toutché (et var.) n. m.
〈Haute-Saône, Territoire-de-Belfort (sud), Doubs (surtout Pays de Montbéliard)〉 usuel "variété de gâteau* de ménage garni d’un goumeau* traditionnellement légèrement salé". Le « toutché » ou gâteau au goumeau* (P. Fischer, Toute la gastronomie franc-comtoise, 1982, t. 2, 67). Fête du toutché et foire à la brocante (G. Baudoin et al., A la découverte du Pays de Montbéliard, 1987, 138).
1. Dans mon jeune âge, il y avait [le jour de la fête patronale] un bal, quéquefois [sic] un manège de chevaux de bois, mais surtout on banquetait bien et on mangeait du
« toutché » comme on en fait plus et puis le matin on faisait une belle procession et on promenait
notre saint dans tout le village. (R. Begeot, Glanes saônoises, 1974, 168.)
2. Deux bals étaient installés [pour la fête du village]. Le plus important par sa situation
était devant le café Girod avec ses bancs et tables, autour, où l’on consommait et
mangeait le toutché [en note : le gâteau] spécialité de la tenancière. (Cl. Bouton-Lime, Vingt Ans à Arbouans, 1945-1965. La vieille école, 1991, 66.)
3. Quand une famille reçoit, pour la fête patronale par exemple, il est toujours de bon
ton que la maîtresse de maison, ses invités repus, leur remette, au moment du départ,
un ou plusieurs totchés (ou simplement quelques morceaux), considérés comme ayant été préparés en supplément.
(DromardDoubs 1991, 305.)
4. Devant la vitrine du pâtissier, salivons devant les toutchés faits de pâte à pain sur laquelle on étale du beurre et du sel. (J.-P. Bourquin,
Montbéliard par ses rues et ses lieux-dits, 1999, 16.)
■ graphie. En l’absence de tradition lexicographique du mot en français, les variantes sont nombreuses ;
on a retenu ici en vedette les plus courantes toutché [tutʃe] et totché [tɔtʃe] ; on lit aussi toitché et toutié dans ColinParlComt 1992.
■ encyclopédie. Dans le Pays de Montbéliard, ce dessert est traditionnellement garni d’un goumeau* légèrement salé (v. recette dans G. Baudoin et al., A la découverte du Pays de Montbéliard, 1987, 79), ce qui le rapproche du gâteau salé à base de crème aigre servi pour la
Saint-Martin dans le Jura suisse (v. DSR s.v. totché et Saint-Martin). Il est cependant de plus en plus fréquent que des pâtissiers de Montbéliard le
proposent avec une garniture sucrée.
◆◆ commentaire. Emprunt au patois jurassien (issu de lat. torta, suff. -ellu), de même type que fr. (région.) tourteau* (FEW). Ce type est bien représenté dans les patois du sud-est du domaine d’oïl, v. ALF
627, FEW et ALFC 979 ; en français, le mot est également en usage en Suisse romande,
où il désigne le plus souvent un gâteau salé à base de crème aigre (DSR).
◇◇ bibliographie. DoillonComtois [1926-1936] touché ; ContejeanMontbéliardThom 1982 ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; ColinParlComt 1992
(avec proposition étymologique aberrante) ; DSR 1997 totché, var. toétché et touetché (avec bibliographie) ; FEW 13/2, 110b, torta.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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