repapier ou repapiller (et var.) v. intr.
〈Provence, Gard, Hérault, Aude, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot,
Aveyron, Lozère, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques,
Landes, Gironde〉 fam.
1. "tenir, souvent par sénilité, des propos décousus et peu sensés". Stand. radoter. Synon. région. déparler*.
1. […] chacun avait sa place à la maison ; les vieux parents n’étaient pas encombrants
et rendaient de menus services, ils gardaient les bêtes ou surveillaient les enfants.
Si, devenus très âgés, ils « répapiaient » un peu, on le supportait, c’était pas un drame, et l’amour filial allait bien au-delà
de ça. (L. Chaleil, La Mémoire du village, 1989 [1977], 120.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
2. La Pauline ouvrit des yeux tout ronds :
– Serait-ce déjà l’âge ou le retour d’âge qui le travaille ? Elle pensa sans le dire : « Je suis propre, si déjà il se met à répapier (radoter). » (M. Scipion, L’Arbre du mensonge, 1980, 97.) 3. Décidément, pensaient certains, il finira comme sa grand-mère, qui sur son tard [= à
la fin de sa vie], « repapillait » comme l’on dit des gens au cerveau affaibli. (R. Blanc, Clément, Noisette et autres Gascons, 1984, 157.)
2. Par anal. "répéter toujours les mêmes choses". Stand. rabâcher, radoter.
4. – Vous voyez bien qu’il n’est pas d’ici ! […].
En principe je n’interviens pas dans les histoires de Bréchu. Mais comment s’empêcher de lui faire remarquer que son « pas d’ici » tournait à l’idée fixe et qu’il avait un peu tendance à répépier. – Peut-être que je répépie, a fait Bréchu, mais j’ai quand même tenu à dire à Monsieur Galibert que les gens d’ici quand ils avaient fait six heures de cheval d’affilée, ce n’était pas à la nuque qu’ils avaient mal. (Y. Audouard, Le Dernier des Camarguais, 1971, 68.) 5. – J’ai sans arrêt des visites de gens qui voudraient me prendre en viager. Vous comprenez,
ils savent que je n’en ai plus pour longtemps. J’ai même failli accepter de donner
à des amis cette maison […], mais quand ils m’ont dit : « Et puis on vous gâtera comme une petite grand-mère, on vous laissera de la place… », je les ai vus s’installer ici, et moi, vieillarde qui repapille [en note : rabâcher]… Ça jamais ! (M. Perrein, Les Cotonniers de Bassalane, 1984, 103.)
— Avec un compl. d’obj. interne.
6. Quand j’étais nistone* [sic] j’étais beaucoup tenue serrée, ma mère me grondait et elle répépillait à longueur des jours : « Tu comprends, je veux pas qu’y t’arrive ce qui m’est arrivé. » (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 20.)
7. Oui, je me répépillais ces idées, moi, en revenant de chez Mastre […]. (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 127.)
■ remarques. Les aires respectives des diverses formes du verbe sont difficiles à déterminer dans
l’état actuel de la documentation ; la Provence emploie surtout répépier (comm. de Cl. Martel).
◆◆ commentaire. Bien vivant dans le français méridional, ce terme est attesté dep. ca 1770 à Agde (« Repapier, pour radoter ») ; il est emprunté (avec adaptation du préfixe dans repapier/repapiller) à occ. repapia (non attesté avant Sauvages 1785, FEW ; aj. ALMC 1597 ‘il délire’, Cantal 3 pts, Aveyron 3 pts). Absent de la lexicographie générale. La variante en
‑iller est sans doute plus une assimilation au suffixe fréquentatif (cf. grappiller, nasiller) qu’une resyllabation.
◇◇ bibliographie. LagueunièreAgde [ca 1770] ; VillaGasc 1802 repapier ; PépinGasc 1895 repapiller ; JoblotNîmes 1924 répapier ; BrunMars 1931 répépier ; SéguyToulouse 1950 répapier, répépier « très commun » ; NouvelAveyr 1978 répapier « courant » ; BouvierMars 1985 répépier ; MartelProv 1988 repépier ; SuireBordeaux 1988 et 2000 repapiller ; BlanchetProv 1991 repépier ; BoisgontierAquit 1991 repapier et repapiller ; CampsLanguedOr 1991 répapier « partout », répapiller (Aude) ; LangloisSète 1991 répapier ; BoisgontierMidiPyr 1992 répapier ; CouCévennes 1992 répapier ; FauconHérault 1994 répapier ; PolverelLozère 1994 répapier ou rapapier ; CovèsSète 1995 ; MazodierAlès 1996 répapier ; BouisMars 1999 répépier ; MoreuxRToulouse 2000 répapier ; FEW 7, 585b, pappare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aude, Aveyron, Haute-Garonne, Lot, Lozère, Pyrénées-Atlantiques,
Hautes-Pyrénées, 100 % ; Hérault, Tarn, 90 % ; Gard, 80 % ; Tarn-et-Garonne, 65 % ;
Ariège, 50 % ; Gironde, Landes, 30 % ; Lot-et-Garonne, 20 %.
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