haute-Savoie) ; MartelProv 1988 ; FréchetMartVelay
1993 ; GagnySavoie 1993 ; FréchetDrôme 1997 « connu à Buis-les-Baronnies, peu attesté à Anneyron et Valence » ; ALJA 206 « en français régional on l’appelle une trousse » ; FEW 13/2, 92a-b, torquere.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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