village n. m.
〈Île-de-France, Bretagne, Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Indre-et-Loire,
Loir-et-Cher, Loiret, Allier, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Isère, Drôme, Ardèche
(spor.), Auvergne, Limousin, Dordogne, Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrénées, Gironde〉 usuel "hameau, agglomération d’habitations rurales et d’exploitations agricoles qui ne constitue
pas le centre administratif d’une commune (par opp. à bourg*, chef-lieu*)". Stand. écart. Synon. région. quartier*.
1. Les haltes du cortège, qui se grossit en route, ont lieu devant chaque croix du chemin,
qui est souvent un chemin détourné à l’entrée des villages, et ne voit passer ni baptêmes, ni mariages. Les porteurs soufflent pendant une courte
prière de l’assistance […]. À l’entrée du bourg*, prévenu par la sonnerie des cloches, suivi du porte-croix et du chantre muni du drap
mortuaire qui sera étalé et porté devant le cercueil par quatre amis du défunt, le
curé bénit le corps et prend la tête du convoi. (E. Pauly, Vieille Combraille, 1945, 102.)
2. Le village de Trabouik se trouve à deux kilomètres environ du bourg* de Dingé, à cinq cents mètres dans les terres, à gauche de la route menant à Combourg,
sur les hauteurs qui séparent à cet endroit le versant nord du versant sud de la presqu’île
bretonne. C’est la partie est de la chaîne du Mené. Aussi ce hameau est-il partagé
entre les deux communes, car il se trouve à cheval sur la limite qui sépare le pays
de Rennes de celui de Saint-Malo. (R. Pichery, Le Parisien. Roman de Haute-Bretagne, 1946, 271.)
3. Pour beaucoup de gens, et surtout pour ceux des villages, cloîtrés à longueur de temps dans leurs petites fermes et leurs petits enclos, un
jour de détente était nécessaire pour se décrasser, s’habiller proprement et se rencontrer
au bourg* devant une bolée de cidre ou un grog bien chaud. S’il n’y avait pas le dimanche,
disait-on couramment, chacun mijoterait dans sa crasse et tous crèveraient d’ennui.
(P. Lebois, Les Trois Amoureuses de Villeclaire, 1968, 70.)
4. – Madame, je voudrais voir l’abbé Vandamme. […]
– Il s’est absenté. – Pour longtemps ? – Pour l’après-midi seulement. […] Il est dans les villages… En visite. (J. Huguet, Equinoxe, 1972, 243-4.) 5. La Philomène habitait une ferme à Maubourg, « village » distant d’environ trois kilomètres du bourg* de Saint-Maurice où elle allait travailler à l’usine de tissage Forest. (Chr. Bertholet,
« Amusante coutume pour demoiselles », Per lous chamis, n° 14, 1975, 20.)
6. Le sac d’histoires de grand-père est inépuisable. Il en trouve toujours d’autres.
Un quart de siècle après sa mort, quand je serai moi-même une voix contant à la radio
une demi-heure par semaine, quand j’irai contant en personne humaine par les bourgs* et les villages, combien de fois les vieillards de mon canton me diront-ils : « Vous n’êtes pas tellement mauvais, mais bien loin encore derrière le sabotier. » Rien de plus vrai. C’est que lui, quand il est à court, il fait surgir des histoires
du néant. (P.-J. Hélias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 106.)
7. Valette [Cantal], petite commune de 532 habitants, avait dû héberger en un mois le
nombre incroyable de 118 réfugiés, soit une augmentation de population voisine de
22 % […]. Toutes les maisons sans exception étaient occupées, dans le bourg* comme dans les villages. Le ravitaillement ne posa pas de problèmes insolubles : c’était encore le temps de
l’économie de subsistance. La campagne cantalienne se suffisait à elle-même. (J. Mallouet,
Jours d’Auvergne, 1992 [1975], 366-367.)
8. Plus près de nous, aux élections municipales du 14 mars 1971, M. Auguste Roudil, conseiller
général et maire sortant, écrit dans sa profession de foi : « À Grandrieu, éclairage public du bourg*, qui sera, au cours des années à venir, prolongé dans les villages de la commune […] ». (R. Chastel, La Haute Lozère jadis et naguère, 1994 [1976], 139.)
