pute n. f.
〈Provence, Gard, Hérault, Aude〉 Dans des loc. interj. pop. ou vulg.
1. pute borgne ! "(juron)".
1. – Pute borgne ! s’étrangla l’homme, mais vous êtes siphonnées […] ! (A. Bastiani, Le Pain des jules, 1967 [1960], p. 164.)
2. rosalie. Le tonneau de vin rouge est piqué.
l’oncle […]. Pute borgne, mais ça fait le troisième ! (Cl. Sautet, J.-L. Dabadie, César et Rosalie, 1972, p. 36.) 3. Certains [dans l’avion qui traverse une zone de turbulence], comme nos voisins, les
intarissables Méridionaux, se limitent à des soupirs de buffle ou à des interjections :
« Eh* bé !… » « Bonne Mère* ! » « Pute borgne ! » (Fr. Dorin, Les jupes-culottes, 1985 [1984], p. 237.)
4. – Le Titou a disparu. On a peur de savoir où il est !
– Et il est où ? – Sous le Canapé [une femme de mauvaise réputation] ! – […] Oh, pute borgne ! – Comme tu dis, Rachel ! (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 15.) 5. – Mais pute borgne ! Qu’est-ce donc ? protesta Guigou. (Fr. Thomazeau, Qui a noyé l’homme-grenouille ?, 1999, 15.)
— Dans une suite de jurons. Putain de bordel de pute borgne ! (J.-M. Thibaux, La Colère du mistral, 2000 [1998], 35).
2. pute d’Adèle ! "id.".
6. Mais qui peut bien lui tirer comme ça sur le cordon de la sonnette ?
– Qu’est-ce que c’est, ce tintouin ? C’est pas une heure pour déranger les gens, pute d’Adèle ! Ils vont me l’arracher, ces cons ! (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 42.) 3. (la) pute vierge ! "id.".
7. Oh ! pute vierge, elle [Sophie] est belle ! J’en suis comme éblouie, dis donc. (M. Sergent, Normal, 1991, 59.)
8. En chemin, il expédia un coup de pied rageur dans une pierre qui se trouvait là et
rugit :
« Pute vierge ! » (Fr. Thomazeau, Qui a noyé l’homme-grenouille ?, 1999, 140.) □ En emploi métalinguistique. Vers 1970, les jeunes Nîmois juraient plutôt par la pute vierge (AchardLangedoc 1983).
9. […] une expression du folklore languedocien : « la pute vierge », forme galante du juron « pute borgne ». (Alain Rollat, dans Le Monde, 3 février 1999, 30.)
— Var. pute de Bonne Mère ! (Comm. de Cl. Martel).
4. fan* de pute !
◆◆ commentaire. La loc. pute borgne est attestée dans cet emploi dep. 1960 dans A. Bastiani (ici ex. 1) ; mais déjà en
1950, chez le même auteur, comme loc. nom. (« […] elle faisait la retape à Clichy. […] – Elle m’a refait de mon portefeuille […]…
cinq billets, il y avait dedans. Cette pute borgne ! » M. Raphaël, Le Festival, 207). Elle a quelque peu pénétré le fr. pop. (R. Giraud 1966, J. Vautrin 1974, A. Vergne
1984, tous les trois dans Frantext), sans toutefois avoir été enregistrée dans les dictionnaires d’argot ou de français
populaire (et pas davantage dans les dictionnaires généraux) ; pute d’Adèle, pute vierge, de même que pute nègre (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 62), ne semblent pas avoir été diffusés en dehors de l’aire méridionale.
◇◇ bibliographie. SéguyToulouse 1950 pute « grossier » ; AchardLanguedoc 1983 pute borgne/vierge ; aj. à FEW 9, 634b, putidus (où ces locutions manquent).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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