patouille n. f.
I. 〈Indre-et-Loire, Allier, Haute-Vienne〉 fam. "flaque d’eau boueuse ; boue des chemins". Stand. bourbier. Synon. gabouille*, gouillat*.
1. Gérard, suivant la haie, était parvenu au coin de la prairie. Il y avait là un faible
espace qui demeurait constament [sic] humide. Même lors des plus terribles sécheresses, un petit rond de « patouille » subsistait éternellement près de la barrière. (D. Bayon, Le Miroir aux alouettes, 1984, 18.)
2. La cour, avec l’autorisation du propriétaire, fut empierrée. Une carrière voisine
fournit une pierre rosée du plus bel effet. Désormais les gens de Jappe-Loup purent
circuler sans craindre la patouille ! (S. Lavisse, Un siècle de vie à l’ombre de Tronçais, 1995, 122.)
— Emploi non-comptable. Synon. gadoue. – Traîner dans la patouille (S. Lavisse-Serre, Les Locatiers de Beauvoir, 1998, 70).
II. 〈Gard, Comtat-Venaissin, Lozère, Ardèche〉 fam. "pièce attenante à la cuisine, dans l’habitat traditionnel, où l’on fait la vaisselle
et divers travaux salissants". Synon. région. bassie*, évier*, souillarde*. – La cuisine, avec sa « patouille » pour la vaisselle (L. Chaleil, La Mémoire du village, 1989 [1977], 82).
3. […] les deux femmes qui emportaient la vaisselle sale vers l’évier, dans la « patouille ». (J.-P. Chabrol, La Gueuse, 1966, 97.)
4. La maison, le jardin, tout semblait déserté. Ils devaient se terrer dans les caves,
les greniers, les cagibis, les resserres, les souillardes*, les patouilles pour ne pas risquer de se trouver sur notre chemin. (Fr. Hébrard, Un mari c’est un mari, 1986 [1976], 57.)
5. Ma mère ne s’en tint pas moins devant ses fourneaux, dans la patouille. (R. Chabaud, Un si petit village, 1991, 278.)
— En concurrence avec souillarde. La patouille ou souillarde* (Ch. Forot, M. Carlat, Le Feu sous la cendre, t. 2, 1979, 547).
6. Le degré zéro du confort, c’est l’eau courante. Elle s’accompagne de l’installation
de l’évier qui parfois fait désinvestir la souillarde* (ou patouille) attenant à la cuisine […]. (Ph. Bonnin et al., « Habiter et se déplacer en Margeride », Ethnologie française 11, 1981, 11.)
◆◆ commentaire. Déverbal d’afr. et fr. patouiller "patauger", ce type lexical, attesté sous la forme masculine depuis le mfr. au m. (1469 à Loudun,
en Poitou « en soy allant, tunba en ung grant patoil et s’en releva tout soillé » AHP 38 (1909), 149 ; 1473 patoueil m. "flaque d’eau boueuse, bourbier" DuCange, non localisé, v. TLF), particulièrement usité dans la partie septentrionale
de la France et notamment sous la forme patouille f. "eau boueuse" dans le Maine, la basse et moyenne vallée de la Loire, le Centre, la Nièvre (FEW 8, 37a, patt-), est entré dans les dictionnaires du français avec Cotgr 1611 (sous la forme masculine)
au sens de "action de piétiner dans la boue". Les dictionnaires généraux contemporains sont plus ou moins sensibles à cet aspect
diatopique : « fam. ou dialect. » (GLLF, avec cit. de J. Renard) ; « région. » (Rob 1985) ; « fam. » (TLF, mais avec exemple de J. Renard). Le sens II s’est développé dans le français
de quelques aires de Provence et du Languedoc oriental. Il est attesté la même année
(1884) dans le français de l’Ardèche (« le petit espace réservé pour la patouille ou souillarde » A. Mazon, Voyage dans le Midi de l’Ardèche, 224) et dans le patois d’Alès (patouïo, FEW 8, 37a, patt-).
◇◇ bibliographie. (I) JaubertCentre 1864 ; VerrOnillAnjou 1908 ;BrunetFranchesse 1937 "boue" ; BrunetFrBourbonn 1964 "boue" ;BonnaudAuv 1976 ; BridotSioule 1977 "boue presque liquide" ; SimonSimTour 1995 ; ValMontceau 1997. – (II) RLiR 42 (1978), 179 ; BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; FaraçaVans 1992,
36 (dans la métalangue, pour gloser occ. patolha ou solharda) ; PolverelLozère 1994 ; MazodierAlès 1996 ; aj. à FEW, loc. cit.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (I) Indre-et-Loire, 100 %. (II) Ø.
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