9. Le hameau s’appelle Le Bréou, ce qui signifie Sortilège, commune du Cloître Saint-Thégonnec,
à quelque vingt kilomètres de Morlaix. Toponymie magique. Et il est vrai que dans
ce val qui regarde les collines chauves de l’Arrée, incendiées ce jour de septembre
par des soleils bleuâtres, il est vrai que dans ce village à demi abandonné, je ne peux que tisser des légendes sur l’histoire des miens. (X. Grall,
Le Cheval couché, 1977, 19.)
10. […] au temps de mon enfance à Plouha [Côtes-d’Armor], les gens du bourg*, le dimanche de la Trinité, allaient manger le riz – du riz au lait, cuit au four
de boulanger, en pleines bassines, et doré à souhait – chez les parents et connaissances
des « villages » de la paroisse, distants en moyenne de trois quarts de lieue. (M. Le Lannou, Un bleu de Bretagne, 1979, 105.)
11. Dans les bourgs*, les maisons s’appuient les unes aux autres sans grand souci d’harmonie et les maisons
bourgeoises s’isolent derrière de hautes clôtures. Dans les villages, les maisons peu nombreuses se tournent le dos : chacun chez soi, c’est la devise
de tous. Aussi, les maisons rurales isolées abondent : elles permettent à chaque famille
paysanne de surveiller l’ensemble de l’exploitation sans trop souffrir de la curiosité
d’autrui. (M. Bonin, Survivances. Le folklore de la Forterre, 1981, 9.)
12. Le plus surprenant, c’est que le père Savary accepte, sans sourciller, de m’accorder
la première journée que je lui demande « pour aider mon père ». Ce qu’il tolère si souvent des gars des villages aux époques du foin, de la moisson, des labours, c’est-à-dire à tout bout de champ,
il aura estimé qu’il ne peut le refuser à un gars du bourg*. (G. Mercier, Le Pré à Bourdel, 1982, 62.)
13. Autrefois, aux Grands Bois vivaient des charbonniers qui venaient livrer les sacs
de charbon de bois avec des mules. C’était du temps du grand-père de Siquoire qui
avait connu le village quand il avait encore plus de cent habitants. Il y avait aussi des hommes qui travaillaient
aussi aux fours à chaux, quand ce n’était plus le temps du charbon, rapport à ce qu’ils
savaient tenir un feu. Beaucoup du bourg*, qui aujourd’hui prennent de grands airs, sont sortis de là […]. (G. Guicheteau, Les Gens de galerne, 1983, 66.)
14. La plupart des moulins à vent étaient situés le long de la crête, on en voit encore
les vestiges, ainsi que sur le large versant ensoleillé semé de villages et de hameaux autour du bourg*. (Cl. Rivals, Pierre Roullet, La vie d’un meunier, 1983, 23.)
15. De même à Grèzes mais beaucoup plus récemment, dans les années 1970, il y eut conflit
entre le bourg* de Grèzes et le village du Meynial, tous deux de la même commune, au sujet de droits à des coupes de bois
que le premier refusait au second. (J.-Fr. Vincent et M. Prival, « Les bergers de village dans la société traditionnelle de Margeride », dans La Margeride : la montagne et les hommes, 1983, 279.)
16. Au village de La Bessière, à l’ouest du bourg*, se voit encore une petite maison forte. (M. Boy, Petit Guide de l’arrondissement d’Ambert, 1984, 12.)
17. En dehors de l’école, les conversations se déroulaient toujours en breton. Du moins
dans les villages, car les filles du bourg* étaient peu nombreuses à le parler. Nous-mêmes subissions peu à peu l’empreinte de
la ville : nous commencions à dédaigner notre langue, et quand nous rencontrions une
camarade de classe, nous lui adressions la parole en français. Mais avec les amis
du quartier, nous restions fidèles au breton. (J. Ropars, Au pays d’Yvonne. Mémoires d’une paysanne léonarde, 1993 [1991], 119.)
