niston, ‑onne n.
〈Surtout Provence〉 fam. "jeune enfant (fille ou garçon)". Stand. bambin, gamin. Synon. région. gars*, mousse*, nin*, petitou*, pitchoun*.
1. – J'en ai vu des jolis petits nistons, mais des jolis petits nistons comme ce joli petit niston-là, je ne croyais pas que ça pouvait exister. (Y. Audouard, Ma Provence à moi, 1968, 217.)
2. – C'est tout de la faute à ce niston de malheur ce que je fais de travers aujourd'hui […].
– Mais enfin, Emile, arrête de déparler* et n'accable plus ce pauvre niston qui est sage comme tout. (Otello, Les Histoires humoristiques de la pétanque, 1984, 191.) 3. – Vé*, tu tombes bien. Je voulais te voir rapport au niston qui veut faire du foot. Tu passes me voir ? (P.-J. Vuillemin, Contes du pastis, 1988, 119.)
4. Ce devait pas être facile de la faire changer d'avis, la nistonne, il valait mieux choisir un autre sujet de conversation. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 29.)
5. […] le parrain lance des poignées de piécettes aux enfants, comme c'est encore la
coutume. Ils se jettent par terre pour les récolter. Ils se bousculent. Un tout-petit
pleure parce qu'il n'a rien ramassé. Diego se baisse et lui en cueille cinq ou six.
Le niston retrouve le sourire et s'en va en léchant sa morve. (H. Abert, Le Saut-du-diable, 1993, 74.)
V. encore s.v. repapier, ex. 6.
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
6. Parfois, se mêlaient aux « nistons », aux plus jeunes de notre petite troupe, quelques grands « galapiats » […] de treize ou quatorze ans […]. (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 58.)
7. – Ah non ! répond Pierrot, là petit, tu galèges*, tu nous prends pour des nistons (petits enfants). (R. Provane, Contes et légendes en Provence, 1998, 147.)
— Comme terme d'adresse (parfois à l'égard d'un adulte).
8. Elise, il [mon père] n'hésitait pas à l'appeler « nistonne » et à lui taper sur les fesses. Il est vrai qu'elle avait quelque vingt ans de moins
que lui […]. (H. Bonnier, L'Enfant du Mont-Salvat, 1985 [1980], 231.)
9. – Allez, niston, et sois brave*. (Y. Gibeau, Mourir idiot, 1988, 208 [Ce passage du livre est situé à Marseille].)
— Emploi adj.
10. – Tout gamin, j'ai perdu mon pauvre père. Ma mère a failli m'expédier aux Enfants
de troupe.
– C'est quoi ? L'école du cirque ? – Plaisantez pas, je vous parle des Ecoles militaires. Ils vous prennent tout nistons, vous vous retrouvez à la caserne, je vous dis pas l'ambiance. (Cl. Courchay, Quelqu'un, dans la vallée…, 1998 [1997], 48.) ◆◆ commentaire. Emprunté, avec adaptation, au pr. nistoun "petit, bambin, enfant", d'origine inconnue (FEW 21, 449a ‘enfant’), par le français de Provence (qui est sans doute, la source de l'attestation d'Esnault
1965, qui relève nistonne en 1918 dans le parler de « soldats » ; niston étant attesté dep. 1929 dans Giono, Frantext). Le mot est passé en argot, où il n'est pas certain que son usage subsiste (on notera
d'ailleurs que les exemples de CellardRey 1980-1991 et ColinArgot 1990 proviennent
pour la plupart de A. Bastiani et de Y. Gibeau). Il est bien implanté dans le français
de Provence et de quelques régions bordurières (Ardèche, Aveyron).
◇◇ bibliographie. BrunMars 1931 adj. "menu, mince, mignon" et n.m. et f. ; NouvelAveyr 1978 miston, niston ; RLiR 42 (1978), 178 (Marseille) ; BouvierMars 1986 adj. et n. ; BlanchetProv 1991
"bébé" ; BouisMars 1999.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bouches-du-Rhône, 80 % ; Hautes-Alpes, 75 % ; Var, Vaucluse,
65 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, 50 %.
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