pochon1 n. m.
1. 〈Surtout Val-d’Oise, Essonne, Normandie, Bretagne, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Indre-et-Loire,
Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Indre, Cher (sud), Allier, Côte-d’Or, Saône-et-Loire
(Bresse), Limousin〉 usuel "petit sac d’emballage en papier, tissu ou matière plastique". Stand. sachet. Synon. région. cornet*, poche1*.
1. Elles remplissaient les sacs [de grain] plus vite que l’épicier Daniel Keravec un
pochon de café quand il oublie de souffler dedans […]. (P.-J. Helias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 354.)
2. Elle tendait au marchand de noirs et brillants bâtons de vanille, des bâtons de réglisse,
des écorces de cannelle […] qu’il mettait dans de petits pochons blancs puis, le tout, dans un plus grand. (R. Deforges, Blanche et Lucie, 1986 [1977], 37-38.)
3. Le temps de m’habituer à la semi-obscurité et mon attention est attirée par un amoncellement
de pochons neufs. Je suis perplexe. […] Il en prend un, souffle dedans et le fait péter dans
le creux de sa main. (G. Mercier, Le Pré à Bourdel, 1982, 33.)
4. Arrivé près de l’église, il achète quelques provisions dans une charcuterie et une
boulangerie, fait l’emplette de deux bouteilles de rouge qu’il remise précieusement
dans un pochon de plastique, puis descend la grand-rue, passe devant les Trois-Fontaines, où l’on
retrouve les intellectuels du cru, c’est-à-dire plus précisément les notables. (J. Le
Clerc de La Herverie et B. Aubin, Porkopolis, Polar breton d’humeur, 1984, 135-136.)
5. Le café arrivait en sacs ; c’était au destinataire de le peser et de l’ensacher dans
des pochons imprimés à la marque. (G. Boutet, Les Gagne-misère, 1986, t. 2, 232.)
6. « C’est pas tout ça, dit Victor […], faut aller aux courses. » […] Il n’a pas besoin de beaucoup de matériel, des filets à provisions – les pochons de plastique ne sont pas assez solides […]. (J.-P. Demure, Découpe sombre, 1988, 84.)
7. Le café est bruyant, à cette heure de sortie des classes. Les enfants, visiblement,
se défoulent […]. Certains tirent de pochons en plastique des confiseries caoutchouteuses aux couleurs vives […] qu’ils se calent
dans les joues et mâchent, la bouche ouverte, avec délectation. (G. Dormann, La Petite Main, 1993, 103.)
8. Contrairement à la brioche, il est préférable de ne pas consommer la gâche* trop fraîche. Elle est meilleure le lendemain et se conserve très bien, emballée
en pochon plastique transparent. (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Pays-de-la-Loire, 1993, 82.)
9. La vendeuse un peu gironde à l’accent montluçonnais […] demande […] :
– Y vous faut-i un pochon, m’sieur ? – en lui proposant un sachet publicitaire. (A. Aucouturier, L’Arthritique de la raison dure, 1999, 118.) V. encore ici ex. 17.
□ En emploi autonymique.
10. Dans l’angle, entre cette fenêtre et le mur du fond, il y avait une table, pas très
grande et dessus, une balance Roberval avec ses plateaux de cuivre et ses poids bien
astiqués, des feuilles de journaux soigneusement coupés en quatre et entassées, quelques
sachets en papier marron (qu’en Limousin on appelle des pochons). (J. Louis, Il était sept fois…, 1997, 36.)
— Par méton. "petit sac rempli, contenu de ce petit sac". Un pochon de café (P.-J. Hélias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 354). Un pochon de bonbons (E. Ollivier, L’Orphelin de mer, 1982, 129).
11. « Viens faire quatre-heures, petite. » […] / Elle sortait de son sac noir un pochon de papier brun qu’elle me tendait. J’en retirais deux grandes tartines beurrées,
collées l’une à l’autre pour empêcher le chocolat grossièrement râpé de tomber. J’adorais
ce goûter […]. (R. Deforges, Blanche et Lucie, 1986 [1977], 16-17.)
12. À la vérité, le sacristain avait ouvert les deux battants de la porte depuis un grand
moment quand le poupon, emmailloté comme une momie et enfoui dans un immense châle
de laine, remontait la nef dans les bras de sa marraine, flanquée du parrain et du
père. / Seuls le parrain et le père retenaient notre attention. À la dimension des
pochons [de dragées] qu’ils arboraient, nous jugions de l’âpreté de la bataille qui allait
s’engager. (G. Mercier, Le Pré à Bourdel, 1982, 120.)
13. Dans le Gâtinais d’autrefois, la dot des jeunes filles se constituait d’un pochon de ces précieux oignons [de safran]. (G. Boutet, Les Gagne-Misère, 1985, t. 1, 82.)
14. – […] Prends ton chaudron, ta brosse et tes sinces*, j’apporte les cristaux de soude. / « Monsieur Firmin » posa le pochon de cristaux auprès du chaudron d’eau chaude. (M. Clément-Mainard, La Foire aux mules, 1989 [1986], 146-147.)
15. Selon la coutume, le parrain et la marraine avaient dû se procurer des pièces en bronze
de un sou et de deux sous et, chacun, un pochon de dragées, les moins chères, des dragées sans amandes. (É. Chevance, Bribes de mon enfance, 1991, 119.)
