corgnolon n. m.
〈Jura, Rhône, Loire, Isère (Meyrieu), Drôme, Haute-Loire〉 fam. ou pop.
1. "arrière-gorge et début du pharynx (de l’homme ou de l’animal) ; larynx". Stand. gorge, gosier. Synon. région. corgnole*. – Je sais pas ce que j’ai attrapé au corgnolon, je peux plus parler (MartinPilat 1989).
1. Il ne peut parler que très bas car […] il s’est fait une déchirure du corgnolon. (San-Antonio, Salut, mon pope !, 1985 [1966], 37).
2. La gnole du Raymond […] eh ben ! elle est raide ! La dernière fois qu’il me l’a payée,
elle m’a chopé au corgnolon : […] j’ai ben dû tousser pendant deux à trois minutes (MeunierForez 1984, 69.)
— se rincer le corgnolon loc. verb. "boire (abondamment)". Stand. fam. se rincer le gosier. – Avec ce bon vin, on va se rincer le corgnolon (VurpasLyonnais 1993).
2. Par méton. "partie du corps par laquelle la tête est reliée au tronc". Stand. cou. Synon. région. corgnole*. – Le col de cette chemise me serre le corgnolon (MartinPellMeyrieu 1987). Il a grossi, le col lui serre le corgnolon (FréchetDrôme 1997).
— Par métaph. ou au fig. serrer le corgnolon à (un animé) loc. verb. "tuer". Stand. fam. serrer le cou/le kiki.
3. « – Avec ça, paraît qu’il s’est fait un peu trop serrer le corgnolon le type que tu cherchais l’autre fois ?
– Oui… – Et personne ne se doute de qui qu’a fait le coup ? » (Ch. Exbrayat, Félicité de La Croix-Rousse, 1988 [1968], 53.) ● En emploi impersonnel ça me serre le corgnolon "cela m’inquiète vivement".
4. – Tu vas pas te tourner les sangs comme ça, dit Constance, c’est tout de même pas
la première fois que ton gone* s’en va bringailler !
– Non, fait la Guinguette, mais cette fois, j’ sais pas ce que j’ai. Ça me serre dur le corgnolon. J’ suis pas tranquille. (B. Clavel, La Guinguette, 1998 [1997], 25.) ◆◆ commentaire. Renouvellement expressif de corgnole, plus récent, du même centre mais de moindre extension géographique, corgnolon est attesté dans le français de Lyon dep. 1894 (Puitspelu). Le terme n’est pas consigné
dans la lexicographie générale, mais sa présence dans Villatte 1912 indique une certaine
dérégionalisation en argot, qu’on peut lui reconnaître aussi de nos jours : bien qu’il
soit absent de CaradecArgot 1977-1998 et de CellardRey 1980-1991, et qu’il ne figure
dans ColinArgot 1990 qu’avec deux références à San-Antonio, il a été relevé chez P. Perret
en 1976 (« Aussitôt huit cents témoins m’agrippent le corgnolon », base Marge).
◇◇ bibliographie. GuilleLouhans 1894-1902 corniolon ; VachetLyon 1907 ; Mâcon 1926 corniolon ; MiègeLyon 1937 « familier » ; BaronRiveGier 1939 corniolon ; JamotChaponost 1975, 62 ; ArmanetVienne 1984 ; GononPoncins 1984 corgnôlon ; MeunierForez 1984 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; MartinPilat 1989 « surtout utilisé par les patoisants » ; VurpasMichelBeauj 1992 « connu au-dessus de 60 ans, en déclin rapide au-dessous » ; VurpasLyonnais 1993 « connu » ; LaloyIsère 1995 ; RobezMorez 1995 corniolon « mot de Morez, Trélarce » ; SalmonLyon 1995 ; FréchetDrôme 1997 « usuel à Anneyron, globalement connu ailleurs » ; PlaineEpGaga 1998 « argot » ; FEW 2, 1189b, corneolus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
|