sadoul, ‑oule adj. et n. m.
〈Gard, Hérault, Aude, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot, Aveyron, Lozère〉 fam.
1. Adj. "qui ressent une impression désagréable de ballonnement due à l'excès de nourriture". Stand. rassasié, repu. Synon. région. coufle*, enfle*, gonfle*. – Pas la peine de lui en donner davantage, il est sadoul (MoreuxRToulouse 2000).
1. Il faut dire que la chèvre, quand elle a assez mangé, quand son ventre est rond, quand
elle est visiblement sadoule, refuse tout de même de rentrer. Il y a dans toute chèvre un goût de l'indépendance,
de la montagne, un côté chèvre de monsieur Seguin. (J.-Cl. Carrière, Le Vin bourru, 2000, 60.)
2. N. m.
— Dans des loc. verb. manger/dormir tout son sadoul "manger/dormir beaucoup, tout son content". Stand. tout son saoûl.
● au fig. (en) avoir un sadoul de qqc. "être exaspéré de, être lassé de". Stand. en avoir assez. – J'en ai un sadoul de toutes tes salades (NouvelAveyr 1978), de ce travail (MoreuxRToulouse 2000).
2. D'instinct, aux premiers jours d'avril, nous guettions : entendre le coucou avant
les autres portait bonheur. Paysans, animaux, prairies, forêts avaient un « sadoul » (un saoul) de l'hiver. (N. Calmels, L'Oustal de mon enfance, 1985, 44.)
— quel sadoul ! loc. phrast. "(pour dire sa fatigue, sa lassitude, son exaspération)". Stand. fam. j'en ai marre (PolverelLozère 1994).
■ morphologie. 〈Aude, Ariège, Haute-Garonne〉 sadouille (forme du féminin, qui présente le phonétisme de l'occitan local) (BoisgontierMidiPyr
1992).
◆◆ commentaire. Ce transfert de l'occ. de même forme et de mêmes sens, au propre et au figuré (FEW),
qui double plus ou moins frm. saoul, occupe une aire compacte du sud de la France. Attesté dep. 1914-1918 dans des lettres
de poilus du Sud-Ouesta, il est absent des dictionnaires généraux du français.
a G. Bacconnier et al., La Plume au fusil. Les poilus du Midi à travers leur correspondance, 1985, 50-51 (malheureusement sans exemple direct) : « un “sadoul”, ou un “saoul” pour une ventrée de fruits mûrs ou pour un “ras-le-bol” moral ».
◇◇ bibliographie. JoblotNîmes 1924 ; SéguyToulouse 1950 « très courant » ; NouvelAveyr 1978 « très courant » ; CampsLanguedOr 1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; PolverelLozère 1994 ; MoreuxRToulouse
2000 ; FEW 11, 248a, satullus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ariège, Aude, Aveyron, Haute-Garonne, Hérault, Lot, Lozère,
Tarn, Tarn-et-Garonne, 100 % ; Gard, 65 %.
|