les citations
pruneau n. m.
Franche-Comté usuel
1. "grosse prune oblongue, à chair ferme, de couleur violet foncé à maturité". Stand. quetsche. – Compote, confiture, marmelade de pruneaux ; cueillir, dénoyauter des pruneaux ; pruneaux secs/séchés. Une tarte aux pruneaux toute couverte de goumeau* sucré (R. Furriel, Ceux de la Louvière, 1989, 20.)
1. Beaucoup de familles disposaient encore d’un four dans lequel on cuisait de savoureuses brioches au beurre et d’énormes tartes de fruits de saison, de pruneaux et de mirabelles, qui accompagnaient l’inévitable crème fouettée, régal des enfants […]. (R. Bichet, Un village comtois au début du siècle, 1979, 68.)
2. Le pain une fois cuit, Marthe profitera encore de la chaleur du four pour […] sécher des quartiers de pommes et de poires que la famille consommera pendant l’hiver. Une façon de conserver les fruits du verger. En été, elle fait de même avec les prunes et les pruneaux. (M.-Cl. Munka, La Cuisine comtoise des 4 saisons, 1984, 15.)
3. […] ma mère, elle séchait beaucoup de pruneaux, de pommes. On nous donnait une poignée de ça puis c’était notre dessert. (Témoignage recueilli dans J. Garneret, Le Présent d’un village, 1985, 178.)
4. La plus grande tarte aux pruneaux du monde [titre] / […] Les pruneaux, ils s’étaient mis à plus d’une dizaine pour les dénoyauter. Et à l’aube, les jeunes mitrons ont étalé la pâte, mis les pruneaux en place, enfourné. (L’Est républicain, éd. Doubs-Haut Doubs, 23 septembre 1997, 113.)
5. – On va chercher nos fruits à Soing [Haute-Saône] chez un agriculteur. Il y a des pommes, des pruneaux, des mirabelles […]. (Bisontine, env. 35 ans, Vesoul, 26 septembre 1999.)
6. – Elle est bonne [une tarte aux quetsches].
– Ce sont des pruneaux de Marnay [Haute-Saône] ! (Retraité de la fonction publique, 89 ans, Marnay, août 1999.)
2. Par méton. "eau-de-vie obtenue par distillation de ce fruit ; verre de cette eau-de-vie". Boire, proposer, servir un pruneau.
7. Le Gugu : Elle est bonne, mais elle est forte, c’est au moins du 60° ? […] C’est du pruneau ? (P. Jeune, « La Félicie cause au Milo », Barbizier. Bulletin de liaison de folklore comtois, n.s., n° 19, octobre 1992, 309.)

remarques.
1. Territoire-de-Belfort (sud) prune n. f. "id.". « Mais la fête de Lebetain sans tartes aux prunes ce n’est pas imaginable […] » (Le Pays, 17 septembre 1999, 25) ; « […] la fête villageoise [de Lebetain], c’est avant tout la mise en valeur des célèbres tartes aux prunes. […] Avec ou sans crème, pâte brisée ou levée, mais toujours avec les prunes des vergers de la région qui cette année n’en manquait pas, elles n’ont laissé personnes [sic] insensibles [sic] à leur inimitable goût parfumé » (Le Pays, 20 septembre 1999, 11). □ En emploi métalinguistique. « Les quetches [sic] d’Alsace, que l’on appelle ici prunes, sont en production moyenne à Trévenans et l’on en fait des tartes à nulles autres pareilles » (L. Renoux, Un village alsacien-comtois aux années vingt, 1984, 45).
2. Haute-Garonne (Toulouse) prune sèche loc. nom. f. "prune qu’on a fait sécher pour la conserver". Stand. pruneau. □ En emploi métalinguistique « Le pruneau du fr. normal est ici une prune sèche » (SéguyToulouse 1950).
3. Franche-Comté pruneautier n. m. "arbre fruitier qui porte les pruneaux". Stand. quetschier. « Là où les quetsches s’appellent pruneaux, l’arbre qui les porte est un prunotier [sic] en français régional » (ALFC t. 2, lxxvii). – Dér. sur fr. région. pruneau*, attesté dep. 1830 dans le français de Suisse romande (Pierreh) ; FEW 9, 494a, prunum.
△△ EnqDRF 1994-96 : Ø.
◆◆ commentaire. 1. C’est seulement à date récente que la lexicographie générale du français relève ce sens de pruneau et le marque diatopiquement (Lar 1979 « En Suisse… » ; Rob 1985 « régional (Doubs, Savoie [sic], Suisse) »a ; TLF « région. (Suisse romande, Franche-Comté) » ; NPR 1993-2000 « région. (Jura, Suisse) » ; Lar 2000 « Suisse ») ; mais il est déjà présent dans la métalangue de Lar 1873 s.v. pruneau : « Les environs de Metz et de Nancy produisent le gros pruneau appelé quetsch, fruit dont la qualité ne répond pas à la beauté : il vient rarement à Paris et y est peu estimé ; il se consomme en Lorraine ». Enregistré de façon sporadique dans les relevés de régionalismes comtois dep. 1929, le mot se lit cependant chez les auteurs régionaux contemporains et offre une vitalité parfois inattendue à l’oral (l’équivalent quetsche pouvant n’être pas compris). On l’expliquera, à l’instar de DSR 1997, comme une métonymie de fr. pruneau "prune séchée" (la quetsche se prêtant bien à la dessication). En dehors de la Franche-Comté, ce sens est très vivant en Suisse romande (DSR 1997, avec bibliographie ; LengertAmiel) et il a été aussi relevé en Belgique (Hanse 1983 et 1994 ; MassionBelg 1987) ainsi qu’au Québec (DQA 1992). Le sens 2, par métonymie, est absent de la lexicographie générale et des relevés régionaux (sauf DSR).
a À l’article pruneau, Rob 1985, après une définition de l’emploi standard, donne un exemple de Pergaud, dans lequel le mot offre cependant très clairement le sens régional.
◇◇ bibliographie. PerronBroyePesmes 1888 (dans la métalangue définitionnelle) ; BoillotGrCombe 1929 ; BarreyBreuchin 1978 (dans la métalangue définitionnelle s.v. kouètch) ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; FEW 9, 494, prunum.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.