vaï [vaj] interj.
〈Bouches-du-Rhône, Gard, Lozère〉 fam. Souvent dans ah/allez vaï ! Équivalent de stand. allez ! allons ! va !
1. "(pour renforcer une assertion, une exhortation)". Allez, vaï, bon courage (S. Japrisot, La Dame dans l’auto, 1966, 190). Va te coucher, vaï, Bouchon ! (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 25).
1. Le maire me renvoyait à l’adjoint, et celui-ci au maire, et tous les deux aux autres
conseillers municipaux […]. Mais vaï, personne n’en avait, d’idée, et tous de me dire : « Débrouille-toi » […]. (N. Ciravégna, Le Pavé d’amour, 1975, 153.)
2. J’ai bien vu ! Je suis sûr que c’était [l’auto] une Coccinelle ! Vaï, ça, j’en suis sûr : c’était blanc, c’était trapu, c’était solide ! (P. Magnan, Le Commissaire dans la truffière, 1978, 147.)
3. « À la bonne heure ! » s’écriait le Baron, qui m’appelait « Chichois », sans doute pour faire couleur locale. Il ne cessait de répéter : « Tu es content ? Tu es content ? » avant de me lancer : « Allez, vaï, embrasse-moi ! » (H. Bonnier, L’Enfant du Mont-Salvat, 1985 [1980], 216.)
4. – Je te ramène, Mémé.
– Non, va voir Séraphine ; elle a besoin de toi […]. Allez, vaï, va la voir, je rentrerai par le tram… (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 289.) 5. – Je vous le répète tout le temps qu’on attend beaucoup trop tard pour semer, vous
voulez pas m’écouter, ah, vaï, le Marius, il se trompe pas lui ! rétorquait l’oncle […]. (G. Ginoux, Gens de la campagne au Mas des Pialons, 1997, 14.)
V. encore s.v. gari, ex. 3.
— Redoublé.
6. – […] si je reste ici de nuit, je prends froid et j’ai les douleurs du rhumatisme
que* ça me fait raide comme un piquet.
– Vaï vaï, vous êtes encore solide ! (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 9.) 7. – […] la guerre elle est pas loin… Vous allez voir, un de ces jours ça bardera.
– Ah vaï vaï ! je la coupe : laissez un peu ces bêtises. (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 71.) — En contexte polémique.
8. – Fais pas le savant, vaï ! s’emporta Fifi. (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 28.)
2. "(pour consoler, rassurer, apaiser, consoler qqn)".
9. – Allez, vaï, ne pleure plus que* tu vas être toute mouillée ! (R. Blanc, Les Amours de l’oncle César, 1986, 141.)
10. – Pleure pas, vaï. Ça va s’arranger, fit Darnagas en caressant les cheveux […] de Biscotte […]. (M. Courbou,
Les Chapacans, 1994, 21.)
11. – Allez, « vaï »… Ne te tracasse pas… Bois le café. (M. Fillol, Petites Chroniques des cigales, 1998, 161.)
◆◆ commentaire. Transfert non adapté de pr. vaï de même sens (impér. 2e pers. de anar "va"), attesté dans le français de Provence dep. 1881 (Daudet). Ignoré de la lexicographie
générale du français.
◇◇ bibliographie. MichelDaudet, 125 (Numa Roumestan) ; BrunMars 1931 ; RostaingPagnol 1942, 117 ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ;
BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; ArmanetBRhône 1993 ; GermiChampsaur 1996 ;
MazodierAlès 1996 vay ; ArmKasMars 1998 ; RoubaudMars 1998, 87 ; BouisMars 1999 ; aj. à FEW 14, 117a, vadere.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Alpes-Maritimes, Gard, Var, 100 % ; Hérault, 90 % ; Lozère,
85 % ; Aude, Bouches-du-Rhône, 80 % ; Hautes-Alpes, 75 % ; Alpes-de-Haute-Provence,
Vaucluse, 65 %.
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