pati1 [ˈpati] n. m.
1. 〈Hautes-Alpes, Provence〉 très fam. "lieux d’aisance". Stand. fam. cabinet(s). Synon. région. cagadou*.
1. – […] Toi et Nono, on vous a attendus toute la nuit ! […]
– Bientôt vous aurez besoin de nous pour aller au pàti ! (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 157.) □ Avec un commentaire métalinguistique incident.
2. La Bellonnette, minuscule mas loué jadis par sa famille [de Marcel Pagnol] – et dont une partie appartient toujours à ses héritiers –, est aujourd’hui écrasée par un énorme réservoir d’eau en métal, jouxtée par des
villas néo-provençales aux volets parme et flanquée d’une buvette qui expose la lunette
en bois d’un ancien pati (vocable local désignant les toilettes rustiques que l’on construisait naguère à
l’écart des maisons) sur laquelle on a punaisé un papier certifiant : « Véritable double WC de Marcel Pagnol ». Pour aller contempler cette merveille, une seule minuscule route où deux voitures
ne peuvent se croiser… (Le Monde, 24 février 1995, 24.)
— Au fig. "désordre bruyant". Stand. pop. merdier. – Deux minutes d’absence, et c’est le pati dans la cuisine (Oral, dans ArmKasMars 1998).
● 〈Aussi Provence, Gard, Hérault〉 mettre / (fam.) foutre le pati loc. verb. "mettre le désordre". Stand. pop. foutre le bordel, pop. semer la merde.
2. 〈Gard, Hérault, Aude〉 fam. "décharge où l’on met les ordures, les déblais". Synon. région. bourrier*.
— Au fig. "endroit sale, en désordre". Stand. pop. bordel. – C’est le pati, cette pièce, comment ils font pour y vivre ? (MazodierAlès 1996).
◆◆ commentaire. Aocc. pati m. "pâturage communal" (dep. le 12e s. en Provence et Languedoc, v. FEW) s’est chargé de sens particuliers, notamment
"lieu où l’on jette ce dont on veut se débarrasser, décharge" (à Marseille, v. FEW) et, de là, "lieux d’aisance" (AchardMars 1785). En ce dernier sens, le mot a été emprunté, sans adaptation accentuelle,
par le français de Provence, attesté dep. 1931 (Brun).
◇◇ bibliographie. BrunMars 1931 ; RLiR 42 (1978), 179 ; BouvierMars 1986 pàti ; BlanchetProv 1991 ; ArmKasMars 1998 ; RoubaudMars 1998, 49 et 74 ; FEW 8, 28b, *patt-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bouches-du-Rhône, Var, 80 % ; Hautes-Alpes, 75 % ; Alpes-Maritimes,
65 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, 50 %.
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