embugner v.
1. Emploi tr. (souvent factitif) 〈Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes (centre), Hérault,
Ardèche (nord), Haute-Loire (Velay)〉 fam. "heurter violemment, cabosser, enfoncer". Synon. région. bugner*, beugner*. – J’ai embugné ma voiture, maintenant je roule à vélo (GermiChampsaur 1986 s.v. bugner).
1. Je me trouve devant la porte d’un grenier, il n’y a pas de clé sur la serrure, je
prends un vache d’élan et je l’embugne. La porte gémit et s’ouvre. (San-Antonio, Du plomb dans les tripes, 1970 [1953], 138.)
2. Je freine en catastrophe. Un choc ! Le zozo qui me suit […] vient de m’embugner. Il descend en râlant ! (San-Antonio, Fais pas dans le porno…, 1986, 25.)
3. […] Martin a perdu le contrôle de son bolide, traversé la route et embugné un arbre. (San-Antonio, Les Cochons sont lâchés, 1991, 158.)
V. encore s.v. galandage, ex. 7.
2. Emploi intr. 〈Haute-Loire (Velay)〉 ou pron. 〈Ain, Rhône, Loire (Poncins), Isère (Villeneuve-de-Marc), Drôme, Marseille, Ardèche
(nord), Haute-Loire (Velay)〉 fam. "avoir un accident (de voiture)". Synon. région. bugner*, beugner*.
— [Le sujet désigne une personne] Il embugne toutes les fois qu’il sort la voiture du garage ; l’aile est jolie (informateur de 65 ans, Haute-Loire, 1994).
— [Le sujet désigne un véhicule automobile] Villedieu, c’est un endroit où les voitures s’embugnent, on peut dire ! (GononPoncins 1984). Sa voiture est allé s’embugner sous un camion (BlancVilleneuveM 1993).
● Emploi pron. récipr. "entrer en collision".
4. Elles [les autos] sont là qui se frôlent, s’embugnent, gueulant de tous leurs avertisseurs, de tous leurs conducteurs […]. (San-Antonio,
Des gonzesses comme s’il en pleuvait, 1984, 26.)
◆◆ commentaire. L’extension géographique de embugner est beaucoup plus restreinte que celle de bugne* sur lequel il est dérivé. Il est attesté dep. l’afr. (FEW) au sens de "bossuer, bosseler à force de coups" ainsi qu’à la forme pronominale. L’emploi du mot dans un contexte d’accident de la
circulation est récent et fréquent, mais rien ne permet de dire (malgré DucMure 1990
d’après des notes inédites de Tuaillon) qu’il soit « passé dans l’argot général ».
◇◇ bibliographie. GononPoncins 1984 « très courant, car cette expression de garagiste [sic] semble française [sic] » ; BouvierMars 1986 s.v. bugne ; DucMure 1990 « d’usage quotidien » ; BlancVilleneuveM 1993 ; FréchetMartVelay 1993 ; VurpasLyonnais 1993 ; FauconHérault
1994 ; FréchetAnnonay 1995 ; LaloyIsère 1995 ; QuesnelPuy 1995 ; SalmonLyon 1995 ;
CottetLyon 1996 s.v. heurter ; GermiChampsaur 1996 s.v. bugner ; FréchetDrôme 1997 ; FréchetMartAin 1998 ; PlaineEpGaga 1998 s.v. bugner ; FEW 1, 628b, *bunia.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ardèche, Drôme, Isère, Haute-Loire (Velay), Rhône, Savoie,
Haute-Savoie, 100 % ; Loire, 80 % ; Ain, 65 %.
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