gardian n. m.
〈Surtout Provence, Gard〉 usuel "gardien de troupeau (de chevaux ou de taureaux sauvages) en Camargue". Cabanes de gardians en Camargue, aux toits de roseaux (M. Biehn, Couleurs de Provence, 2000 [1996], 30).
1. Moi, mes parents, ça ne leur plaisait pas que je souhaite faire le gardian. Ils auraient voulu me voir en instituteur. (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 47.)
2. Il prit la grande route de St-Gilles et s’enfonça entre les marais […]. Des images
surprenantes se succèdent […]. Des gardians qui poursuivent une manade [v. manade1] invisible et qui fuit dans une vapeur d’or. (P. Gamarra, Les Lèvres de l’été, 1986, 214-215.)
3. Il y a toujours eu deux sortes de gardians, c’est-à-dire celui qui naissait gardian et qui en faisait son travail, son métier. Bon, maintenant on dit qu’il y a beaucoup
de gardians d’opérette et c’est peut-être vrai, mais de ceux-là, il y en a toujours eu. (Aficionado,
Provence, dans MartelPelBouvine 1990, 52.)
4. Qu’il [le Camarguais] soit manadier*, gardian amateur ou professionnel, il cherche en priorité à être à l’aise sur sa selle. Dès
l’adolescence, il a fait son cheval « à sa main ». L’éclaboussement d’or des galops à fond dans les roubines*, l’exaltation qui accompagne le tri des taureaux sont sa vie quotidienne. Même s’il
monte, traditionnellement, à l’instinct, il s’est cependant façonné, au rythme des
ferrades*, un style particulier. (J.-L. André, dans Le Monde, 8 janvier 1994, 9.)
5. Le manadier*, c’est le propriétaire du troupeau, c’est l’éleveur et le gardian, c’est le cow-boy de la Camargue, c’est lui qui garde les taureaux. (L. Merlo, J.-N. Pelen,
Jours de Provence, 1995, 93.)
6. Ce jeune retraité, installé depuis près de cinq ans dans le village, aide et participe
à toutes les activités des associations : il est aussi gardian amateur à la manade [v. manade1] de la Condamine. (Midi libre, 10 octobre 1998, 15.)
7. Le 8 septembre, comme chaque année, Papé* porte une chemise de gardian, fermée au col par une lavallière en satin noir. C’est, dit-il, pour honorer Frédéric
Mistral qui est né ce jour en 1830. (M. Fillol, Les Cigales chantent encore, 1999, 42.)
V. encore s.v. bader, ex. 16 ; biais, ex. 16 ; caguer, ex. 12 ; ferrade, ex. 1 ; main, ex. 19 ; manade1 , ex. 7 ; manadier, ex. de Y. Audouard.
■ remarques. peu usuel gardian, ‑iane adj. "propre aux gardians". « Je crois d’ailleurs qu’ils perpétuent cette tradition gardiane par atavisme, parce que cela fait cinq générations qu’ils sont dans les taureaux » (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 146-147) ; « La selle gardiane, en équitation, elle serait zéro. Et beaucoup de gens qui ont fait de l’équitation,
quand ils voient une selle gardiane, se disent que c’est un fauteuil […] » (L. Merlo, J.-N. Pelen, Jours de Provence, 1995, 93).
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1616 sous la forme adaptée gardiens pl. (« les gardeurs du gros bétail appelez Gardiens » P. Quiqueran de Beaujeu, La Nouvelle agriculture, trad. par F. de Claret, diacre d’Arles, 169) ; dep. 1872 sous la forme gardian (« le Gardian, sauvage comme ses troupeaux, tenant son trident comme un sceptre » Amouneu, L’Arlésie, v. MartPelBouvine) ; 1906 (« un peuple de pâtres, de gardians, de laboureurs et de magnanarelles » Fr. Mistral, Mémoires et récits, dans Gens de Provence, Paris, 1997, 229). Transfert du pr. gardian, de même sens (dep. 1409, MeyerDoc 379), le mot est pris en compte par les dictionnaires
généraux contemporains qui l’enregistrent comme « région. (Camargue) » (TLF) ou référant à une réalité de la Camargue (GLLF, Rob 1985, NPR 1993-2000 ; Lar 2000).
◇◇ bibliographie. GebhardtOkzLehngut 1974 ; MartelProv 1988 ; MartPelBouvine 1990 ; FEW 17, 522b, *wardôn.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Alpes-Maritimes, Var, 80 % ; Hautes-Alpes, 75 % ; Vaucluse,
65 % ; Bouches-du-Rhône, 60 % ; Alpes-de-Haute-Provence, 50 %.
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