gonfle adj. épicène et n. f.
I. Adj. (fréquemment dans tout gonfle, pour exprimer le degré supérieur d’intensité de l’adjectif). fam. ou pop.
1. 〈Allier, Nièvre, Saône-et-Loire, Meuse, Franche-Comté, Haute-Savoie, Savoie, Loire,
Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Aveyron, Auvergne〉 [En parlant d’un inanimé concret] "qui a acquis un volume anormal". Stand. gonflé. Synon. région. enfle*.
1. – […] une cave, vous ne le savez sans doute pas, mais c’est humide… et si je n’étais
pas descendu, eh bien, dans trois jours, les conserves elles étaient toutes « gonfles » et un beau jour, elles auraient éclaté. (P. Brun, Raimu mon père, 1980, 60.)
— gonfle de + subst. "gorgé de, imbibé de". La terre est gonfle d’eau (NouvelAveyr 1978).
— En part. [En parlant d’une partie du corps] "qui a acquis un volume anormal, qui est atteint d’enflure". Stand. enflé, gonflé, boursouflé, bouffi. Synon. région. enfle*. – Il a les yeux tout gonfles (GuichSavoy 1986).
2. – Il faut la surveiller, celle-ci [une truie grosse]. Il ne faut pas perdre notre
première portée de petits cochons. Quand vous verrez ses tétines devenir gonfles et son fondement tourner au rouge c’est qu’elle sera prête à cochonner. (M.-Th. Boiteux,
Les Renards cuisent au four, 1990, 58.)
3. – […] Il s’est piqué le doigt avec une épine noire, son bras est devenu tout gonfle et il est mort. (M.-Th. Boiteux, Les Renards cuisent au four, 1990, 84.)
— Par métaph.
4. Nous étions économes […]. On ne prenait pas le train, on n’allait pas au chef-lieu
pour un oui ou pour un non […]. Par bonheur existait « le commissionnaire » […]. Accompagné de sa femme, il allait une ou deux fois par semaine à la capitale
départementale [Bar-le-Duc]. […] La veille, chacun apportait à ces précieux messagers
une liste explicative, détaillée, de ce qu’ils devaient acheter et rapporter. C’étaient
des recommandations à n’en plus finir […]. Parfois, la messagère soupirait : « Pas si vite ! Pas si vite ! J’ai la tête toute gonfle… ». (P. Gaxotte, Mon Village et moi, 1968, 244.)
— [Par méton. du subst.] "qui est atteint d’enflure".[Lapins que la myxomatose a] rendus tout gonfles (M. Mazoyer, Les Aventures du Toine Goubard, 1982, 81).
2. [En parlant d’une personne] 〈Bourgogne, Haute-Marne (est), Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Provence,
Hérault, Ardèche, Haute-Loire (Velay), Puy-de-Dôme, Creuse, Corrèze〉 "qui ressent une impression désagréable de ballonnement due à l’excès de nourriture". Synon. région. coufle*, enfle*, sadoul*. – J’ai trop mangé, je me sens tout gonfle (TuaillonVourey 1983).
5. Après la soupe aux petites pâtes, servie bouillante comme il est de règle, les hommes
s’autorisèrent de l’exemple d’Armand pour […] se mettre en bras de chemise. Contenues
par la décence, les femmes restaient prisonnières du haut col, et des manches longues
de leurs corsages […].
– J’ suis comme toute gonfle, soupira la cousine de Pouilly. – Décroche un peu ton corset ! conseilla son homme. (R. Collin, Les Bassignots, 1969, 192.) 6. – Je ne sais pas ce que j’ai aujourd’hui, je suis flapie.
– Je sais bien ce que c’est, moi, dis-je sottement : c’est la farce dure [v. farcidure] de la Maïté et le vin de Pierre. Moi aussi, je me sens gonfle. (M. Peyramaure, L’Orange de Noël, 1996 [1982], 217.) 7. C’était l’occasion [l’offre de beignets aux voisins, aux proches] d’une causette…
et d’un petit coup de blanc pour les grands ; pour les petits, quelquefois, un peu
d’eau de coing, pour faire passer tout cela, sans être trop « gonfle ». (P. Soisson, Les Souvenances d’un vieux tortin, 1987, 71.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
8. Gilbert avait trop mangé. Il se sentait lourd, ballonné, « gonfle » comme on dit entre Saône et Rhône. (P. Salva, Le Diable dans la sacristie, 1982 [1975], 128.)
