barricot n. m.
〈Seine-Maritime, Eure (sud), Calvados (nord-ouest), Manche (nord), Ille-et-Vilaine,
Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Eure-et-Loir, Loiret, Allier, Rhône,
Loire, Isère, Aude (ouest), Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot, Aveyron,
Ardèche, Limousin, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques,
Landes, Gironde〉 rural "fût (de capacité variable selon les régions) ; tonnelet (synon. région. bousset*)". – Barricot d’eau-de-vie ; barricot de blanc / de rouge ; barricot de cidre (M. Chaulanges, Le Roussel, 1972, 39) ; barricot de vinaigre ; petit barricot ; barricaut de quatre litres (J. Yole, Le Capitaine de paroisse, 1950, 64) ; barricaut de cinquante litres (A. Gaillard, Le Siècle trioulais, 1979, t. 2, 436) ; barricot de cent litres (G. Laporte-Castède, Pain de seigle et vin de grives, 1989, 45). On ne se sert plus des baricots que pour y mettre des lorelles [= lauriers-roses] (GononPoncins 1984).
1. Tarcot est chargé de veiller aux barricots emplis d’un mélange de cidre montagnard de l’avant-dernière année et de grains d’avoine
macérés six mois dans un bain de vin […]. (R. Pilhes, La Rhubarbe, 1965, 165.)
2. À sa droite trônait un immense jambon du cru, et, à sa gauche, comme il sied, sur
un petit tréteau, un barriquot de vin ; il était là, coupant à droite, puisant à gauche, sans se lever – là est
la souveraineté. (J. Delteil, La Deltheillerie, 1968, 17.)
3. De crainte de manquer de ravitaillement et par mesure d’économie – on devait casser
la croûte au milieu des rochers, sur la grande côte, ou dans les pins avoisinant la
mer – on avait emporté un baril de cidre. Celui-ci leur avait donné bien du souci.
À chaque arrêt du train, quelqu’un de la bande descendait voir si le barricot était toujours là. Et quand, à l’arrivée, empêtrés dans leurs paniers, ils avaient
pris livraison du baril… celui-ci était vide. (Bl.-M. Depincé, Au Carillon de l’Ouest, 1975, 245-246.)
4. Si le Bombé toussait, le Glaude s’alarmait :
– Ho ! le père ! Ça sonne pareil que dans un barriquaut vide ! Faudrait voir à voir à y* surveiller. Faut pas jouer avec la santé ! (R. Fallet, La Soupe aux choux, 1980, 23.) 5. Offrir du vin était devenu un geste que l’on appréciait à sa juste valeur. Aussi,
lorsque les habitants du Petit-Romilly [Côte-d’Or] apprirent que leur curé allait
bientôt les quitter pour une paroisse plus importante, ils pensèrent qu’il n’était
pas de cadeau plus digne de leur reconnaissance que de lui faire présent d’un barriquaut de leur meilleure année. (P. Bonte, Histoires de mon village, 1985, [1982], 79.)
6. […] un barricot si petit qu’on eût dit un tonnelet de poupée. Il ne tenait pas plus de deux litres.
C’était un barricot de moissonneur que le Pierrat avait acquis à la Montagne, pour mettre son vin de
la journée. (R. Béteille, Souvenirs d’un enfant du Rouergue, 1984, 120.)
7. C’était d’abord la fête de la futaille. Baquets, barriques et barricots sortaient des caves et pendant une semaine on les mettait en état de servir. Avant
toute chose, il fallait donner à boire à ce bois desséché pendant tout l’été. La douelle
se gorgeait doucement d’eau, on resserrait le cerclage. (R. Béteille, Souvenirs d’un enfant du Rouergue, 1984, 148.)
8. – […] pouvez-vous servir le vin ?
Planou l’apporta lui-même, celui d’un barricot vieux de trois ans. (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 289.) 9. J’étais allé jeter un œil dans la cave avant que les gars n’arrivent ; le barricot entamé était à peine consommable : deux jours de plus et il tournait […]. (J. Syreigeol,
Miracle en Vendée, 1991, 91.)
10. Louis Gaudret, dit Pied de Vigne, tira à un barriquaut d’une quinzaine de litres un pichet de vin blanc et, allant d’un homme à l’autre,
remplit les verres qu’on lui tendait. (R. Langlois, Les Raisins de la passion, 1996, 29.)
11. On faisait des sorties vers le Mont-Saint-Michel. On riait avec le petit barricot dans le fond du car. J’ai vu des pêcheurs emmener le barricot de cinq litres dans le bateau et le soir, quand ils arrivaient à terre, il fallait
qu’il soit vide. Le vin pesait cinq-six degrés. (Homme né en 1928, dans J. André et al., À Grand-Lieu, un village de pêcheurs, 2000, 114.)
V. encore s.v. tant, ex. 5.
— Dans une comparaison, pop. plein comme un barricot loc. adj. "ivre". Stand. pop. saoul comme une barrique.
12. – Sortez tous les deux, cria ma mère. Vous êtes pleins comme des baricauts. Allez un peu prendre l’air. (M. Jeury, Le Vrai Goût de la vie, 1968, 16.)
■ graphie. Parmi de nombreuses graphies (y compris dans les dictionnaires généraux), on a privilégié
en vedette la forme la plus usuelle.
