chaud n. m.
I. bon* chaud.
II. 〈Doubs, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche, Haute-Loire
(Velay), Puy-de-Dôme (Livradois)〉 (tout) mouillé/(toute) mouillée de chaud loc. adj. fam.
1. Surtout en fonction d’attribut "couvert de sueur". Stand. en nage. – Ta petite est toute mouillée de chaud, il faut la changer (MazaMariac 1992). Son cheval avait tant couru qu’il était tout mouillé de chaud (FréchetMartAin 1998).
1. – […] qui c’est qu’a poussé [une bicyclette] tout seul jusqu’aux sablières et puis
qu’était « tout mouillé d’ chaud » [en note : en sueur] ? C’est quand même bien moi, non ? (R. Vuillemin, La Chasse aux doryphores, 1989 [1976], 226.)
2. Et puis il y avait le jardin… un de ces jardins ouvriers […], qui enrichissent et
déshonorent encore l’environnement stéphanois : un petit are… cent mètres carrés,
dont une bonne partie est traditionnellement occupée par la « tonnelle » – une cabane construite de bric et de broc, planches et tôles « récupérées », mais pas de briques – qui abrite les outils, une chaise, une petite table, et où
l’on peut venir se rafraîchir quand, « tout mouillé de chaud » on a sué à la bêche ou au piochon sous le soleil. (M. Bailly, Le Piosou, 1980, 112.)
3. – Surtout n’allez pas boire à tire larigots [sic], vous êtes tout mouillés de chaud. (M.-J. Faure-Bouteille, Le Pépé au grenier, 1985, 74.)
4. […] quand je joue dans l’eau du ruisseau, il y a un homme qui me regarde de derrière
les vernes*. Je cours à en perdre souffle jusqu’à la maison au pied de la colline. Je m’accroche
à elle. Elle dit : « Tu es tout mouillé de chaud. » (Cl. Vincent, Fossoyeurs d’étoiles, 1999, 36.)
— Var. 〈Puy-de-Dôme〉 (tout) mouillé de chaleur loc. adj. "id."
5. Souvent Léonie Brousse, voyant arriver Geneviève, la Marcelle ou la Léontine toutes mouillées de chaleur sous leurs grands chapeaux de paille, leur offrait un verre de sirop de grenadine
dilué avec de l’eau des Gargouillères […]. (Cl. Fourneyron, Les Rêves bleus, 1993, 30.)
— Var. 〈Ain, Rhône (Beaujolais), Loire〉 (tout) trempe* de chaud loc. adj. "id." Il a couru, il est tout trempe de chaud (VurpasMichelBeauj 1992). Je suis tout trempe de chaud (FréchetMartAin 1998).
6. Je suis venu sans courir, et je me suis même un peu rallongé pour rester le mieux
possible à l’ombre. Eh ben ! je suis quand même tout trempe de chaud ! (MeunierForez 1984, 220.)
2. Au fig. [En parlant d’un nombre] "tout au plus, au maximum". Stand. fam. à tout casser. Mais non, c’est pas un trois mille [mètres], l’Obiou [= nom d’un sommet], ça fait deux mille huit tout mouillé de chaud (DucMure 1990). Combien qu’il dit qu’il gagne, dix mille ? Tu parles, six mille tout mouillé [sic] de chaud. (Ibid.).
7. Te souviens-tu du Jules Mafeau qui pesait septante [= soixante-dix] kilos, tout mouillé de chaud ? Il montait 120 kilos sur les escaliers les plus difficiles [lors du battage des
créales]. Un jour ils lui ont mis 100 kilos sur chaque épaule, il a fait 20 mètres
au moins sans trembler. (A. Mante, Le Temps s’élève, 1995, 13-13, trad. du patois.)
— Var. tout trempé de chaud.
8. […] la correspondante anglaise du fils de Léo, elle avait combien, onze ans tout trempés de chaud […]. (J.-N. Blanc, Esperluette et compagnie, 1991, 149.)
■ remarques. Les lexiques régionaux donnent habituellement mouillé ou trempe de chaud en sous-vedette (s.v. chaud, mouillé ou trempe), mais avec un exemple comportant tout.
◆◆ commentaire. II. Attesté dep. 1894 dans le français de Grenoble (Offner), av. 1900 à Lyon (Les Binettes lyonnaises, dans SalmonLyon) et dep. 1903 à Mâcon, ce tour est caractéristique de Lyon et de
sa zone d’influence (chaud n. m. "température élevée (de l’atmosphère)" dep. 1100 Roland, v. TLF, est ici en emploi méton.) ; ailleurs, l’attestation de
MartinLorr 1995 semble isolée. Il n’est pas pris en compte par la lexicographie générale.
◇◇ bibliographie. OffnerGrenoble 1894 mouillé de chaud ; Mâcon 1903-1926 mouillé de chaud ; ParizotJarez [1930-40] mouiller de chaud "transpirer" ; BaronRiveGier 1939, 45 "id." ; BretogneLivradois 1980 mouillé de chaud ; GononPoncins 1984 s.v. bourrée « j’étais tout trempe de chaud » (Ø la loc. s.v. trempe) ; MeunierForez 1984 mouillé de chaud, trempe de chaud ; MartinPilat 1989 tout mouillé de chaud « usuel » ; MaurelFirminy 1989 mouillé de chaud « reconnu par 85 % des élèves » ; DucMure 1990 (tout) mouillé de chaud ; DromardDoubs 1991 et 1997 trempé de chaud ; MazaMariac 1992 (tout) mouillé de chaud « régionalisme inconscient » ; VurpasMichelBeauj 1992 (tout) trempe de chaud « bien connu au-dessus de 20 ans » ; FréchetMartVelay 1993 (tout) mouillé de chaud « usuel à partir de 20 ans » ; FréchetAnnonay 1995 (tout) mouillé de chaud « usuel » ; LaloyIsère 1995 mouillé de chaud ; MartinLorr 1995 tout mouillé de chaud ; SalmonLyon 1995 tout mouillé de chaud ; FréchetDrôme 1997 (tout) mouillé de chaud « usuel » ; FréchetMartAin 1998 (tout) mouillé de chaud « usuel » et (tout) trempe de chaud « globalement connu » ; MichelRoanne 1998 (tout) trempe de chaud « usuel » ; PlaineEpGaga 1998 (tout) mouillé de chaud, trempe de chaud « très fréquent » ; QuesnelPuy 1998 mouillé de chaud ; FEW 6/3, 44b, *molliare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance (II) tout mouillé de chaud : Ardèche, Drôme, Isère, Haute-Loire, Rhône, Savoie, Haute-Savoie, 100 % ; Loire,
75 % ; Ain, 30 %.
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