16. Elisabeth sauta […] dans les bras d’Alban, qui la déposa dans les bras de Lucienne
comme si elle n’avait pas été plus lourde qu’un pochon de duvets. (H. Noullet, La Falourde, 1996, 192.)
17. […] légumes du jardin mis dans des « pochons » et congelés […] / […]. Selon les saisons, et selon ce dont chacun dispose, on donne
ou reçoit un « pochon » de noisettes, quelques œufs, un pied de salade, un greffon, un morceau de gâteau,
du boudin, des poissons de rivière, une volaille, des escargots, du buis, des échalotes
[…]. (« Journal d’un paysan de Creuse [A. Michard, Saint-Médard-La-Rochette] », présenté par T. Jolas et S. Pinton, Terrain. Carnets du patrimoine ethnologique 28, 1997, 158 et 161.)
V. encore s.v. tant, ex. 8.
2. 〈Côtes atlantiques〉 ostréiculture "filet en matière plastique ou grillagé, de forme cylindrique, rempli de vieilles coquilles
d’huîtres pour capter les larves" (GrelonSaintonge 1978). La saison des pochons (J. de Bougues-Montès, Chez Auguste. Histoires truculentes et vraies du Bassin d’Arcachon, 1982, 17).
18. Nous étions [dans la tempête] six, secoués, ballottés au milieu des tourbillons de
tôles, de tuiles, de casiers, de pochons, au milieu des envols de palettes, de brouettes […]. (J.-M. Chailloleau, ostréiculteur
à Oléron, lettre à Télérama, 12 janvier 2000, 5.)
V. encore ici ex. 19.
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
19. Ils [les Arcachonnais] introduisirent un nouveau dispositif de captage, le pochon, qui est un sac de grillage ou de nylon rempli de coquilles ; disposés côte à côte
sur des traverses parallèles fixées au-dessus de la vase, les pochons se sont révélés
de bons collecteurs. (M. Cassou-Mounat, La Vie humaine sur le littoral des landes de Gascogne, 1977, t. 1, 223.)
◆◆ commentaire. Dérivé sur fr. région. poche (v. ci-dessus poche1), avec le suff. ‑on, pochon est caractéristique d’une aire occidentale, qui s’étend de la Bretagne à la région
bordelaise et dont la pointe extrême vers le Centre va jusqu’à l’Allier. Au sens de
"sorte de cabas", le mot a gagné le français de Louisiane (DitchyLouisiane 1932). 1. Attesté dep. 1563 à Montmorillon [Vienne] (« en ung drap et petit pochon environ sept boiceaulx seigle » AHP 37, 1908, 255, v. RézeauOuest 1984) et dep. 1585 en Bretagne (N. Du Fail, TLF),
il est pris en compte par la lexicographie générale qui, sauf Lar 2000, l’indique
comme « régional » : GLLF « dans certaines régions » ; TLF « surtout Ouest » ; Rob 1985 « régional » ; NPR 1993-2000 « région. (Ouest) ». 2. Par restr. du précédent ; ce sens technique semble avoir gagné d’autres milieux ostréicolesa.
a Cf. « […] les huîtres [de l’étang de Thau] sont stockées et immergées dans des pochons de plastique » (Le Monde Sciences et Médecine, 27 décembre 1989, 18).
◇◇ bibliographie. (I) LeMièreRennes 1824 ; JaubertCentre 1864 ; ClouzotNiort 1907-1923 ; MussetAunSaint
1938 ; PichavantDouarnenez 1978 et 1996 ; SabourinAubusson 1983 et 1998 ; RézeauOuest
1984 et 1990 ; LepelleyBasseNorm 1989 ; BrasseurNantes 1993 ; DubuissBonBerryB 1993 ;
LepelleyNormandie 1993 ; PénardCharentes 1993 ; SimonSimTour 1995 ; Brasseur Dialangue, avril 1996, 13 « pochon “sachet” dont l’aire d’extension s’est étendue récemment à partir des parlers de l’Ouest à
de nombreuses régions françaises » ; BlanWalHBret 1999 « très fréquent partout, mais jugé rural en Ille-et-Vilaine et Côtes-d’Armor ; très
vivant en Loire-Atlantique où son caractère régional est ignoré » ; MichelRoanne 1998 « peu attesté » ; FEW 16, 638b, *pokka.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Allier, Charente-Maritime, Ille-et-Vilaine, Indre, Loire-Atlantique, Loir-et-Cher
(sud) ; Morbihan, Sarthe, Deux-Sèvres, Vendée, 100 % ; Cher, Finistère, 90 % ; Loiret,
80 % ; Charente, 75 % ; Côtes-d’Armor, Maine-et-Loire, 65 % ; Eure-et-Loir, 50 % ;
Indre-et-Loire, 60 % ; Vienne, 40 % ; témoignages épars (Essonne, Indre-et-Loire,
Loir-et-Cher, Val-d’Oise). – ("sac plus petit que la poche") Corrèze, Dordogne, Haute-Vienne, 100 % ; Creuse, 90 %. ("sac plus grand que la poche") Corrèze, Creuse, 90 % ; Dordogne, 75 % ; Haute-Vienne, 70 %. (2) Ø.
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