9. Je n’avais pas faim. J’avais une indigestion de nouveauté qui me coupait l’appétit
[…]. J’étais gonfle comme on dit chez nous […]. (P. Magnan, Un grison d’Arcadie, 1999, 117.)
□ En emploi métalinguistique. Voir s.v. coufle, ex. 7.
— En part. 〈Allier (Jaligny, Saint-Léon), Ain〉 "qui est pris de boisson". Stand. ivre, fam. saoul. Synon. région. coufle* (au sens 1.2.). – À moitié gonfles (D. Bayon, Jeunesse et destin, 1986, 18).
10. – Oh ! poursuivit la bistrote, c’est un bon gars, quand il est pas gonfle. […] Il est placé dans un domaine* à Chavroches. (R. Fallet, Le Braconnier de Dieu, 1982 [1973], 72.)
● Emploi subst. f. 〈Ain〉 "ivresse".
— Par métaph. Il est gonfle de prétention (BlanchetProv 1991).
3. Au fig. 〈Haute-Savoie, Savoie, Loire, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Aude, Puy-de-Dôme〉 "qui a du mal à contenir son émotion, ses larmes". Stand. ému, oppressé.
11. Guillaume [sous le coup de l’émotion] se sentit soudain tout « gonfle » et ses larmes se mirent à couler. (Y. Audouard, Ma Provence à moi, 1968, 103.)
12. Le cœur de Céline est tout gonfle devant une pareille scène. (P. Roux, Contes pour un caganis, 1983 [1978], 27.)
13. Vint le repas du soir. […] Roger ne dit rien, ruminant et baissant la tête comme un
chien battu. Son repas englouti sans appétit, il alla se coucher. Epuisé, il vit divers
tableaux. Il ne voulut pas pleurer, mais il fut tellement triste et « gonfle » [en note : chagriné] que les larmes inondèrent bientôt son oreiller. (Cl. Fourneyron, Le Champi du Val d’Abondance, 1990, 139.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
14. Cette histoire tant patinée par le temps que, désormais, son horreur même en paraissait
charmante, les dames du Nord se la contaient au plus juste et avec des détails infinis
peut-être trois fois l’an et chaque fois, selon le mot d’ici, elles parvenaient à
se rendre gonfles, c’est-à-dire qu’elles réprimaient une forte envie de pleurer. (P. Magnan, La Naine, 1987, 32.)
V. encore s.v. coufle, ex. 8.
— Par métaph. le temps est gonfle loc. phrast. "il va pleuvoir" (CampsLanguedOr 1991).
4. 〈Allier (nord), Bourgogne, Ain, Rhône, Loire, Isère, Aveyron, Creuse〉 [En parlant d’un animal d’élevage] rural "qui souffre de météorisation, dont l’abdomen est gonflé par accumulation de gaz". Stand. météorisé. Synon. région. coufle*, enfle*. – Quand une brebis est gonfle, on tape fort sur les mamelles pour la dégonfler (NouvelAveyr 1978).
15. Le vieux s’avance, tâte la corne, effleure le mufle, palpe le ventre, s’attarde sur
le flanc, tapote…
– Elle est un peu gonfle, remarque-t-il. Pas bien, mais un peu, oui… […] – C’est un chaud et froid, dit-il enfin, un mauvais chaud et froid… (Cl. Joly, Bonnes Gens, 1976, 85.) 16. Il enfle à vue d’œil […]. Il se météorise comme une vache gonfle qui est sortie dans le trèfle incarnat humide. (A. Aucouturier, La Tourte aux bleuets, 1997, 83-84.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
17. Quand j’étais petit, le grand-père m’a appris à surveiller les chèvres, des bêtes
folles avec la tête pleine de courants d’air, et la vache qui avait l’air tranquille
à son affaire et, dès que vous tourniez le dos, elle trouvait un champ de luzerne
et s’en revenait gonfle [en note : enflée]. (Cl. Vincent, Fossoyeurs d’étoiles, 1999, 56-57.)