18. Réunie depuis 1960 à la commune de Paimpol, la commune de Kérity lui avait cédé, en
1843, le village du Bout-du-Pont et une partie de celui de Kernoa […]. (B. Tanguy, Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes d’Armor, 1992, 96.)
19. L’habitat est caractérisé en Limousin par une grande dispersion en unités de quelques
maisons à des groupements de plusieurs dizaines […]. Chaque unité d’habitat est composée
majoritairement de 2 à 10 feux, mais on trouve aussi des unités de 20 à 40 feux. Cependant,
la carte de dispersion des hameaux est fort nuancée : sur la Montagne, par exemple,
les villages sont moins nombreux et les bourgs* concentrent plus de population, même au xixe siècle, ce qui est exceptionnel en haut-Limousin. (M. Robert, La Maison et le village en Limousin, Habitat rural et communauté paysanne, 1993, 123-125.)
20. Comme les villages étaient éloignés du bourg*, on appelait les fidèles le dimanche par une première sonnerie à toute volée des deux
cloches une heure avant la célébration de la messe. Une deuxième était déclenchée
un quart d’heure avant et qui semblait dire aux retardataires : « Dépêchez-vous ! la messe va bientôt commencer ! ». (P. Fournier, « Souvenirs sur Saint-Arcons-d’Allier », dans Bïzà Neirà 85, 1995, 34-5.)
21. Lorsque vous visitez la Corrèze, regardez ses maisons : elles sont dispersées en de
multiples « villages » (« villages » au sens de hameaux). Chaque commune – leur territoire est étendu – a en moyenne quinze
à trente « villages » de une à dix fermes. […] Certains villages sont parfois plus importants que le bourg* lui-même qui a cependant une dignité particulière, possédant l’église, le presbytère,
la mairie-école, un ou plusieurs commerces. (Cl. Latta, Le Guide de la Corrèze, 1996, 86.)
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident, ou en emploi autonymique.
22. Par habitat, il faut entendre aussi bien le groupement des maisons d’une unité territoriale
minimale, l’ancienne paroisse devenue la commune, que des divisions de celle-ci, les
hameaux appelés localement « villages », les écarts. (H. Raulin, dans Chr. Abry et al., Les Sources régionales de la Savoie. Une approche ethnologique, 1979, 69.)
23. Personne au pays ne se laisse abuser par les effroyables devantures de l’unique place,
et nul ne songerait à mettre au rang des vraies villes, en dépit de ses quelque deux
mille cinq cents habitants « agglomérés », cette informe concrétion, à peu près en son centre, d’un énorme plou (le plou est la circonscription paroissiale originelle taillée dans la vastitude du bocage)
qui est, lui, la réalité essentielle, dans l’éparpillement de ses « village[s] » (on nomme ainsi, en Basse-Bretagne, les hameaux) et de ses fermes. « Ville de Plouha » n’est qu’un emphatisme réservé aux intitulés administratifs. […] le 8 mai 1906 je
naquis non en ville, mais au bourg*. (M. Le Lannou, Un bleu de Bretagne, 1979, 57.)
24. L’habitat y est dispersé mais semi-groupé : communes souvent vastes, surtout aux abords
de la chaîne proprement dite de la Margeride […], rassemblant des groupes d’habitation
bien individualisés, qu’ailleurs on appellerait « hameaux » mais que la langue locale dénomme « villages ». (J.-Fr. Vincent, « La béate au village », Ethnologia, 17-20, 1981, 140.)
25. Les fermières d’un « village » (hameau) s’organisaient pour laver en commun. (J. Favret-Saada et J. Contreras, Corps pour corps. Enquête sur la sorcellerie dans le Bocage, 1981, 66.)
26. Aucune transposition [dans Gaspard des montagnes], aucun arrangement, aucune modification, mais une exactitude rigoureuse des noms,
des sites et des distances. Tous les bourgs* du Livradois nous attendent, et, reliés entre eux par le réseau des chemins et des
sentiers, tous les hameaux – on dit en Auvergne les villages –, les lieux-dits, les carrefours, les croix, les cols, les auberges, les rivières
et les ruisseaux, les fonts et les ponts, les châteaux, les domaines* et les métairies. (B. Plessy, Au Pays de Gaspard des montagnes, 1981, 5.)
