embaucher v. intr.
〈Normandie, Bretagne, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Allier, Puy-de-Dôme (Clermont-Ferrand,
Thiers), Aquitaine〉 usuel "commencer son travail quotidien (à un moment donné de la journée, variable selon les
professions)". Anton. région. débaucher*. – Embaucher à 8 heures.
1. […] le soir, à partir du moment où il embauchait, il était son maître. (R. Guérin, L’Apprenti, 1946, 199.)
2. J’étais libre comme l’air […]. Surtout qu’en embauchant une heure plus tôt, le soir dès cinq heures j’étais mon patron. (Y. Viollier, La Mariennée, 1980, 87.)
3. Il est six heures trente [du matin] quand on pénètre au commissariat.
– Chef de poste, dit Mary, occupez-vous de monsieur Lostelier [un chef d’entreprise] qui est en garde à vue. Le mot garde à vue fait se cabrer Lostelier : – Garde à vue ? […] Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? J’ai du boulot moi, en ce moment, sur mes chantiers, il y a trois cents types qui vont embaucher ! (J. Failler, La Mort au bord de l’étang, 1996 [1993], 200-201.) 4. Les terrassiers [d’une carrière] travaillaient naturellement avec pioches, pelles
et brouettes, sous un soleil de plomb, l’été ; ils devaient embaucher à trois ou quatre heures du matin, étant obligés d’arrêter au moment de la grosse
chaleur et réattaquaient la butte pour finir très tard le soir. (E. Boudot et M. Delpech,
De la Claise à la Creuse en passant par le Brignon… et autres sources et ruisselets…, Office de tourisme du Grand-Pressigny [Indre-et-Loire], 1996, 10.)
5. Il se rasait pas, il s’écorchait vif. […] Et pour l’arrêter le sang : du papier cigarette.
[…] il partait embaucher avec la gueule en bureau de tabac. (J.-Y. Cendrey, Trou-madame, 1997, 177.)
6. Le deuxième jour de stage [de préparation de foie gras de canard, près d’Orthez],
on « embauche » à six heures, la campagne est encore endormie et le café à la ferme est le bienvenu.
(Le Particulier pratique, n° 210, janvier 1997, 56.)
7. Nantes. – Henri, 64 ans, a mis consciencieusement son écharpe. Se protéger contre
le froid, une vieille habitude. Pendant 26 ans il a connu plus d’un matin frisquet
pour embaucher à 5 h 30 à l’abattoir. (Ouest-France, éd. Caen, 23 octobre 1998, 6.)
8. […] en prenant leur Mobylette pour aller embaucher à cinq heures tous les matins. (Roselyne Bachelot, députée du Maine-et-Loire, France Inter, 28 janvier 2000, 19 h 38.)
V. encore s.v. pique, ex. 2.
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1887 en Saintonge (« on dira dans le sens actif : j’ai embauché un vigneron, et dans le sens neutre : j’embauche chez un tel », ÉveilléSaintonge) et MussetAunSaint 1931 "se mettre au travail". L’aire de cet emploi, qui remonte à l’époque où l’embauche (au sens standard) était
journalière, a dû être naguère plus étendue (cf. TLF « région. », avec un ex. de 1915 chez Claudel [né dans l’Aisne]) ; sa présence dans certains
français d’Amérique invite à y voir un archaïsme.
◇◇ bibliographie. FichierTLFQ, données louisianaises, 1936 et 1939 ; ColasBordes 1982 ; RézeauOuest
1984 ; Rob 1985 (« rare ») ; BoisgontierAquit 1991 ; PénardCharentes 1993 ; CormierAcad 1999 (sud-ouest de
la Nouvelle-Écosse) ; J.-P. Chambon, comm. pers. (pour ClermontF et Les Eyzies) ;
MoreuxRToulouse 2000 ; FEW 15/1, 38a, *balko-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente, Charente-Maritime, Dordogne, Gers, Gironde, Landes,
Loire-Atlantique, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques,
Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, 100 % ; Ille-et-Vilaine, 40 %.
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