■ syntaxe. L’adj. gonfle paraît se spécialiser typiquement dans des constructions prédicatives où il est attribut
du sujet ; cf. dans ce sens la remarque de PuitspeluLyon 1894 s.v. arrête.
II. N. f. fam. ou pop.
1. 〈Doubs〉 "amas de neige formé par le vent soufflant en tempête". Stand. congère. Synon. région. menée*. – Menée ou gonfle (DromardDoubs 1997).
— Var. 〈Haute-Savoie, Savoie〉 confle (BessatGerMtBl 1991).
2. 〈Jura, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Ardèche, Haute-Loire
(Velay)〉 fam. "enflure localisée de la peau, souvent caractérisée par une accumulation de sérosité". Stand. ampoule, cloque. Synon. région. poulette*. – Une gonfle au talon (GononPoncins 1984). Je sais pas ce qui m’a piqué, mais j’ai une gonfle au bras, et ça veut* pas désenfler (DucMure 1990). Quand on s’est brûlé, il vaut mieux percer les gonfles, ça guérit plus vite (MazaMariac 1992). Une gonfle à la cheville (BlancVilleneuveM 1993).
— [Enveloppe formant un sac]
● 〈Loire (Poncins)〉 "vessie natatoire des poissons".
● 〈Saône-et-Loire (Bresse), Ain, Loire, Isère〉 vieillissant "vessie du porc". Les autrefois [v. fois], on gardait la gonfle pour en faire une blague à tabac (GononPoncins 1984).
● 〈Bourgogne, Isère (La Mure, Izeron), Hautes-Alpes, Bordeaux〉 "ballon (de football, de basket ou de rugby)". Il aime mieux taper dans une gonfle que de faire ses devoirs (DucMure 1990).
● Au fig. 〈Haute-Savoie, Savoie, Loire (Saint-Étienne)〉 "personne vantarde". Stand. baudruche.
18. […] il fait un peu figure de demi-solde en rupture de ban, qui n’a pas fait le quart
de ce qu’il raconte, mais qui n’est pas seulement une gonfle ; des citations et une brochette de décorations en témoignent. (J. Rosset, Les Porteurs de terre, 1990, 48.)
3. [Correspond à I.3.] Au pl. 〈Ardèche〉 "gros soupirs, sanglots étouffés". Il a beaucoup pleuré, après il ne lui restait que des gonfles, enfin il s’est endormi (MazaMariac 1992).
— 〈Bouches-du-Rhône, Haute-Loire (Velay)〉 avoir la gonfle, 〈Rhône, Loire, Drôme, Ardèche〉 avoir les gonfles loc. verb. "avoir envie de pleurer". On sent qu’elle a les gonfles, mais elle se retient de pleurer (MazaMariac 1992).
□ En emploi métalinguistique.
19. Ça veut bien dire ce que ça signifie, ces mots. Avoir les gonfles avant de se mettre à pleurer, bartaveler* […], rencontrer un marquemal* […]. (J.-N. Blanc, Esperluette et compagnie, 1991, 127-128.)
4. [Correspond à I.4.] 〈Ardèche, Puy-de-Dôme, Gers, Dordogne, Gironde, Landes〉 rural la gonfle "gonflement de l’abdomen d’un animal par accumulation de gaz à l’intérieur". Stand. météorisation, fam. le gros ventre (en parlant des lapins). – Ne donne pas d’herbe mouillée aux lapins, ils vont attraper la gonfle (MédélicePrivas 1981).
20. Il fallait veiller à ce que les brebis n’aillent pas se goinfrer de luzerne et de
trèfle frais, qui leur donnaient la gonfle. (R. Boussinot, Vie et mort de Jean Chalosse, moutonnier des Landes, 1976, 50.)
