bassoter ou bassotter v.
〈Lorraine (surtout Meurthe-et-Moselle et Vosges)〉 usuel, fam.
1. Emploi intr. "passer son temps à des activités secondaires ou futiles ; ne pas avancer dans son
travail". Stand. fam. bricoler. Synon. région. bouiner*, mamailler*. – « Bassoter » à des riens (J. Desgênes, La Grange du Hazard, 1949, 73). Bassotter à droite et à gauche (Alain Amant, Le Catalogue, 1957, dans En Lorraine au coin du feu. Contes et Nouvelles du Prix Moselly, 1983, 43). J’ai bassotté toute la matinée (RoquesNancy 1979).
1. […] je « bassotte », vais d’une chose à l’autre, tout commencé, rien terminé […]. (M. George, Mée Jo et l’entente cordiale, 1986, 90.)
2. Mais la pluie qui ne cesse de tomber vous donne le cafard. Il ne reste qu’une chose
à faire, bassotter, en attendant le soleil. (G. Remy, En cueillant les brimbelles, 1986, 78.)
V. encore ici ex. 3.
□ Dans un énoncé définitoire ordinaire.
3. En attendant l’âge de la retraite[,] Touênne bassottait. / Bassotter, dans les Vosges comme dans la plaine, ce n’est pas comme certains ont traduit ce
terme, « travailler à droite et à gauche ». Bassotter, c’est s’affairer à ne rien faire, Bassotter c’est commencer une tâche à laquelle on n’avait pas l’intention de s’atteler, ou
faire semblant de travailler tout en s’occupant. (G. Remy, En cueillant les brimbelles, 1986, 78.)
2. Emploi tr. Dans une interrogation du type qu’est-ce que tu bassotes/qu’est-ce qu’il/elle bassotte ? "(pour marquer l’impatience ou pour exprimer un jugement défavorable sur l’activité
d’une personne)". Stand. fam. qu’est-ce que tu fabriques ? pop. qu’est-ce que tu fous ? Synon. région. qu’est-ce que tu bouines* ? qu’est-ce que tu mamailles* ? – Le facteur est pas enco [= encore] passé, qu’est-ce qui bassote ? (MartinVosges 1993, 19.)
■ dérivés. 〈Lorraine〉 bassoteur, ‑euse adj. et n. fam. et péj. "(personne) qui bassote". Stand. fam. bricoleur. Synon. région. mamailleur*. « Ce n’est pas un ouvrier, ce n’est qu’un bassoteur » (LanherLitLorr 1990). – Attesté dep. 1738 en Lorraine (« c’est un bassoteur » Correspondance de Mme de Graffigny, éd. sous la dir. de J. A. Dainard, Oxford, The Voltaire Foundation,
t. 1, 1985 (1716-1739), 133 ; v. aussi MichelLorr 1807 ; Versini MélLanher 1993, 238) ;
cf. « bassottier, homme plein de petites affaires » GrosleyTroyes 1761 ; aj. à FEW 1, 275a, bassus.
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1761 dans le français de Troyes (« Bassotter, s’occuper chaudement de petites choses » Grosley), 1807 dans le français de Lorraine (« Bassotage, bassoter, bassoteur ne sont pas français. […] Bassoter, c’est Saveter, massacrer un ouvrage ou s’amuser à raccommoder, à mettre tout en place » Michel), mais certainement antérieur dans la mesure où le dérivé bassoteur (v. Rem. ci-dessus) y est attesté dep. 1738 ; le terme a aussi été recueilli au 19e s. dans les parlers de la Marne et de l’Argonne (FEW). La base des dérivés français
avec le suffixe ‑otter ou ‑oter étant généralement un verbe (TLF), on doit sans doute postuler ici une base du type
basser (cf. « basser, secouer, agiter un liquide dans un vase, brasser » A. Thévenot, MémAube 1868).
◇◇ bibliographie. GrosleyTroyes 1761 ; MichelLorr 1807 ; PutonRemiremont 1901 ; RobRemiremont 1911 ;
CrouvChampagne 1975 s.v. bacosser « On dit aussi bassotter (Lorr.) » ; RoquesNancy 1979 ; TuaillonRézRégion 1983 ; LanherLitLorr 1990 ; MartinVosges 1993 ;
Versini MélLanher 1993, 238 (mais c’est bassoteur et non bassoter qui se lit sous la plume de Mme de Graffigny) ; LesigneBassignyVôge 1999 ; FEW 1, 275a, bassus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Vosges, 100 % ; Meurthe-et-Moselle, 50 % ; Moselle, 25 % ;
Meuse, 15 %.
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