châtaigne n. f.
1. 〈Loire-Atlantique, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest〉 attraper/prendre une poignée de châtaignes loc. verb., usuel "recevoir une décharge électrique ; ressentir une secousse douloureuse au creux de
la main quand l’objet qu’on y tient reçoit à son autre bout un choc violent ; ressentir
une secousse quand on heurte du coude une surface dure".
1. Il les [vaches] met derrière des fils de fer électriques, ça fait qu’as [= elles]
prennent des pognées de châtaignes dans les fesses sitôt qu’as veulent partir manger plus loin ! (H. Bouyer, L’Éclair, 3 août 1975, dans BrasseurNantes 1993.)
■ remarques. La graphie pognées dans l’ex. 1 indique une prononciation populaire courante [pɔɲe].
2. 〈Alpes-de-Haute-Provence, Var, Bouches-du-Rhône〉 prendre qqn à châtaigne(s) loc. verb. fam. "lutter avec qqn, se battre avec qqn".
2. – Tu vois pas qu’on pourrait le manger, ce marque-mal* ? […]
– Vous voulez le prendre à châtaigne ? C’est ça ?… Hé bé [v. eh bé], allez-y si ça vous amuse. Moi je bouge pas. (J. Rambaud, Adieu la raille, 1964, 12.) — Emploi pron. récipr. Stand. pop. se castagner, se châtaigner.
3. « Et le mobile ?
– Ah ! de première ! Un mobile en or ! Il y a deux semaines, la victime et le suspect se sont “pris à châtaigne” à la sortie du match de foot Digne-Laragne, devant le Tout-Digne sportif. » (P. Magnan, Le Sang des Atrides, 1977, 48.) 4. – […] Nous, on pétait le feu. […] On s’est pris à châtaignes avec les anciens collègues* […]. (R. Merle, Treize reste raide, 1997, 200.)
◆◆ commentaire. 1. Pourtant usuel dans l’Ouest, ce sens métaphorique (motivé sur les piquants de la
bogue de la châtaigne ; cf. chastagne sur les doigts "tape sur le bout des doigts", La sage Folie, Rouen, 1635, v. FEW 2, 464b, castanea) est très mal documenté. Ignoré de la lexicographie générale, la lexie a seulement
été repérée par VerrOnillAnjou 1908 (cf. EsnaultMétaph 1925 et FEW), CormeauMauges
1912 et BrasseurNantes 1993. Mais on notera que châtaigne "décharge électrique" est enregistré dans ColinArgot 1990 (sans exemple et considéré comme un fait « contemporain » ; cf. « l’électricien a pris une grosse châtaigne en trafiquant des fils » J.-P. Dubois, Parfois je ris tout seul, Paris, 1992, 11). FEW 9, 518a, pugnus. 2. est à rapprocher du paradigme fr. pop. où châtaigne signifie "bagarre" dans des loc. verb. comme aller à la châtaigne (Caradec), il y a de la châtaigne (ColinArgot 1990, non dégagé comme tel), mais se prendre à châtaignes est absent de la lexicographie générale et régionale.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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