21. L’appétit d’une chèvre est fantastique […]. Elle raffole de la luzerne qui enrichit
son lait. Mais il faut que toutes les herbes aient été essuyées par le soleil, autrement
la chèvre risque la « gonfle » […]. (J. Taillemagre, Pleine terre, 1978, 15-16.)
22. – De quoi est-elle morte au juste, cette bête ? […]
– J’ croirais qu’ c’est d’ la gonfle. – La fermière intervenait : – Tu déparles*, Gustave ! De la gonfle au mois de décembre ! Nos vaches mangent que du sec ! (J. Anglade, Les Permissions de mai, 1992 [1981], 988.) 23. Il ne fallait pas les [les vaches] quitter de l’œil. Un instant d’inattention, et
elles trottaient comme une seule aux « dommages » [= dégâts dans les cultures voisines], attraper la gonfle dans les trèfles ou saccager le jeune maïs. (H. Noullet, La Destalounade, 1998, 117.)
◆◆ commentaire.
I. Adj. verbal de fr. gonfler (pour ce type d’adj., v. ici le commentaire s.v. enfle), gonfle est bien établi en français dans de larges aires (notamment de la Saintonge à la
Suisse romande) et il a été d’une plus large extension encore dans les dialectes (FEW
et Atlas). Il a aussi été relevé en fr. pop. parisien (BauchePop 1920), dans les français
d’Amérique, au Québec (Dunn 1880 ; GPFC 1930 ; « aujourd’hui désuet » selon A. Thibault, DSR), en Acadie (PoirierAcadG ; NaudMadeleine 1999) et en Louisiane
(DitchyLouisiane 1932 ; GrioletLouisiane 1986), ainsi qu’en Algérie (DuclosAlgérie
1992 "enflé, gonflé"). Dénoncé par les puristes, de BrunFrComté 1753 à Landais 1851, gonfle n’est admis que depuis peu dans les dictionnaires du français général ; il n’est
mentionné qu’indirectement par Littré qui, s.v. gonfle n. f. "cavité dans le fil de métal que l’on tire à la filière", ajoute « Dans plusieurs provinces, gonfle est employé adjectivement pour signifier gonflé : il a les mains gonfles. C’est un
provincialisme à éviter ». La prise en compte du mot dans la lexicographie générale contemporaine reste approximative :
GLLF Ø ; Rob 1985 "gonflé" « régional » ex. Il a les mains toutes gonfles ; TLF « région. (notamment du Sud de la Lorraine aux Alpes du Nord) », avec l’exemple… tiré de Littré, Il a les mains gonfles ; Ø NPR 1993-2000 et Lar 2000. 1. Attesté dep. le 16e siècle (1576 « Ou faut percer la pierre […] et te la pendre au col, Nourrice, et tu verras ton tétin
flacque et mol Soudain gonfle de laict, et sentiras estendre La peau qui fletrissoit
et commençoit à pendre » R. Belleau, Huguet) ; ALCe 1252. 2. Attesté dep. le 16e siècle dans le français de Suisse romande (1568 « On leur balla [à des femmes] à manger des poix, qui les firent incontinent gonffles
et enfles », dans Pierreh) ; 1861 (Mège) ; ALLy 614 ‘je suis gonfle’. 3. Attesté explicitement dep. 1834 (Pomier). 4. Attesté explicitement dep. 1742 en Suisse romande (« la vache qui était gonfle », dans Pierreh), en 1863 dans le Forez (« Cette vache est gonfle » Gras). V. "météorisé" : ALIFO 535 passim ; ALO (rare, surtout Vienne) ; ALB 1074 ; ALCB 935 passim en concurrence notamment avec enfle* ; ALLR 253 (surtout Meuse) ; ALFC 641 ; ALJA 673 ; ALLy 305.
