débaucher v.
1. 〈Haute Bretagne, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Haute-Garonne (Toulouse), Aquitaine〉 Emploi intr. usuel "cesser le travail quotidien (à un moment donné de la journée, variable selon les professions)". Synon. région. quitter*. Anton. région. embaucher*.
1. Quand on débauchait, on passait dans les vestiaires pour s’attifer un peu et se laver les mains. (R. Guérin,
La Peau dure, 1992 [1948], 98.)
2. Le cantonnier ne fit qu’un bond vers son vélo et l’enfourcha : « Ah ! Nom de Dieu, maugréa-t-il. Dire qu’il y a mais [= plus] d’une demi-heure que
j’aurais dû débaucher. » (J. Sorillet, Au coin de nos palisses, 1968, 115.)
3. À midi, on débauche pour un plantureux repas. (A. Gaillard, Le Siècle trioulais, 1978, t. 1, 29.)
4. C’est un acharné [de la belote], et il vient souvent, après avoir débauché, jouer comme partenaire de Pierrot. (J. de Bougues-Montès, Chez Auguste. Histoires truculentes et vraies du Bassin d’Arcachon, 1982, 157.)
5. – Quand je vais travailler au marais, j’emporte toujours un litre de rouge dans cette
caisse. En travaillant je le visite de temps en temps. Quand la bouteille est vide,
je sais qu’il est temps de « débaucher ». (A. Martin, Le Marais mouillé d’autrefois, 1983, 90.)
6. À cette époque, et surtout dans une petite commune rurale, nous a confié M. Brunet
[garagiste à Maisonneuve (Vienne), prenant sa retraite], nous ne regardions pas notre
montre pour débaucher. (La Nouvelle République du Centre-Ouest, 17 octobre 1991.)
7. Les ouvriers des caves [de Saumur], qui venaient de débaucher, posaient leurs mobylettes bleues avec précaution sur le talus […]. (A. de Saint-André,
L’Ange et le réservoir de liquide à freins, 1994, 18.)
8. Fidèles à la tradition, patrons et ouvriers fêtent tous les ans la Saint-Joseph, le
19 mars. On débauche un peu plus tôt, ce soir-là. Les ouvriers font un brin de toilette, et à l’heure
dite, viennent chez le Patron avec femme et enfants. (L. Lebourdais, Les Choses qui se donnent…, 1995, 190.)
9. À 17 h, les ouvriers d’ARI [entreprise de Châtellerault] débauchent […]. (La Nouvelle République du Centre-Ouest, 25 juillet 1996, K.)
10. Pour la communion de notre fils, il [le mari] n’a pu débaucher qu’à 18 heures. Autant dire qu’à 18 heures, la communion était finie. (Femme, ca 35 ans, La Roche-Posay, Vienne, 20 juillet 1999.)
2. 〈Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Centre-Ouest〉 Emploi tr. "gâter, détraquer (le temps)".
11. Les orages ont débauché l’ temps. (Actuel, avril 1983 [à Nantes] dans Doillon, décembre 1983, 15.)
— Emploi pron. "se gâter, se détraquer".
12. « V’là le temps qui va se débaucher », dit-on en Anjou quand le ciel se met à la pluie. (R. Fallet, L’Angevine, 1987 [1982], 347.)
◆◆ commentaire. 1. Attesté en Saintonge dep. Jônain 1869, ce sens est également en usage en Acadie (CormierAcad
1999 avec bibliographie ; NaudMadeleine 1999). 2. Attesté dep. le 16e s. dans l’est parisien (Haton dans Gdf). Ces sens s’articulent sur des sens anciens
du mot, ainsi ca 1300 soi desbaucher "partir" ou 1606 debaucher "faire quitter à un ouvrier le service de son maître" (v. TLF) ; le témoignage des glossaires dialectaux pour la Normandie, le Haut Maine
(fin 19e s.) et le Bourbonnais (déb. 20e s.) donne à penser que le sens 2 a couvert une aire plus étendue naguère qu’en cette
seconde moitié du 20e s. (cf. aussi FrancardBastogne 1994 lu tins èst al dusbâtche).
◇◇ bibliographie. FEW 15/1, 37 et 38a, *balko- ; TLF, avec un ex. de J. Peyré (né dans les Pyrénées-Atlantiques) ; ColasBordes 1982 ;
RézeauOuest 1984 ; Rob 1985 ; BoisgontierAquit 1991 ; PénardCharentes 1993 ; MoreuxRToulouse
2000 « régionalisme inconscient ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Charente, Charente-Maritime, Gers, Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Deux-Sèvres,
Vendée, Vienne, 100 % ; Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, 80 % ; Sarthe, 65 % ; Hautes-Pyrénées,
50 % ; Lot-et-Garonne, 40 % ; Ille-et-Vilaine, 25 %.
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