débauche n. f.
〈Orne, Haute Bretagne, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Aquitaine〉 usuel "fin du travail quotidien (à un moment donné de la journée, variable selon les professions)". Anton. région. embauche*.
1. Tous les soirs, à l’heure de la débauche, on voyait défiler un cortège de clients impatients de voir satisfaire leurs commandes,
que papa [menuisier] surchargé remettait jour après jour. (Y. Viollier, Les Noces de Claudine, 1975, 12.)
2. C’était un soir, à la débauche. Tous les ouvriers étaient là, en train de se savonner les mains. (A.-H. Hérault,
Le Valet de cœur, 1979, 104.)
3. À la cantine, on a disposé les tables en long, le champagne et les petits fours. Le
directeur a prononcé un discours, puis les employées ont attendu leur tour. Dans la
lumière du soir et le silence des chaînes de montage, elles sont restées à l’heure
de la « débauche ». Le directeur appelle les noms, accroche un ruban tricolore sur les vestes en laine ;
les médailles sont en or, en argent ; le flash de l’appareil-photo ne marche pas tout
le temps. […] L’usine Moulinex d’Argentan [Orne] vit sa dernière cérémonie officielle
[…]. (D. Le Guilledoux, dans Le Monde, 2 mai 1997, 7.)
■ remarques. Le synon. débauchée n. f. semble aujourd’hui propre à la Charente-Maritime : « À la débauchée, une charrette avait été amenée à bras d’homme jusqu’au milieu de la route » (J. Sorillet, Les Bouquets secs, 1971, 17) ; « […] Auguste dut répéter : “Mâme René, v’nez donc à souper* ce soir après la débauchée. J’a [sic] à vous causer.” » (H. Dufour, Le Bouchot, 1982, 86-87). Au 19e s., le terme désignait l’ "heure de la cessation journalière du travail des ouvriers des arsenaux" (AcC1836 – Lar 1900 dans FEW ; TLF).
◆◆ commentaire. Déverbal de débaucher*, attesté en français dep. 1691 (au sens de "être sans occupation") dans le timbre « Un jour étant à la débauche » (comm. de F. Carton), débauche est aujourd’hui un archaïsme, conservé principalement dans l’Ouest de la France et,
en un sens proche, en Acadie.
◇◇ bibliographie. RézeauOuest 1984 ; BrasseurNantes 1993 ; CormierAcad 1999 être à la débauche "être sans travail, être oisif" ; FEW 15/1, 37b, *balko-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente, Charente-Maritime, Gers, Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques,
Hautes-Pyrénées, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, 100 % ; Loire-Atlantique, Maine-et-Loire,
80 % ; Sarthe, 65 % ; Lot-et-Garonne, 40 % ; Ille-et-Vilaine, 25 %.
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