II. est le représentant moderne d’un déverbal du lat. conflare (selon le commentaire du FEW et malgré le double classement de celui-ci : FEW 2, 1040a et 1041b, conflare). Aux sens 2-4 gonfle est un déverbal de fr. gonfler. 1. Attesté explicitement au sens de "congère" dep. 1537 en Suisse romande (« gonfle de nyge »), puis à nouveau en 1864 (DSR). Ce sens figure dans quelques dictionnaires généraux
contemporains : TLF citant Ramuz ; Rob 1985 (même exemple de Ramuz, mention explicite
« régional (Suisse) ») ; Lar 2000 (« Suisse »). 2. "ampoule" 1803-1810 (MolardLyon confle), 1857 (Monnier), Lar 1922 « pop. » ; "vessie de porc" 1563 (Suisse romande, confle, FEW), 1894 (PuitspeluLyon) ; "vessie natatoire des poissons" 1894-1902 (GuilleLouhans) et 1903 (Mâcon) ; "ballon" 1907 (Vachet). Au sens de "ballon de rugby", le mot a pénétré la langue du rugby (« déjà noté en 1971 et sans doute largement antérieur » Doillon février 1976, 2, qui renvoie à L’Équipe du 22 mars 1976) ; BouchardSport 1996. Les dictionnaires généraux contemporains ne
mentionnent que les sens "ampoule, boursouflure, bulle" (TLF, avec la marque « notamment du sud de la Lorraine aux Alpes du Nord » et un ex. de Ramuz), "ampoule, boursouflure" (Rob 1985, avec la marque « Suisse » et le même ex. de Ramuz), 3. Attesté explicitement dep. 1953 (DornaLyotGaga). Absent de la lexicographie générale
du français. 4. Attesté explicitement dep. 1928 (Martin du Gard, Frantext). Ce sens est accueilli dans TLF et Rob 1985 « régional (rural) », qui reprennent le même exemple de Martin du Gard.
◇◇ bibliographie. BrunFrComté 1753 ; SchneiderRézDoubs 1786 ; Féraud 1787 ; RollandGap 1810 ; MulsonLangres
1822 il a tant mangé de marons [sic] qu’il en est gonfle ; SaugerPrLim 1825 s.v. trempe ; ReynierMars 1829-1878 œil gonfle ; PomierHLoire 1834, 221 j’ai le cœur gonfle ; GabrielliProv 1836 « il est gonfle il a le cœur gros, il a envie de pleurer » ; MonnierDoubs 1857 adj. "enflé" et n. f. "ampoule pleine d’eau" ; MègeClermF 1861 "gonflé" j’ai trop mangé de raisins, je suis gonfle ; GrasForez 1863 cette vache est gonfle ; JaubertCentre 1864 "gonflé" ; ContejeanMontbéliard 1876 s.v. gonche ; ChambureMorvan 1878 ; BeauquierDoubs 1881 "gonflé" on est gonfle quand on a le ventre et l’estomac ballonnés ; CunissetDijon 1889 adj. « ne se dit que des choses du corps, soit de l’homme, soit des animaux » ; OffnerGrenoble 1894 n. f. "enflure, renflement" ; PuitspeluLyon 1894 "vessie de porc ; ampoule (aux mains) ; bulle" et "gonflé" ; FertiaultVerdChal 1896 n.f. "bulle (de savon) ; ampoule" et adj. "gonflé" bœuf gonfle ; GuilleLouhans 1894-1902 adj. "gonflé, enflé, bourré" j’ai trop mangé, je suis gonfle et n.f. "vessie natatoire des poissons" ; ConstDésSav 1902 adj. "gonflé" et n. f. "petite ampoule ; bulle de savon" ; Mâcon 1903-1926 adj. "gonflé" je suis tout gonfle, j’ai le cœur gonfle, vache gonfle (ce dernier exemple seulement en 1926) et n. "ampoule, bulle de savon, vessie de poisson, etc." ; VachetLyon 1907 adj. "gonflé" et n. f. "bulle de savon ; ballon" ; VerrOnillAnjou 1908 "ballonné" ; DauzVinz 1915, § 2287 adj. (dans la métalangue, sans marque) ; StMleuxStMalo 1923
