testard, ‑arde adj.
〈Provence, Gard, Lozère〉 fam. "qui est attaché à ce qu'il a en tête, au point de ne pas vouloir changer d'avis". Stand. entêté, têtu, fam. cabochard.
1. – C'était mon idée, j'ai dit.
– Je le sais. Tu es testarde comme l'âne du moulin. (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 37.) 2. Il était brave* mon père mais il était testard ! (R. Bouvier, Tresse d'aïet, ma mère, 1997 [av. 1992], 36.)
3. À force de volonté, je parviens à dissimuler mon émotion. Ce changement d'attitude,
loin d'entamer sa résolution, la renforce. Elle est « testarde », la petite. (Y. Audouard, Le Sabre de mon père, 1999, 17.)
V. encore ici ex. 6.
— Emploi subst.
4. Avisant un matin Jean-Pierre Foucault [un animateur de télévision] qui parlait gentiment
avec quelques pêcheurs sur le port de Carry-le-Rouet [Bouches-du-Rhône], il se mêla
à la conversation. Il glissa comme ça, sans en avoir l'air, qu'il chantait « pas mal ». Bref, que s'il pouvait passer à la télévision… Nous, on était gênés. / Et l'autre
testard qui insistait ! (Fr. Fernandel, L'Escarboucle, ma Provence, 1992, 93.)
5. Le maire se fit rapidement une opinion sur cette petite trop bien peignée et trop
jolie : une vraie testarde, une vraie fouineuse, donc une vraie chieuse. (J.-M. Thibaux, La Colère du mistral, 2000 [1998], 63.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
6. Ah ! le têtu ! Le « testard » comme on dit ici. Plus testard qu'une mule ! (R.-A. Rey, Griotte, 1979, 191.)
● Comme nom d'animal.
7. La Pitchoune se creuse la tête pour savoir à qui ressemble Augusta […]. Et soudain,
elle trouve. Elle éclate de rire. Augusta […] c'est la chèvre noire de Diego, celle
qu'il appelle la « testarde » ! (H. Abert, Le Saut-du-diable, 1993, 80.)
— Par métaph.
8. Elles [les boules] n'arrivent jamais à s'approcher du « petit » à moins de 50 cm et de plus, ces « testardes » refusent de frapper lorsque je tire les boules des adversaires ! (R. Provane, Contes et légendes en Provence, 1998, 137.)
■ remarques. 〈Provence〉 testardise n. f. fam. "caractère têtu ; par méton. entêtement". « Connaissant ma “testardise” (tête dure)[,] grand-père me prit à part après le souper* et me fit la leçon […] » (M. Scipion, Le Clos du roi, 1980 [1978], 115) ; « J'ai hérité de ma mère une “testardise” (entêtement) inébranlable. Ce trait de caractère, que j'ai moi-même amélioré et auquel
mon épouse a ajouté sa note personnelle, s'est communiqué à notre fille, capable à
elle seule de tenir tête à la Bretagne entière » (M. Stèque, La Tour de Siagne, 1981, 20) ; « Je me console en me disant que notre testardise coûte aussi cher à Prosper qu'à moi » (Y. Audouard, Les Cigales d'avant la nuit, 1988, 15) ; « – Tu le feras crever ton père, par ta testardise ! criait-elle à Marie » (P. Magnan, Le Mystère de Séraphin Monge, 1990 [1986], 120) ; « Mais dans le fond, mon père c'est rien que par testardise qu'il avait fait tout ça » (R. Bouvier, Tresse d'aïet, ma mère, 1997 [av. 1992], 36). – Emprunté à pr. testardiso (Mistral, FEW) ; MartelProv 1988 ; ArmKasMars 1998 ; aj. à FEW 13/1, 277b, testa.
◆◆ commentaire. Emprunté récent, attesté dans le français de Marseille dep. 1931 (Brun), à occ. testart, de même sens (dep. 1303, à Béziers, FEW ; PellasAix 1723) ; le correspondant autochtone
en français, attesté dep. l'afr., ne semble pas avoir dépassé, sous la forme têtard, le 19e siècle (où il n'était plus signalé que comme terme d'argot). Absent des dictionnaires
généraux du français. – BrunMars 1931 ; BouvierMars 1986 ; BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr
1991 ; ArmanetBRhône 1993 ; ArmKasMars 1998 ; BouisMars 1999 ; FEW 13/1, 277b, testa.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Alpes-Maritimes, 100 % ; Var, 80 % ; Hautes-Alpes, 75 % ;
Vaucluse, 65 % ; Bouches-du-Rhône, 60 % ; Alpes-de-Haute-Provence, 50 %.
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