coufle adj.
1. 〈Rhône (Lyon), Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Gard, Hérault, Aude, Haute-Garonne,
Aveyron, Lozère, Ardèche, Haute-Loire, Puy-de-Dôme〉 fam. ou pop.
1.1. [En parlant d’une personne ; souvent en fonction d’attribut] "qui ressent une impression désagréable de ballonnement due à l’excès de nourriture". Synon. région. enfle*, gonfle*, sadoul*. – Je n’aurais pas dû reprendre du ragoût, je me sens toute coufle (MédélicePrivas 1981). P’tain, j’ai bien mangé, je suis coufle (QuesnelPuy 1993).
1. […] elle m’a tellement fait manger que j’y pardonne, que même maintenant, j’en suis
encore tout coufle. (Ch. Exbrayat, Félicité de La Croix-Rousse, 1988 [1968], 97.)
2. Raoul traduisit le sentiment général en tâtant son ventre ballonné au-dessus de la
ceinture défaite en avouant : « Je suis coufle ! » (R. Sabatier, Les Noisettes sauvages, 1983 [1974], 301-302.)
3. Ils quittèrent le restaurant coufles et jugèrent nécessaire une promenade au bord de la Loire pour activer une digestion
menaçant d’être assez pénible. (Ch. Exbrayat, Le Chemin perdu, 1982, 245.)
4. Cependant, par un phénomène bien connu des cuisiniers, nous étions vite couffles, rassasiés par l’odeur. Aussi, après une demi-douzaine de crêpes, poussées par de
grands verres d’eau, nous déclarions forfait. (M.-P. Grégoire, « Crèpes de la Chandeleur et Gateau des Rois » [sic accents], Revue du Rouergue 37, 1983, 60.)
5. – … Avant même l’arrivée du premier plat de résistance, le petit Effel n’en pouvait
déjà plus, il était « couffle ». (J.-P. Chabrol, Le Bonheur du manchot, 1995 [1993], 236.)
6. – Vous avez assez mangé ? […]
– Tu veux rire ! dit Albert. On est coufles. Il montre sa ceinture défaite, ses pantalons déboutonnés. Il se tape sur l’estomac. (Y. Rouquette, La Mallette, 1994, 77-78.) □ En emploi métalinguistique.
7. Lorsqu’on a trop mangé et que l’impression ressentie n’est plus celle d’une plénitude
saine […], mais celle d’une gêne, on dit en français local : « je suis gonfle* », « je suis coufle ». (ALLy, 1952, t. 2, 614*.)
8. Ne pas confondre gonfle* et coufle. On était gonfle d’émotion, on reste coufle quand on a trop mangé. (Y. Rouquette, « Histoires de parler », dans Toulouse, 1991, 142.)
1.2. "qui est pris de boisson". Stand. ivre, fam. saoul, pop. bourré. Synon. région. gonfle*. – Il est coufle tous les soirs. Il faut le voir le matin si tu veux parler avec lui
sérieusement (MazaMariac 1992).
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
9. Un soir de janvier, qu’il était bien « coufle », fin saoul quoi, il s’était endormi dans les îles Fereys, au bord des lônes [= bras
morts d’un cours d’eau]. (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 204.)
2. 〈Isère (Meyrieu-les-Étangs)〉 [En parlant d’un animal, en part. d’une vache] "qui souffre de météorisation, dont l’abdomen est gonflé par accumulation de gaz". Stand. météorisé. Synon. région. enfle*, gonfle*. – En mangeant du trèfle nouveau les vaches peuvent devenir coufles (MartinPellMeyrieu 1987).
■ graphie. La forme couffle (v. ici ex. 4 et 5) est moins usuelle.
◆◆ commentaire. La distribution actuelle de coufle (mot qui relève du même type que gonfle*) juxtapose deux aires : l’une, caractéristique de la sphère d’influence de Lyon,
où le mot est attesté dep. la fin du 15e ou le début du 16e siècle dans un texte français localisable en Dauphiné (Chambon MélVarFr III, 25-26) ;
l’autre, languedocienne (cf. Sauvages 1756), non documentée en français à date ancienne.
Le mot n’est pas pris en compte par la lexicographie générale.
◇◇ bibliographie. PuitspeluLyon 1894 (sens 1.1) ; VachetLyon 1907 couffle (sens 1.1 et 2) ; JoblotNîmes 1924 ; MiègeLyon 1937 (sens 1.1) « vulgairement » et sens 2 « vit-il à Lyon ? C’est beaucoup moins sûr » ; BaronRiveGier 1939 cofle ; ParizotJarez [1930-40] (sens 1.1) ; BigayThiers 1941 ; DornatLyotGaga 1953 (sens 1.1)
« tonalité très vulgaire et péjorative » ; JamotChaponost 1975, 62 (d’une vache) ; EscoffStéph 1976 ; Camps ColloqueLoches
1978 (sens 1.1) ; NouvelAveyr 1978 ; RLiR 42 (1978), 166 ; RobinTournon 1979 (sens 1.1) ;
ManteIseron 1980 (sens 1.2) ; MédélicePrivas 1981 ; ArmanetVienne 1984 ; ArnouxUpie
1984, 26 ; GononPoncins 1984 « nuance burlesque » ; MeunierForez 1984 ; GermiLucciGap 1985 « d’usage courant » ; MartinPilat 1989 « usuel à partir de 20 ans » ; DucMure 1990 ; CampsLanguedOr 1991 ; LangloisSète 1991 ; CouCévennes 1992 ; MazaMariac
1992 ; FréchetMartVelay 1993 « usuel à partir de 20 ans » ; PotteAuvThiers 1993 (sens 1.1) ; PruilhèreAuv 1993 s.v. être coufle (sens 1.2) ; QuesnelPuy 1993 couffle ; FréchetAnnonay 1995 « globalement connu » ; SalmonLyon 1995 ; FréchetDrôme 1997 « globalement connu » ; PlaineEpGaga 1998 « très fréquent » ; FEW 2, 1041a, conflare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1.1.) Ardèche, Gard, Haute-Loire, Lozère, 100 % ; Aude, 85 % ; Hérault, 80 % ; Drôme,
65 % ; Loire, 60 % ; Isère, 20 % ; Ain, Rhône, 0 %.
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