bouvine n. f.
〈Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault〉 "milieu de l’élevage des taureaux de Camargue ; par méton. jeux et fêtes auxquels ces animaux participent".
1. Les razeteurs [hommes chargés d’enlever sa cocarde au taureau dans l’arène] venaient
de Nîmes, d’Arles, de Beaucaire, de tous les pays où la « bouvine » est reine. (L. Chaleil, La Mémoire du village, 1989 [1977], 287.)
2. Ce village de la Vistrenque est un lieu saint de la « bouvine ». Sa capitale estivale. (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 34.)
3. Un dernier bal après trois jours de bouvine fiévreuse, un bouquet final de feu d’artifice, des amours villageoises scellées pour
toute une vie et les flonflons de la fête* votive se taisaient soudain. (G. Ginoux, Gens de la campagne au Mas des Pialons, 1997, 238.)
4. À propos de messe[,] c’est celle de la bouvine qui sera célébrée dimanche dans la petite cité gardoise [Saint-Laurent-d’Aigouze]
où l’on sait, peut-être mieux qu’ailleurs, décliner [sic] les festivités tauromachiques. (Midi libre, éd. Montpellier, 6 mars 1998, 17.)
V. encore s.v. cagade, ex. 2.
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
5. La « bouvine », le monde des taureaux, ça fait rêver parce que c’est un beau métier. (L. Merlo,
J.-N. Pelen, Jours de Provence, 1995, 104.)
— Dans le syntagme pays de bouvine.
6. Mais tout le monde n’a pas la chance d’être né dans un pays de bouvine […]. (Y. Audouard, Le Dernier des Camarguais, 1971, 44.)
7. Dans ces pays de « bouvine », un village sans club taurin, est un ersatz de village. (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 97.)
◆◆ commentaire. Le terme bouvine est attesté en français de Lyon dep. ca 1750 en un sens plus large (« Une bovine ou bouvine, mot générique pour bœufs et vaches » Du Pineau), équivalant à pr. bouvino "l’espèce bovine" (Mistral). Par restriction de sens, bouvine est ici caractéristique des milieux taurins de la Camargue, et cet emploi a gagné
une partie du Languedoc oriental ; attesté dep. 1926 en référence à l’Espagne (« De nouveaux cavaliers […] galopaient vers la bouvine » Montherlant, Les Bestiaires, 407, Frantext ; dans l’édition de la Pléiade, 1959, l’éditeur a glosé en note : « Mot provençal désignant un troupeau de taureaux de combat »), il est absent des dictionnaires généraux contemporains.
◇◇ bibliographie. DuPineauV ca 1750 ; MartelProv 1988 ; MartelPelBouvine 1990 ; BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr
1991 ; PovArmCamarg 1994 ; aj. à FEW 1, 476b, bovinus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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