schnaps n. m.
〈Lorraine, Alsace〉 usuel "alcool consommable provenant de la distillation du jus fermenté de fruits ou de baies". Stand. alcool, eau-de-vie.
1. « Tenez, me dit-il [un bûcheron vosgien] en désignant plus loin des baies d’un rouge
sombre. Avec ça, on fait le meilleur schnaps de la terre. » (J. Lacarrière. Chemin faisant. Mille kilomètres à pied à travers la France, 1996 [1977], 35.)
2. Enfin l’apothéose arrive avec les tartes aux cerises, les grands la font durer à grand
renfort de schnaps, un petit verre de chaque sorte pour comparer le kirsch, la quetsche et la framboise
[…] ! (J. Egen, Les Tilleuls de Lautenbach, 1979, 53.)
3. Après l’intervention [arrachage d’une dent], les personnes plus âgées réclamaient
un petit verre de Schnaps. Ce breuvage agissait à plus d’un titre. Comme une juste compensation pour le mal
occasionné par le coiffeur-infirmier, comme petit remontant, mais surtout comme désinfectant.
(B. et Fr. Sarg, Ils n’ont pas travaillé pour le chat, 1989, 27.)
4. […] l’arthrose toujours plus lancinante qu’il combat en frictionnant les membres atteints
avec du schnaps. (A. Strickler, Il a plu sur les cerises, 1995, 34.)
5. […] un petit verre de « goutte » justement ! Du kirsch surtout. Car dans cette maison, il y a longtemps que l’on a
remplacé le schnaps ordinaire, fait de mille mélanges, par la prune, la cerise ou la mirabelle. Du tout
pur ! (G. Tuaillon-Nass, L’Etranger alsacien, 1997, 33.)
6. […] quelques conseils pour réussir sa propre production de « schnaps ». (Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 10 janvier 1998, TE 9.)
7. […] le papa forçait sur le fameux schnaps, car le litre durait à peine la semaine […]. (E. Wermelinger, Géni, 1998, 172.)
8. Tandis que les deux hommes discutaient affaires devant des petits verres de schnaps, le gamin s’endormit sous l’effet de l’alcool et de la fatigue. (Fr. Lévy-Coblentz,
Les Tribulations d’un voleur de pommes, 1999, 19.)
9. D’un alambic ancestral qui avait repris du service [à l’occasion d’une fête à Chavannes-sur-L’Étang,
Haut-Rhin], coulait le fameux « schnaps » sundgauvien, grâce auquel on repartait… comme en 14. (L’Est républicain, éd. Belfort, 26 septembre 2000, 257.)
— schnaps de + nom du fruit ou de la baie à partir desquels il est obtenu. Schnaps de framboise(s), de mirabelle(s), de poire(s), de quetsche(s), de sureau.
10. C’est aussi en hiver qu’on « brûlait le schnaps ». […] Ah ! ce schnaps ! Schnaps de mirabelles, de quetsches, de prunes bleues, de marc, de merises […]. Elixir souverain qu’appréciaient les hommes, le matin avant d’aller
à l’étable et qu’ils n’oubliaient jamais d’emporter pour les travaux en forêt, le
schnaps était de toutes les fêtes et guérissait tout : rages de dents et migraines,
défaillances cardiaques et ballonnements, coliques des gens et des bêtes, entorses
et lumbagos. (A. Kocher, Saisons d’enfance en Alsace, 1995, 30.)
— verre à schnaps loc. nom. f. "verre de faible contenance, destiné à boire le schnaps ; par méton. contenu de ce verre". Un petit verre à schnaps d’eau-de-vie de Quetsches [sic] (Th. Kappler, Desserts traditionnels d’Alsace, 1998, 107).
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. la fin du 18e siècle (FEW), cet emprunt à l’all. (fam., de même forme et de même sens) est diversement
traité par les dictionnaires généraux du français : « fam. » (GLLF ; Lar 2000 « dans les pays germaniques »), sans marque (Rob 1985 "eau-de-vie fabriquée en Allemagne, Autriche, Alsace, Suisse" ; NPR 1993-2000 "eau-de-vie de pomme de terre ou de grain, fabriquée en Allemagne") ; « fam. ou région. (Est) » (TLF). Si schnaps appartient au français standard familier, il est peu représenté dans la base Frantext et son emploi dans l’est de la France constitue un régionalisme de fréquence. Alors
qu’en Suisse romande il a pu avoir certaines connotations (« le mot est considéré chez nous comme vulgaire ou facétieux » Pierreh 1926) et qu’en Belgique il est « vieilli ou assez peu utilisé » (PohlBelg 1950)a, il n’en va pas de même en Alsace où schnaps, absent des recueils de cacographies (WolfFischerAlsace 1983), jouit d’une parfaite
légitimité.
a Il est toutefois « mieux connu (et utilisé) dans la partie orientale de la Wallonie, à proximité de l’Allemagne
et du Grand-Duché » (comm. de M. Francard).
◇◇ bibliographie. LanherLitLorr 1990 ; MichelNancy 1994 ; LesigneBassignyVôge 1999 ; FEW 17, 46a, schnaps.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin, 100 % ; Meurthe-et-Moselle,
75 % ; Vosges, 70 % ; Meuse, 65 %.
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