27. Hors du chef-lieu communal, les écarts désignant aussi bien les bâtiments isolés,
caractéristiques de l’habitat régional, que des groupes plus ou moins importants de
maisons. C’est ce dernier élément constitutif que l’usage désigne couramment, à l’ouest
des forêts-frontières allongées du Thimerais au Vendômois, par le vocable village. Ce terme apparaît dans la toponymie au nord de Senonches (Le Grand Village, 8 bâtiments) et à l’ouest de La Lande-sur-Eure (Le Vieux Village, 4 maisons). (J. Pelatan, Le Perche. Un pays et ses hommes, 1985, 57.)
V. encore s.v. chef-lieu, ex. 5 et 7.
◆◆ commentaire. Sens spécifique du mot français qui n’est pas dégagé explicitement, malgré sa très
large extension, dans les dictionnaires du français contemporain (TLF ; Rob 1985).
Ce dérivé d’afr. vile "exploitation agricole" est attesté, comme dénomination d’un groupe d’habitations rurales, en français dep.
le 12e s. (vilage, env. 1174, BenDucF v. 1023 ; 1280, Clef v. 1504 ; villaige, Vendée 1282 ; vilhage, Bourbonnais 1301, tous deux Vox 21, 39), en occitan dep. le 13e s. d’abord par le diminutif (byladyet Béarn 1252, Lv = Vox 21, 39), puis par le simple (vilatge Albi 1377, FEW 14, 450a ; bielatge Dax 1480, ibid.), et en francoprovençal dep. le 15e s. (vilajo Vienne 1403, Vox 21, 40).
En français, le mot a pris place dans la série ville, bourg, village, hameau dont les éléments dénomment des agglomérations de taille décroissante (cf. « dans un temps où chaque ville, bourg ou village avoit sa coutume » 1755, Montesquieu, Frantext ; « sous l’ancien régime comme de nos jours, il n’y avait ville, bourg, village, ni si
petit hameau en France […] qui pût avoir une volonté indépendante dans ses affaires
particulières […] » 1856, Tocqueville, ibid.). Mais hameau, et ceci est encore plus flagrant pour le type radical (Le) Ham et ses dérivés en toponymie (NègreTGF 25813-25821) et le nom de famille Duhamel (v. carte dans MergnacNFFrance 98), est surtout répandu dans la moitié nord du galloroman
(FEW 16, 119b, *haim) où, de plus, il n’est parfois pas distingué anciennement de village : « en un village ou hamel appelé Laignes, pres du dite lieu de saint Maixent » (1389, AHP 5, 388) ; « en ladite paroisse de Barenton, qui est un povre hamel et village descloz, prouchain
de noz ville et chastel de Danffront et de Maine la Juhes » (1424, Actes de la Chancellerie d’Henri vi, éd. P. Le Cacheux, 1, 164, dans base MF) ; de même pour le surdérivé : « En ung petit hamelet ou village de ce monde, assez loing de la bonne ville […]. Ce
village ou hamellet, ce m’est tout ung, estoit habité d’un moncelet de bons, rudes
et simples paysans » (1456, CentNouv 512, dans base MF). Plus au sud, hameau est attesté tardivement en français (cf. « Le terme de hameau apparaît assez tard en Auvergne. Il n’est vraiment usité qu’au
xviiie siècle », P. Charbonnier, Une autre France, La seigneurerie rurale en Basse-Auvergne du xive au xvie siècle, Clermont-Ferrand, 1980, 104). Dans les régions d’habitat dispersé (comparer avec
la carte qu’en donne, pour la fin du 19e s., F. Braudel, L’identité de la France, 1986, 1, 113), le type village est la dénomination dialectale la plus répandue du groupement minimal, le hameau
(ALF 681 ; ALCe 1037 ; ALB 323 ; ALAL 1163 ; ALLy 672 ; ALMC 621 ; ALLOc 811 ; ALG
775).
