rechange n. m.
〈Normandie (Pays de Caux), Lorraine, Provence, Gard, Lozère〉 usuel "linge ou vêtement de rechange". Si tu vas au foot cet après-midi, n’oublie pas de porter* ton rechange (Oral, Alpes-de-Haute-Provence, 1995). J’ai pris un rechange pour quand j’ôterai mon caleçon de bain à la rivière (MartLorr 1995, 30).
1. Le dimanche on lavait son linge. Nous ne connaissions pas les rechanges. On restait là, en combinaison… (Témoignage d’une ouvrière du textile, dans B. Alexandre,
Le Horsain, 1988, 438.)
2. Seule la femme du notaire ne la [lessive] faisait qu’une fois l’an. Il est vrai qu’elle
avait tant de linge qu’elle pouvait attendre ses rechanges d’une année sur l’autre. (A.-M. Blanc, Pays-Haut, 1988, 40.)
3. Dans la cuisine, les rechanges qui encombraient les chaises où ils séchaient à longueur d’hiver, les outils, les
sabots, le moine, la bassinoire, tout était rangé et la pierre* à eau débarrassée [à l’occasion du grand ménage de Pâques]. (A.-M. Blanc, Pays-Haut, 1988, 51-52.)
◆◆ commentaire. Absent dans cet emploi des dictionnaires généraux, sauf NPR 1993-2000, (les autres
dictionnaires indiquant seulement vêtement/linge de rechange), ce déverbal de fr. rechanger*, n’est enregistré que depuis peu dans les relevés régionaux concernant le français
de Lorraine et du Languedoc oriental ; mais on l’observe en Normandie, en Provence
et au Québeca, et il a été signalé naguère en Acadie (PoirierAcadG). Une telle dispersion donne
à penser qu’il s’agit d’un archaïsme du français populaire, comme le confirment l’histoire
et la géographie du verbe de base (v. se rechanger*).
a Depuis 1896, dans cette mise en garde : « Ne dites pas un rechange, mais un habit de rechange » (Raoul Rinfret, Dictionnaire de nos fautes contre la langue française, 180, dans FichierTLFQ).
◇◇ bibliographie. LanherLitLorr 1990 ; CampsLanguedOr 1991 ; MartinVosges 1993 ; MichelNancy 1994 ;
aj. à FEW 2, 122b, cambiare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Meuse, Moselle, Vosges, 100 % ; Meurthe-et-Moselle, 85 %.
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