galandage n. m.
I. 〈Calvados, Orne〉 "mode de charpente en pan de mur, dont les vides sont comblés par une maçonnerie ;
la charpente apparente". Stand. colombage. – Maison à galandages (LepelleyBasseNorm 1989, 75).
II. 〈Allier, Côte-d’Or, Saône-et-Loire (Montceau), Franche-Comté, Ain, Rhône, Loire (Roanne),
Drôme〉 usuel "paroi plus légère que le mur, limitant les pièces d’une maison ou d’un appartement". Stand. cloison. Synon. région. galandure*. – Une pièce coupée en deux par un galandage (San-Antonio, Des gueules d’enterrement, 1956, 84) ; galandage en briques.
1. Je fermais bien ma porte à clé, mais il n’y avait, séparant les chambres, que de légers
galandages et toujours on entendait une grande résonance de toutes sortes de bruits qui me faisaient
peur. (Ph. Valette, Mon Village, 1947, 234.)
2. La pièce était dépourvue de cheminée, mais un trou percé dans le galandage permettait de brancher un tuyau sur celui d’un autre poêle installé dans la mansarde
voisine. Ce n’était pas très orthodoxe, mais néanmoins ça marchait. (R.-H. Chazelle,
« Bannières au vent », dans R. Begeot et al., Contes comtois des rois René, 1978, 213.)
3. […] une brique du galandage manquait. C’était un vieux galandage qui séparait la chambre de la cuisine ; le plâtre se décollait et une brique était
tombée […]. (Cl. et J. Jeury, Le Crêt de Fonbelle, 1981, 197.)
4. […] une voix, venant de l’autre côté du galandage, l’interpella […]. (H. Vincenot, Le Maître des abeilles, 1992 [1987], 19.)
5. […] le galandage qui séparait nos appartements, on aurait franc [= vraiment] dit du papier Job [= marque
de papier à cigarettes], on pouvait pas faire plus mince […]. (A. Burtin et al., Petites histoires en franc-parler. C’est pas Dieu poss !, 1988, 95.)
6. – […] Nous couchions dans une alcôve de la salle adossée à l’étable et les petits
dormaient en haut où leur père avait construit un galandage dans la grange. (M. Exbrayat, Maria de Queyrières, 1990, t. 1, 20.)
7. […] embugner* un galandage séparant la salle des toilettes. (San-Antonio, Les Cochons sont lâchés, 1991, 30.)
8. – On dirait que ça sent le vinaigre.
– Ça vient du labo [de photo], expliqua Geneviève. Il se trouve juste là, derrière ce galandage vitré. J’utilise de l’acide acétique pour le bain d’arrêt. (P. Sogno, Le Serre aux truffes, 1997 [1993], 106-107.) 9. Dans l’attente longue – et souvent déçue – d’une adduction communale apportant l’eau
à tous, même en temps de sécheresse, on dresse [dans le coin de la pierre d’évier]
un galandage, on le prolonge pour protéger l’escalier qui mène aux chambres, on ouvre une porte :
la ménagère y est plus à l’aise. (A. Mante, Le Temps s’élève, 1995, 84.)
V. encore s.v. percerette, ex. 1.
■ variantes. 〈Ain, Puy-de-Dôme (Thiers)〉 garlandage n. m. « J’ai tombé* le vieux garlandage, ça fait une pièce plus grande » (PotteAuvThiers 1993) ; RLiR 42 (1978), 173.
