miget, migeot (et var.) n. m.
rural vieillissant "soupe froide faite de dés de pain trempés dans du vin rouge (souvent allongé d’eau)
sucré, que l’on mange l’été au goûter ou au repas du soir". Synon. région. rôtie*.
1. 〈Vendée (sud), Deux-Sèvres, Vienne, Indre-et-Loire, Indre (sud)〉 miget, mijet. Le mijet des étés villageois (M. Gurgand, Les Demoiselles de Beaumoreau, 1981, 196).
1. La canicule de l’été a permis à l’occasion de fêtes, dans plusieurs localités [de
la Vienne], de remettre à l’honneur le miget de nos grands-pères. (G. Habrioux, « Le miget », Aguiaine 6, 1972, 364.)
2. À l’heure du goûter, vers cinq heures, nous étions tous rassemblés autour de la table
où nous attendait […] un grand saladier de mijet. Il s’agissait d’une soupe froide, faite avec du pain de ménage émietté, arrosé de
vin rouge étendu d’eau, suffisamment sucré et surtout frais. (M. Mathé, Les Sentiers d’eau, 1978, 150.)
3. Il décida donc de préparer un « mijé » réconfortant […]. Il jeta dans une soupière une grande poignée de sucre, un peu d’eau,
une miche coupée en morceaux, puis il descendit à la cave […]. Lorsqu’il l’eut [un
bordeaux] versé dans la soupière, il brassa le tout longuement comme une salade. Exalté
par le pain et le sucre, l’arôme du vin se répandit dans toute la cuisine. (Cl. Sainte-Soline,
Journée, 1979, 156.)
4. Le soir venu, on faisait un bon miget avec du vin, de l’eau et du sucre, ou du miel. Moi je préférais le miel. (A. Geaudrolet,
Amours paysannes, 1980, 31.)
5. La soirée [du 14 juillet à Adriers, Vienne] s’est poursuivie par un mijet, avant le bal populaire. (La Nouvelle République du Centre-Ouest, 18 juillet 1986.)
6. […] boire un coup de Haut-Poitou, déguster le miget […]. (Fête des moissons à Amberre, Vienne, dans La Nouvelle République du Centre-Ouest, 18 août 1986.)
■ remarques. Parfois cette préparation a pu être à base de lait. « Dans certaines fermes [de la Vienne], on faisait aussi assez fréquemment le miget avec du lait frais sucré, mais alors seulement au repas du soir » (G. Habrioux, « Le miget », Aguiaine 6, 1972, 366) ; « L’été, on servait fréquemment du “miget”. C’était simplement du pain émietté dans du lait frais sucré, qui rafraîchissait
agréablement et remplaçait la soupe » (C. Porchet, Le Marais poitevin et Coulon, 1973, 79).
■ graphie. On relève encore les formes migé (« Vers 16 heures, c’est le “migé”, la pause et les paysans mangent du “migé” […] » M. Smith, Vendée, Poitou, Charentes, 1979, 54) ou mijé (v. ci-dessus, ex. 3), qui témoignent de l’absence d’une tradition lexicographique.
2. 〈Vienne, Charente-Maritime, Charente, Indre (sud-ouest), Allier (ouest)〉 migeot, mijot.
7. Etant jeune, j’ai souvent élevé de ces oiseaux [pies] pour les apprivoiser[,] ce qui
est facile. Ils mangent de tout : des viandes cuites ou crues […] (y compris le « gratton »*), tous les fruits d’époque et surtout les cerises, le pain même sous forme de « migheot », tous les fromages et de préférence le fromage blanc […]. (P. Yvon-le-Beurchu [Meursac,
Charente-Maritime], « Les nids de nos oiseaux », dans Aguiaine 6, 1972, 99-100.)
8. La collation*, sur les quatre heures, était plus légère : mijot, pâté, fromage. (R. Saizeau, La Mère à la piarde, 1985, 125.)
9. Concours du plus rapide mangeur de mijot / […] le Comité des Mâts organise le 15e festival du mijot. […] dégustation de mijot, merguez, méchoui […]. (La Nouvelle République du Centre-Ouest, 14-15 août 1986.)
10. Dimanche 16 août [à Plaisance, Vienne] finale du concours cantonal de labour. […]
Buffet, buvette, jeux. Migeot, méchoui. (La Nouvelle République du Centre-Ouest, 7 août 1987.)
V. encore s.v. assemblée, ex. 20.
■ graphie. Les formes migheot (v. ici ex. 7) et mijhot (D. et Ph. Jacquin, Récits et Contes populaires d’Aunis et de Saintonge, Paris, Gallimard, 1979, 181) indiquent une prononciation [miɦo ou miɦɔt], caractéristique de la Saintonge rurale.
◆◆ commentaire. Type lexical du Centre et du Centre-Ouest, emprunté aux dialectes, attesté dep. 1864
sous les formes mijé et mijot (Jaubert). Le terme est bien implanté dans le français de ces régions, avec deux
variantes suffixales (finales ‑et et ‑ot), sous diverses graphies témoignant de l’instabilité d’un terme non pris en compte
par les dictionnaires généraux du françaisa.
a Cette absence explique, sans la justifier, la méprise de tel savant éditeur : « Il y a [dans une auberge espagnole] du vin excellent, épais comme du miel ; nous faisons
un mijo bien sucré que j’avale d’un grand cœur » A. Boyer [d’origine périgourdine], « Le Tour de France », 1901, dans Le Voyage en France, Paris, 1997, t. 2, 826 ; mijo est ainsi glosé par l’éditeur : « Mot espagnol désignant le sorgho » [sic !].
◇◇ bibliographie. JaubertCentre 1864 ; MussetAunSaint 1932 migeot, migî, mijot ; RLiR 42 (1978), 188 mijot (Allier) ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; DubuissBonBerryB 1993 migé, mijot ; PénardCharentes 1993 mijot ; SimonSimTour 1995 migé ; FEW 6/2, 70b, mica.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (migé) Indre-et-Loire, 80 %.
|