bouchon2 n. m.
〈Rhône (surtout Lyon)〉 fam. "débit de boissons offrant une restauration à base de plats simples et traditionnels".
1. […] la série des bouchons à Beaujolais, où il [mon père] aimait à me conduire et où il me présentait avec orgueil
au patron et aux consommateurs :
– Voilà mon gone* ! (M.-É. Grancher, Lyon de mon cœur, 1946, 36.) 2. Jérôme tient un garage dans le quartier des traboules*, vers le bas de la Croix-Rousse. […] / Jérôme n’était pas à son atelier. Un de ses
commis m’indiqua comment trouver le bouchon où son patron prenait un repas hâtif. Je connaissais l’endroit : Jérôme m’y avait
entraîné plusieurs fois sous prétexte d’un mâchon* amical […]. (A. Demouzon, Un coup pourri, 1979 [1976], 28.)
3. Le bouchon d’Odette, rue Bonnel, est comme une caque pleine de harengs. « Les nôtres » sont entassés à la longue table du fond […]. Les pots* de Mâcon blanc circulent. (F. Deschamps, Croque en bouche, 1980 [1976], 44.)
4. Les dimanches, il requillait [= remettre les quilles debout] chez Pierre Thibert qui
tenait un bouchon sur la grand-route qui s’en va de Châlon à Lons-le-Saunier. (L.-A. Gauthier, Les Fidarchaux de Cabrefontaine, 1978, 248.)
5. […] le Bar de la Rue, un bouchon typique lyonnais, avec tout un monde d’artisans et de petits commerçants […]. Chacun
allait et venait suivant ses horaires et les impératifs de son travail. Pas de carte,
pas de commande, le patron plaçait devant chacun une portion du plat qu’il avait concocté
ce jour : plat de côtes, lapin à la moutarde, pieds de porc panés, tripes grillées,
du solide. Chacun avait droit à un couvert, un pot* de beaujolais et une grande serviette en coton. (Fr. Joly, L’Homme au mégot, 1990, 39-40.)
6. Aimerait-on autant les bouchons si l’on n’y trouvait les « pots »* (ces bouteilles à gros cul de 46 cl) avec, dans les bonnes maisons, un simple élastique
sur le goulot pour différencier les pots de « côtes » des pots de beaujolais ? (R. Belleret, dans Le Monde, 3 avril 1997, 2.)
V. encore s.v. cani, ex. 5 ; mâchon, ex. 13.
■ remarques. Près d’une vingtaine de restaurants de Lyon et du Rhône portent Bouchon dans leur enseigne (v. Annuaire téléphonique du Rhône. Pages jaunes, 1988, 1422). Ailleurs, on note, par exemple, Le Bouchon (nom d’un restaurant d’Alès, Le Guide rouge 2000, 2000, 96), Au Bouchon Lyonnais (nom d’un restaurant de Blois, Id., 275), Bouchon Lyonnais (nom d’un restaurant de Nancy, Id., 958).
◆◆ commentaire. Par méton. de frm. bouchon "botte de feuillage placée au-dessus de la porte et constituant l’enseigne d’un cabaret" (dep. 1581 « Le bon vin du bouchon se passe » J.-A. de Baïf, Mimes, enseignemens et proverbes, Genève, Droz, 1992, 191, comm. de P. Enckell ; 1584-1598 G. Bouchet, v. TLF), "cabaret" (dep. 1631 « Bacchus […] veut qu’icy de Panthée La mort soit représentée A la gloire du Bouchon,
Et qu’au lieu de cét Athée, L’on demembre ce Couchon » Saint-Amant, « La Crevaille », Œuvres, Paris, Didier, 1967, t. 2, 73, comm. de P. Enckell ; 1701 dans Fur, v. TLF) est aujourd’hui
un archaïsme qui ne s’est conservé dans l’usage courant qu’à Lyon, ce dont ne rendent
compte ni les principaux dictionnaires généraux du français contemporain, qui donnent
le mot sans marque diatopique (sauf Lar 2000 « région. (Lyon) »), ni les glossaires régionaux, qui le passent sous silence, bien que le mot soit
très connu et universellement assigné à Lyon.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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