recteur n. m.
〈Bretagne〉 usuel "prêtre catholique placé à la tête d’une paroisse ou (aujourd’hui) de plusieurs paroisses". Stand. curé. – Un recteur de l’île de Sein (titre de H. Queffélec, 1944). Le recteur de la paroisse mérite bien son nom. Il nous mène droit et ferme (P.-J. Helias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 136). Notre recteur qui enrageait de me voir sur les bancs de l’école laïque (Ch. Le Quintrec, Une enfance bretonne, 2000, 53).
1. Le recteur et le vicaire viennent d’arriver à Kéravel. Avant de frapper à la porte demi ouverte,
le recteur prend un temps pour trouver sa respiration. (J. David, Bonsoir Marie-Josèphe, 1993 [1983], 82.)
2. De nouveau […], elle tenta d’obtenir [par téléphone] la cure de l’Île, mais personne
ne répondit. Le recteur était absent. (J. Failler, Mort d’une rombière, 1997, 210.)
3. Après avoir passé près de dix ans à Plourhan où il fut nommé en 1954 en tant que recteur et instituteur[,] et plus de vingt-trois ans comme recteur à la paroisse de Saint-Quay-Portrieux, Alexis Jouan a pu tisser de très nombreux
liens d’amitié dans le canton. (Ouest-France, éd. Saint-Brieuc, 2 septembre 1999, SBR15.)
4. Après toute une période d’essais, de répétitions, j’ai été intronisé enfant de chœur.
Pour limiter les risques, le recteur avait décidé que le cadre de ma première prestation professionnelle serait la messe
de huit heures du matin, un dimanche. (A. Rémond, Chaque jour est un adieu, 2000, 55-56.)
— Comme terme d’adresse monsieur le Recteur.
5. – Tu lui diras : « Mais non, Monsieur le recteur, ce n’est pas nous qui faisons tout ce bruit pendant la messe ! […]. » (Ch. Le Quintrec, Chanticoq, 1989 [1986], 40.)
□ En emploi métalinguistique.
6. – Ça devient rare de voir les jeunes dans les églises.
– Eh bien, monsieur le Recteur, dit-elle, vous voyez, il ne faut pas désespérer. – Vous êtes de la région, dit-il. Ce n’était pas une question. Elle acquiesça : – De Quimper. Mais, qu’est-ce qui vous fait dire ça ? Il sourit, malicieux. – Vous m’avez appelé « monsieur le Recteur ». Un parisien aurait dit « Monsieur le Curé ». Bien déduit, pensa-t-elle. Il est de coutume, en effet en Bretagne, d’appeler « monsieur le Recteur » le desservant d’une paroisse rurale ou maritime. (J. Failler, On a volé la Belle Étoile !, 1996, 17.) — En alternance avec curé.
7. Il y avait la ville de La Roche et le reste. […] je n’en dirai pas davantage sinon
que j’accepte de lui accorder le nom de ville malgré ses neuf cent et quelques habitants
dont neuf d’entre eux, y compris notre curé, ont écrit des livres. / « Le 1er octobre 1253 naissait au manoir de Kermartin, près de la ville épiscopale de Tréguier,
un enfant qui reçut au baptême le prénom de Yves. » Ainsi débute Monsieur Saint Yves, le livre de l’abbé Mahé, notre recteur, à la gloire du Saint. (Y. Le Men, La Clef de la chapelle est au café d’en face, 1997, 17-18.)
◆◆ commentaire. Attesté dans le français de Bretagne dep. 1499 (« […] noble et venerable Maistre auffret quoatqueueran en son temps chanoine de treguier.
recteur de Ploerin pres morlaix […] » Lagadeuc, 210) ; 1575 (« S’il [un testament] est faict durant sa maladie, ou par personne qui ne sache signer,
sera requis qu’il soit signé du recteur de la paroisse et d’un notaire » Coutumier de Bretagne, GdfC), recteur n’est aujourd’hui usuel en fr. stand., dans le domaine religieux, que pour désigner
le curé d’une basilique. L’usage ici analysé est relevé dans les dictionnaires généraux,
avec la marque diatopique « Bretagne »a.
a Pour la situation au 18e siècle, voir T.J.A. Le Goff, Vannes et sa région, Ville et campagne dans la France du xviiie siècle, 1989, 225 : « À la tête de chaque paroisse se trouvait un recteur – personn en langue bretonne, l’équivalant du curé ailleurs en France. Le titre de “recteur” proprement dit ne s’appliquait qu’aux prêtres tenant directement leurs cures soit
de l’évêque, soit du pape. Les autres desservants nommés à la tête de paroisses par
des laïcs, des communautés religieuses ou d’autres ecclésiastiques s’appelaient en
principe “vicaires perpétuels” […]. Les paroissiens refusaient cependant de faire cette distinction, confondant
sous le même titre de “recteur” à la fois les recteurs et les vicaires perpétuels. Ordinairement, un recteur possédait
quelques assistants que l’on appelait “curés” (ailleurs en France on les aurait appelés “vicaires”) ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ille-et-Vilaine, Morbihan, 100 % ; Finistère, 90 % ; Côtes-d’Armor,
65 % ; Sarthe, 30 % ; Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, 0 %.
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