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1706 dans le français de Bourgogne (Jacques Moreau, seigneur de Brasey,
[auj. Brazey, Côte-d’Or], Suite du Virgile travesty, v. TLF) et entré dans les dictionnaires généraux dep. Raymond 1832, galandage y est toujours mentionné sans aucune mention diatopique (Littré ; DG « technol. » ; GLLF ; TLF, mais avec un exemple de P. Bourget, 1926 ; Rob 1985 et NPR 1993-2000
« techn. » ; Lar 2000 « constr. »). Le terme est pourtant nettement circonscrit en France dans une vaste aire transversale
qui va de la Normandie aux Alpes-de-Haute-Provence, au Gard et à la Lozère, et où
il a également pénétré les patoisa ; alors qu’en Normandie, il s’est spécialisé pour désigner la construction à colombages,
ailleurs, il a le sens plus général de "cloison". À l’intérieur de cette aire, d’autres variantes sont attestées dans des zones restreintes,
ainsi galandure* en Franche-Comté ou garlandage (Ain et Puy-de-Dôme ; aussi dans le Val d’Aoste) ; il est remarquable que, dans ces
cas, galandage soit la plupart du temps donné comme équivalent standard par les auteurs de lexiques
régionaux, preuve de sa parfaite légitimité comme terme supra-régionalb… sinon comme terme standard. Dans les patois de la Suisse romande, le type est un
« emprunt [au fr. (région.)] » (GPSR 8, 50, qui utilise garlandage dans sa métalangue). Il représente une innovation régionale, parallèle au plus ancien
galandure (v. ce terme pour l’histoire et le sémantisme de cette formation).
a Il est considéré de façon trop rapide – et dénoncé – comme « une expression méridionale » par Cl. Vincent, Le Péril de la langue française. Dictionnaire raisonné des principales locutions et
prononciations vicieuses et des principaux néologismes, Paris, J. de Gigord, 1910.
b Même situation dans ConstDésSav 1902 qui glose galandajho par "galandage".
◇◇ bibliographie. ( I.) LepelleyBasseNorm 1989 ; BrasseurNorm 1990 ; LepelleyNormandie 1993. – (II.) MolardLyon 1803-1810 ; BreghotLyon 1831, 138 « galandage, s. m. cloison en planches ou en briques. Ce mot en usage à Lyon n’est pas français » ; MègeClermF 1861 garlandage ; JaubertCentre 1864 ; MoisyNormand 1887 ; PuitspeluLyon 1894 ; VachetLyon 1907 ;
BoillotGrCombe 1910 et 1929 ; DauzatVinz 1915, § 1485 dans la métalangue ; Mâcon 1926
dans la définition de galandure ; Pierreh 1926 dans la métalangue ; PrajouxRoanne 1934 « ce mot est d’un usage si fréquent que même des gens instruits sont étonnés quand ils
apprennent qu’il n’est pas français, bien qu’il ait été adopté par Littré » ; BrunetFranchesse 1937 ; ParizotJarez [1930-40] « cloison était inconnu dans le Jarez » ; DuraffVaux 1941 garandage, galandage ; DuprazSaxel 1975, 152 dans la métalangue définitionnelle de pat. parpẽ et encore 175 « un galandage contre le mur » ; BonnaudAuv 1976, dans la définition de garlandage ; GrandMignovillard 1977, dans la définition de galandure ; BonnaudAuv 1979 ; BecquevortArconsat 1981, dans la définition de golandage, gorlandage ; MartinAoste 1984 garlandage ; QuestThiers 1987 garlandage ; dans la métalangue de Jean Chambard, Vie quotidienne en Val de Saône et glossaire du patois de Feillens [Ain], Association « Les Amis du site, culture et loisirs » de Bâgé-le-Châtel, 1989, pour gloser le pat. garlandaje ; DromardDoubs 1991 et 1997, dans la définition de galandure ; PotteAuvThiers 1993 dans la définition de garlandage ; CottetLyon 1996, s.v. cloison « universel » ; Schneider/Rézeau MélVarFr II, 197 s.v. galandure ; SalmonLyon 1995 ; ValMontceau 1997 ; DufaudLLouvesc 1998 galandage dans la nomenclature fr. ; FréchetMartAin 1998, dans la définition de garlandage ; ChambonÉtudes 1999, 224 ; FEW 17, 573a-b, *wiara.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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