Ce type est déjà attesté en Bas-Poitou en 1413 (« un village appellé Cabirant avecques ses appartenances et appendances, situé et assis
led. village en la paroisse de Vayré » (Cartulaire de l’abbaye d’Orbestier, dans AHP 6, 1877, 412) et 1480 (« par les villages de ladite paroisse [= La Petite Boissière, auj. Deux-Sèvres] » Gdf 1, 170b-c) ; en Haute Bretagne, en 1547, chez Noël du Fail, par une énumération
de lieux-dits qui dénommaient alors comme aujourd’hui des hameaux des paroisses de
Parthenai, Clayes et Saint-Gilles en Ille-et-Vilaine (« […] ilz avoyent beaucoup profité, aller chanter de Noël au Bas Champ, à Tremerel,
à Telle, à Huchepoche et autres villages […] » N. du Fail, Propos Rustiques, éd. La Borderie, Paris, 1878, p. 75, et p. 218 pour l’identification des lieux-dits)
et 1577 (« laquelle demeure au villaige de La Clergerye en ladicte paroisse dudict Maumusson
[auj. Loire-Atlantique] » A. Croix, Moi, Jean Martin, recteur de Plouvellec…, 1993, 25). Le même type est attesté antérieurement et continûment dep. le 16e s. en français, dans des documents ou chez des auteurs de l’ouest et du centre sud
de la France, dans la même opposition avec bourg* qu’aujourd’hui : « […] au dit lieu de Saint Georges […] les habitans des villages de Sauzelles, de La
Gibertière et de La Marteluère […] Fait et passé au bourg de Cherray […] » (Saint-Georges d’Oléron 1558, Cartulaire manceau de Marmoutier, éd. E. Laurain, Laval, 1911-1945, 2, 325-326) ; « L’an [mille] six cents trante et neuf, discenterie aux champs fist mourir aux villages
un grand nombre de gens, et aussy dans le bourg n’espargna son effort en réduisant
plusieurs tributaires à la mort » (Le Cellier [Loire-Atlantique] 1639, A. Croix, Moi Jean Martin recteur de Plouvellec, Rennes 1993, 124) ; « Les habitants du bourg de Montierneuf et les gros villages qui l’avoisinent […] lesdits
habitants de Montierneuf, villages et métairies attenant […] les habitants du bourg
de Saint Aignan comme de celui de Montierneuf et villages […] » (Oléron 1710/1716, Cartulaire manceau de Marmoutier 2, 355) ; « Furent présents sr Pierre Baudou, marchand, habitant du village de la Gorce, paroisse
de St Antême, faisant tant pour luy que pour Mathieu Baudou, laboureur, habitant du
village de Subert, parroisse dud. St Anteme, Me Pierre Anteme Chapot, avocat en parlement,
chapelain de Monpeloux, habitant du bourg de St Anteme » (Puy-de-Dôme 1743, DrouotDocLivradois 4, 94) ; « les termes : écart, lieu-dit, hameau sont complètement ignorés de la langue de cette
époque [= 17e, 18e s.] et tout ce qui n’est pas le bourg (i.e. l’endroit où est située l’église) s’appelle un village, même si c’est une maison
isolée » (BoulangerConfolentais, 130) ; « à la condition […] que les familles de ce village passeraient l’eau et viendraient
loger au bourg, dans des maisons neuves que je me chargeai de construire en y joignant
des terres dont le prix, plus tard, devait m’être remboursé par la commune » (1833, Balzac) ; « à l’heure de midi, lorsque de leur village Les enfants accouraient au bourg, selon
l’usage » (1840, Brizeux) ; « l’allée venue du bourg fourchait : par ici descendant vers les villages du vallon,
par là contournant le domaine » (1922, Pourrat, tous trois Frantext). « Ce matin, quand nous venions par les champs, après avoir passé le village de la Métairie,
au sortir du bourg, le silence était parfait […] » (1935, A. Le Braz, Magies de la Bretagne, éd. Lacassin, 1997, t. 2, 1091). Le même mot s’oppose aussi à des dénominations d’habitats
isolés : « Il guettait le passage du facteur, ou de la femme à demi-hydropique qui portait les
dépêches dans les villages et dans les fermes » (1895, R. Bazin, Humble amour, 58 ; v. du même auteur, ibid. 37 ; La Terre qui meurt, 1978 [1899], 132 ; Gingolph l’abandonné, 1914, 110). En Savoie, village s’oppose à chef-lieu "village qui est en outre le siège de la commune" (GagnySavoie 1993). Cette dernière dénomination doit avoir une extension géographique
plus large, au moins dans l’usage écrit, v. chef-lieu*.
