bassie n. f.
vieillissant
1. 〈Loir-et-Cher, Indre, Cher, Allier, Nièvre, Saône-et-Loire, Creuse, Corrèze, Haute-Vienne,
Dordogne〉 "évier en pierre de l’habitat rural traditionnel". Stand. pierre à évier/d’évier. Synon. région. dalle*, pierre* à eau/d’eau, pile*. – La bassie avec sa pierre d’évier (A. Aucouturier, Le Dénicheur d’enfance, 1996, 52).
1. Eh bien, un quart d’heure après, il avait tout avalé, sans même s’asseoir : debout
à côté de la bassie [en note : évier rustique]. (J.-L. Boncœur, Le Village aux sortilèges, 1980, 275.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
2. Dans une niche se trouve la bassie, un évier dont les eaux usées s’écoulent directement à l’extérieur. (Pays et gens de France, n° 102, le Cher, novembre 1983.)
2. 〈Indre, Cher, Allier, Nièvre, Saône-et-Loire〉 "pièce attenante à la cuisine, où l’on fait la vaisselle et divers travaux salissants,
et servant parfois de laiterie, dans l’habitat rural traditionnel". Synon. région. évier*, patouille*, souillarde*.
3. Il se rendit dans la bassi [sic], en revint avec un litre et deux verres. (R. Fallet, La Soupe aux choux, 1980, 74.)
4. D’un autre côté faut voir aussi les avantages [d’un déménagement], comme par exemple
l’eau courante installée directement dans la bassie, ce qui vous évite d’aller la tirer au puits. (M. Mazoyer, Les Aventures du Toine Goubard, 1982, 16.)
5. Au fond de la cuisine, la bassie aux murs chaulés et garnis d’étagères […]. / L’hiver, cette pièce est vraiment « une chambre froide ». (S. Lavisse-Serre, Les Locatiers de Beauvoir, 1998, 40-41.)
6. On lui a bien proposé […] la maison de retraite d’Évaux-les-Bains [Creuse] dont tout
le monde dit qu’elle est agréable. Mais elle n’en veut pas de leurs résidences, la
vieille creusoise [sic, sans majuscule]. C’est dans sa maison qu’elle veut mourir […]. Elle les connaît une
à une, les pierres de son pignon, celle du seuil usée par les clous des sabots de
dans le temps, celle du chambranle de la porte […] ; et la pierre d’évier dans le
coin de la bassie de sa grande pièce à vivre. C’est pas à son âge qu’elle va se mettre à aimer le béton.
(A. Aucouturier, L’Arthritique de la raison dure, 1999, 39-40.)
V. encore s.v. chetit, ex. 9 ; grillon, ex. 18.
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
7. La maison est simple, écuries, étables et hangar s’additionnent autour. Une petite
pièce sombre et fraîche, la « bassie », sert de laiterie. (Pays et gens de France, n° 9, la Saône-et-Loire, 9 novembre 1981, 6.)
8. De la grande pièce, on accédait à un local accolé en appentis au pignon nord du bâtiment.
C’était la bassie, petite pièce de rangement toujours fraîche où la Nette lavait la vaisselle et qui
était utilisée comme laiterie. (R. Langlois, Les Raisins de la passion, 1996, 18.)
V. encore s.v. souillarde, ex. 28.
■ variantes. 〈Creuse (Guéret)〉 bassée n. f., aux sens 1 et 2 (JouhandeauGuéret 1955, 178).
◆◆ commentaire. Caractéristique d’une aire compacte du centre de la France, ce terme est attesté en
français dep. 1478 dans une lettre de rémission non localisée (en un sens toutefois
difficile à préciser, sans doute "latrines" : « Le suppliant et Jehan Blanchard chercherent icelle femme par la maison et la trouverent
cachee aupres de la bassye », dans Du Cange) ; en 1624 dans le Berry (« Les esgouts apportent aussi beaucoup d’incommodité, soit de bassie par l’immondice
soit d’eschinaud, ou de couuerture » J. Mauduit, Nouveau Commentaire sur la Covstume […] de Berry, Paris, 443). Le même terme a été relevé dans les parlers berrichons (ALCe 642 et
au pt 12 [Ménétréol-sur-Sauldre, Cher] pour le sens 2) et bourguignons (la carte 1430
de l’ALB est d’ailleurs intitulée « La “bassie” ») ; il s’est aussi diffusé dans quelques patois au sud de cette zone (Tarn, Aveyron,
Corrèze, Dordogne). Pris en compte par les glossaires de la fin du 19e s. (notamment JaubertCentre 1864 [au sens 1] et ChambureMorvan 1878 [au sens 2]),
observable dans le français de la Nièvre sous la plume de J. Renard (Journal, 1905, Frantext ; Les Cloportes, 1919, dans NardinRenard), bassie est absent des dictionnaires généraux contemporains.
◇◇ bibliographie. EudelBlois 1905 "évier" ; LarocheMontceau 1924 ; MarMontceau ca 1950 ; BoninSurvivances 1981, 11 ; SabourinAubusson 1983 et 1998 (sens 1) ; LagardeCérilly
1984 (sens 1) ; TavBourg 1991 ; DubuissBonBerryB 1993 ; ValMontceau 1997 ; FEW 1, 199a, *baccia.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Nièvre, Saône-et-Loire, 75 % ; Creuse, Dordogne, 25 % ;
Haute-Vienne, 15 % ; Corrèze, 10 %.
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