"gonflé, enflé" ; BoillotGrCombe 1929 adj. gòfl ; BrunMars 1931 adj. "gonflé" pieds, yeux tout gonfles ; je suis encore toute gonfle "j’ai le cœur gros" n. m. "ampoule, enflure" ; MussetAunSaint 1932 "gonflé, enflé, boursouflé, météorisé" ; DoillonComtois [1926-1936] adj. "se dit surtout d’une vache […] météorisée" ; ParizotJarez [1930-40] adj. "ballonné ; qui a envie de pleurer" ; MiègeLyon 1937 "gonflé" être tout gonfle "en avoir jusque-là" « populaire » ; DuraffVaux 1941 "qui a été gonflé ; qui s’est gonflé (pour avoir trop mangé)" « très usuel » ; BigayThiers 1943 être gonfle "avoir le cœur gros" ; MichelCarcassonne 1949, 17 « dans le Gard » ; DornaLyotGaga 1953 adj. "gonflé" et n. f. "enflure", avoir les gonfles ; JouhandeauGuéret 1955, 166 je suis gonfle "j’ai l’estomac ballonné" ; ManryClermF 1956, 403 ventre gonfle ; MazaleyratMillevaches 1959, 224 n. f. "météorisation" ; FaureYssingelais 1973 s.v. boutïfle "météorisation" ; VincenzCombeL 1974 "repu" ; DuprazSaxel 1975 n. f. (dans la définition de pat. kãfla) ; JamotChaponost 1975, 62 "gonflé" ; BonnaudAuv 1976 "gonflé" ; EscoffStéph 1976 "gonflé" ; DelortStClaude [ca 1977] adj. "gonflé" et n. f. "grosseur, tumeur" ; NouvelAveyr 1978 "gonflé, gorgé de" gonfle d’eau, brebis gonfle ; BichetRougemont 1979 « être gonfle, c’est avoir le ventre ballonné » ; DuclouxBordeaux 1980 n.f. « (météorisation) ; avoir la gonfle "être enceinte" ; ballon de rugby ou football ; personne ennuyeuse ; femme, fille (péj.) » ; ManteIseron 1980 n. f. "vessie de porc desséchée et remplie d’air, ballon" ; MédélicePrivas 1981 adj. je me sens toute gonfle « très courant » et n.f. "météorisation" « rural » ; RouffiangeMagny 1983 "gonflé, ballonné" « se dit des hommes et des vaches » ; TuaillonRézRégion 1983 "gonflé" (Privas) et "météorisation" (Ardèche) ; TuaillonVourey 1983 " gonflé, ballonné" « usuel » et n. f. "placenta du veau ; vessie de cochon" « encore en usage » ; ArnouxUpie 1984, 26 une brebis gonfle ; GononPoncins 1984 adj. "gonflé" le taureau est gonfle « très courant » et n. f. "vessie du cochon ; vessie natatoire des poissons ; ampoule dans la main, au pied" « [ce dernier] commence à être concurrencé par ampoule » ; MartinAoste confle "congère" ; MeunierForez 1984 adj. "gonflé", n. f. "enflure", avoir les gonfles ; GermiLucciGap 1985 " plein [= rassasié] ; enflé ; qui a le cœur gros" ; BouvierMars 1986 "ému ; enflé (d’un membre)" ; GuichSavoy 1986 être gonfle "être gonflé ; au moral : en avoir gros sur le cœur" ; MartinPellMeyrieu 1987 adj. "ballonné" et n. f. "boursouflure" ; MartelProv 1988 "gonflé, enflé ; qui a le cœur gros" ; MartinPilat 1989 adj "ayant trop mangé ; ayant envie de pleurer" « usuel à partir de 60 ans » et n. f. confle, gonfle "vessie (des animaux)" « connu à partir de 40 ans » ; DucMure 1990 adj. "gonflé, enflé" je me sens tout gonfle en sortant de table, la vache est toute gonfle et n. f. "vessie de porc ; enflure, boursouflure ; ballon de football ou de rugby" ; BessatGerMtBl 1991 « [se dit d’un] fromage trop fait » ; BlanchetProv 1991 "gonflé ; triste" ; CampsLanguedOr 1991 (Aude et Hérault) « le temps est gonfle il va pleuvoir ; cet enfant est gonfle il va pleurer » ; DromardDoubs 1991 et 1997 "gonflé" vache gonfle ; LangloisSète 1991 adj. j’ai trop mangé, je suis gonfle et être gonfle "mal contenir son chagrin, sa douleur" ; TavBourg 1991 adj. "gonflé (surtout pour parler de la vache météorisée et des personnes qui ont trop mangé)" « très vivant », var. confle (en Bresse louhannaise) et n. f. "vessie du porc (Bresse seulement) ; bulle d’eau sur le sol par forte pluie (Bresse),