On ne dispose pas d’exemples textuels antérieurs au 16e s. où village et bourg soient dans la même opposition qu’aujourd’hui, mais seulement de contextes où village ne dénomme pas le centre d’une paroisse ou commune, tel que : « ledit prieur est seigneur direct du mas, village, metarie, borie, tenement ou courtil
appellé de la Chanal et de ses appartenances » (arrondissement d’Ambert 1460, DrouotDocLivradois 1, 22), de façon tout à fait parallèle
à des attestations postérieures : « Pardevant les Notaires Royaux Soubsignés fut présent Joseph prudhomme Binchon, Laboureur
habitant au village de Bourchany parroisse d’Olmet […] » (Puy-de-Dôme 1781, L. Drouot, Recueil des actes des premiers seigneurs d’Olliergues et de Meymont (1064-1330), 1979, 220) ; « Je naquis le 17 novembre 1815, dans un petit village de l’arrondissement de Bourganeuf,
appelé La Martinèche, commune de Soubretost » (1895, M. Nadaud, Léonard maçon de la Creuse, Paris, 1976, 21). L’inclusion de plusieurs vilaiges à l’intérieur du territoire d’une parroisse montre qu’on a affaire à une dénomination de hameaux : « […] lesd. vilaiges et tenemens et quarterons dessus declairez, situez et assis en
lad. parroisse de Legé, en ung territoire appellé Boesse, sont en marche commune de
Bretaigne et de Poictou […] » (Loire-Atlantique 1402, AHP 30, 372), du fait que la description de ces vilaiges montre qu’ils peuvent être occupés par plusieurs foyers (ibid. 370-371). Dans cette vaste bande centrale du domaine galloroman, où d’ailleurs il
semble avoir pris naissance, village n’a pas connu l’évolution sémantique qu’il a suivie en français.
◇◇ bibliographie. RLiR 42 (1978), 186 (Bretagne romane) ; RézeauOuest 1984 ; MartinPilat 1989 ; « Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne » BoisgontierAquit 1991 ; « Bresse » TavBourg 1991 ; « Aveyron, Lot » BoisgontierMidiPyr 1992 ; « Beaujolais viticole connu au-dessus de 20 ans ; Haut-Beaujolais usuel » VurpasMichelBeauj 1992 ; BrasseurNantes 1993 ; FréchetMartVelay 1993 ; GagnySavoie
1993 ; « Beaujolais, Pilat » VurpasLyonnais 1993 ; FréchetAnnonay 1995 ; SimonSimTour 1995 ; FréchetDrôme 1997 ;
« inconnu à Bourg-en-Bresse, connu ou attesté ailleurs » FréchetMartAin 1998 ; MichelRoanne 1998 « usuel au-dessus de 40 ans » ; BlanWalHBret 1999 « très fréquent partout » ; V. Bruppacher, « Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen », Vox 21, 38-48 ; P. Bonnaud, « La haie et le hameau, les mots et les choses », RA 84 (1970), 1-27.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Ardèche, Corrèze, Drôme, Essonne, Loir-et-Cher, Loire,
Haute-Loire (Velay), Loiret, Seine-et-Marne, Deux-Sèvres, Val-d’Oise, Vendée, 100 % ;
Creuse, Finistère, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Morbihan, 90 % ; Eure-et-Loir,
Gironde, Vienne, 80 % ; Charente, Charente-Maritime, Dordogne, 75 % ; Haute-Vienne,
70 % ; Côtes-d’Armor, Maine-et-Loire, Rhône, Sarthe, 65 % ; Loire-Atlantique, 60 % ;
Hautes-Pyrénées, Haute-Savoie, 50 % ; Lot-et-Garonne, 40 % ; Isère, 20 % ; Gers, Landes,
Pyrénées-Atlantiques, Savoie, 0 %.
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