bourdelot n. m.
〈Normandie〉 "pomme ou poire enrobée de pâte et cuite au four". Synon. région. bourdon (v. ci-dessous), douillon*, rabote*. – Il [un boulanger de Caen] est l’un des rares à fabriquer des « bourdelots normands » (É. Meurville & M. Creignou, Le Guide des gourmands 1991, 1990, 27).
1. Eugène flânait dans le jardin : « Les poires seront bientôt bonnes pour les bourdelots [en note : pommes ou poires enveloppées de pâte à pain, cuites dans le four et dorées au jaune
d’œuf]. » (S. Anne, Victorine ou le Pain d’une vie, 1985, 308.)
2. C’est sans doute le plus classique des desserts normands, et pourtant, on ne le trouve
guère à la carte des restaurants… Le bourdelot est un apprêt de cuisine ancien, dont on trouve trace dans plusieurs régions voisines
[…]. Outre le calvados, on peut additionner le sucre qui emplit le cœur de la pomme
d’une pointe de cannelle. (D. et M. Lizambard, La Grande Cuisine de Normandie, 1990, 124.)
3. Les « douceries » normandes ne manquent point. Mais les folkloriques, vous ne les trouverez que rarement
au restaurant. Un ami les énumérait sous le sigle B.D.T. (bourdelot, douillon*, teurgoule*). Bourdelots et douillons sont frères, mais le premier est aux pommes et le second aux poires.
Du moins généralement […]. L’important, à mon sens, est de servir bourdelots ou douillons bien dorés et chauds, avec de la crème fraîche et un coup de cidre bouché !
(La Reynière, dans Le Monde, 28 septembre 1991, 27.)
V. encore s.v. douillon, ex. 1 et 3.
■ synonymes. 〈Sarthe〉 bourdon n. m. « Tous les stands en alimentation : boudin, galettes*, bourdons, etc… n’ont pas suffi pour satisfaire tout le monde » (Le Maine libre, 24 août 1999, 10). – RLiR 42 (1978), 187.
■ encyclopédie. Recette de « Bourdelots » dans L’Encyclopédie de la cuisine régionale. La Cuisine normande, 1980,135.
◆◆ commentaire. Caractéristique du français de Normandie, ce terme est attesté dep. 1877 (« bourdelot […] s.m. Espèce de tourte aux pommes, gâteau dont il se fait une grande consommation dans
plusieurs contrées de la Normandie et particulièrement dans l’arrondissement de Caen » LittréSuppl, dans HöflerRézArtCulin). Du patois normand (Duméril 1849), dér. sur
bourde (de sens voisin, attesté fin 15e s. dans un texte à coloration normanno-picarde), avec le suffixe ‑elot. On notera que Littré considère le mot comme français, bien que la définition qu’il
puise (en citant sa source) dans H. Moisy, Noms de famille normands…, 1875, 41, commence par ces mots « Bourde, bourdin et bourdelot servent en pat. norm. à désigner une… ». Non pris en compte par la lexicographie générale contemporaine.
◇◇ bibliographie. LepelleyBasseNorm 1989 ; BrasseurNorm 1990 ; LepelleyNormandie 1993 ; FEW 1, 441a, *borda.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Basse-Normandie, 40 %.
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