ballon de rugby (parfois)" ; ColinParlComt 1992 adj. "gonflé, enflé" et n. f. "boursouflure, cloque" ; MazaMariac 1992 adj. "ballonné" et n. f. "boursouflure, cloque", pl. "gros soupirs, sanglots étouffés" ; VurpasMichelBeauj 1992 "ballonné, météorisé" « usuel au-dessus de 40 ans, en déclin rapide au-dessous » ; ArmanetBRhône 1993 ; BlancVilleneuveM 1993 adj. "ballonné (d’une personne)" « usuel au-dessus de 50 ans », n. f. "boursouflure, œdème" « usuel au-dessus de 50 ans » et "vessie de porc dont on fait une blague à tabac" (mot-souvenir) ; FréchetMartVelay 1993 adj. "gonflé, ayant trop mangé" « usuel » et n. f. "enflure, cloque" et avoir la gonfle ; GagnySavoie 1993 "ampoule pleine d’eau" ; PotteAuvThiers 1993 "repu, ballonné ; qui a le cœur gros" ; PruilhèreAuv 1993 "gonflé de nourriture ou de liquide" ; VurpasLyonnais 1993 "gonflé, ballonné" j’ai tellement bu que je suis tout gonfle « bien connu » ; CovèsSète 1995 "enflé, gonflé, gorgé de" et être gonfle "en avoir gros sur la patate [sic], avoir la gorge serrée, être au bord des larmes" ; FréchetAnnonay 1995 adj. "gonflé" je suis gonfle, j’ai trop mangé et n. f. "cloque" et avoir les gonfles ; SalmonLyon 1995 ; GermiChampsaur 1996 "ballonné ; qui a le cœur gros" et n. f. "cloque, boursouflure" ; MazodierAlès 1996 "gonflé, gorgé, repu, sur le point de pleurer" ; QuesnelPuy 1996 « adj. utilisé adverbialement » [sic] "rassasié" et n. f. "personnage collant" ; DSR 1997 (avec bibliographie) ; FréchetDrôme 1997 adj. "gonflé" doigts tout gonfles, "fortement ému" « globalement connu » et n. f. "cloque" et avoir les gonfles « globalement attesté » ; ValMontceau 1997 "ballonné" ; ArmKasMars 1998 adj. "enflé" et avoir la gonfle "avoir le cœur gros, l’âme triste" ; FréchetMartAin 1998 adj. "météorisé ; repus [sic] ; ivre" et n. f. "vessie de porc ; ampoule, cloque ; ivresse" « globalement attesté, mais inconnu au-dessous de 20 ans » ; MichelRoanne 1998 adj. confle « attesté », gonfle « bien connu » "gonflé, enflé" vache confle ; PlaineEpGaga 1998 « encore utilisé » adj. "rassasié à saturation", n. (sans indication de genre) "enflure ; individu vaniteux" et avoir les gonfles, être gonfle "être sur le point de pleurer" ; RoubaudMars 1998, 57 adj.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : ("gonflé") Haute-Loire (nord-ouest), 80 % ; Cantal, 75 % ; Puy-de-Dôme, 55 % ; Nièvre, Saône-et-Loire,
50 %. – ("gonflé" et "ému" confondus) Hautes-Alpes, Bouches-du-Rhône, 100 % ; Var, Vaucluse, 65 % ; Alpes-Maritimes,
55 % ; Alpes-de-Haute-Provence, 50 %. – ("cloque") Jura 55 % ; Doubs, Haute-Saône, Territoire-de-Belfort, 0 %. – ("enflure") Ardèche, Drôme, Haute-Loire (Velay), Rhône, 100 % ; Isère, Loire, 80 % ; Ain, 65 %.
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