■ variantes. 〈Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot, Aveyron, Creuse, Dordogne〉 barricou n. m. "id." (Transfert, non adapté, de l’occitan.) « […] six barricous, trois petits tonneaux de vingt ou trente litres, trois autres de cinquante litres
[…]. Dans les trois barricous, il y a de la prune […], de l’abricot et de la cerise » (F. Dupuy, L’Albine, 1978, 26-27) ; « […] un vieux barricou réformé […] » (G. Thévenot, Une vie de Creusois, 1996 [1981], 80). – Comme terme d’adresse. « En troisième, nous eûmes pour professeur de français un petit homme ventru, court
sur pattes, à la tête cubique et au corps tout rond, qu’on surnommait naturellement
Barricou, petite barrique […] » (R. Abellio, Ma dernière mémoire. I. Un faubourg de Toulouse, 1907-1927, 1971, 180). – BoisgontierAquit 1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; ChaumardMontcaret
1992 ; MoreuxRToulouse 2000 « informateurs âgés » ; aj. à FEW 22/2, 115b ‘baril’.
■ encyclopédie. La capacité du barricot, quand il s’agit d’un fût, est très variable : « entre 25 et 50 litres » à Toulouse d’après les informateurs de MoreuxRToulouse 2000 et l’ALG 482 (cf. ALLOc
756), « 50 litres environ » (ALN 294*), équivalant au quart d’une barrique en Vendée (soit environ 55 litres),
elle ne dépasse pas 100 litres dans le Centre-Ouest, mais peut atteindre « de 200 à 300 litres » à l’est du département de la Charente (ALO, cartes 212* et 213*). S’agissant d’un
tonnelet, la capacité est le plus souvent de quelques litres.
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. 1514-1515 à Bordeaux (« barricots de eau de vie », v. RézeauOuest 1990, 158) ; dep. 1562 à Poitiers (« Ung barricot verjuz, Ung barricot vinaigre […], Ung barricot d’huile » Mémoires de la Soc. des Antiquaires de l’Ouest, 2e s., 14 (1891), 174) ; v. GdfC pour d’autres attestations du 16e siècle dans le Sud-Ouest : 1531 barriquot, 1533 barricot, 1572 id., 1575 barriquot. Probablement emprunté à agasc. barriquot (attesté seulement dep. 1519, FEW ; cf. barricot LvP), le terme est entré dans les dictionnaires dep. Cotgr 1611 (barriqueau), mais sa prise en compte dans les dictionnaires généraux contemporains est notoirement
insuffisante et méconnaît totalement le paramètre diatopique : TLF baricaut, barriquaut « comm. et techn., rare », avec exemple de T’Serstevens 1936 ; Rob 1985 baricaut « techn. », avec le même exemple. Dans une aire très vaste (à l’ouest d’une ligne allant de
Rouen à Lyon et Montpellier, mais qui semble exclure l’Auvergne), le terme n’est ni
rare ni technique, mais appartient au vocabulaire usuel, surtout en milieu rural,
des régions viticoles et cidricoles qui ont été le vecteur de sa diffusion.
◇◇ bibliographie. MolardLyon1803 « Les Marchands disent barriquant [sic] ; et ce mot est français » ; PuitspeluLyon 1894 barriquot ; VerrOnillAnjou 1908 ; MussetAunSaint 1929 ; ParizotJarez [1930-40] barriquot ; MiègeLyon 1937 « barriquot s’entend, mais semble avoir tendance à se réfugier à la campagne chez les “producteurs” » ; DornaLyotGaga 1953 barricot ; ALG 482 « “barricot” est très usuel en français régional » ; PierdonPérigord 1971 barricot ; ALIFO 224 (attestations sporadiques au sud de Paris) : Yvelines sud pt 14, Essonne
sud pt 27, Eure-et-Loir pts 9, 15, 24, 31, 39, Loiret pt 52) ; JamotChaponost 1975,
52 et 59 bar(r)iquot ; ColloqueDijon 1976, 145 « le bàrikò, de 50 litres environ » en Forez, 158 « le tonneau de 50 litres, le bariquot » à Roisey (Loire) et 177, barriquot « moins de 100 litres (souvent de 40 à 50 litres) » au sud-ouest de Lyon ; TuaillonVourey 1983 baricot "gourde en forme de tonnelet" ; GononPoncins 1984 baricot « moins de 50 l » ; RézeauOuest 1984 et 1990 barricot, baricaut ; MartinPellMeyrieu 1987 barricot "petit tonneau" ; MartinPilat 1989 baricaut « 50 litres environ. […] ce mot […] n’est probablement plus régional » ; BrasseurNorm 1990 barriquot « une cinquantaine de litres » ; BoisgontierAquit 1991 barricot ; BoisgontierMidiPyr 1992 barricot ; BlancVilleneuveM 1993 barricot « 50 litres » ; BrasseurNantes 1993 barricot ; PénardCharentes 1993 barricot, barricou ; FréchetAnnonay 1995 baricaut « environ 50 l » ; LaloyIsère 1995 "tonnelet" ; SalmonLyon 1995 barriquot « de 40 à 50 l, parfois moins » ; PlaineEpGaga 1998 « presque disparu » ; BlanWalHBret 1999 « peu fréquent » ; MoreuxRToulouse 2000 ; FEW 22/2, 115b ‘baril’.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ariège, Aveyron, Centre-Ouest, Dordogne (nord), Haute-Garonne,
Gers, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne, Haute-Vienne,
100 % ; Corrèze, Creuse, 90 % ; Gironde, 70 % ; Maine-et-Loire, 50 % ; Loire-Atlantique,
40 % ; Ille-et-Vilaine, 10 % ; Lot, Sarthe, 0 %. (barricou) Ariège, Aveyron, Lot, Tarn-et-Garonne, 100 % ; Tarn, 90 % ; Haute-Garonne, 50 %.
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