con interj.
〈Surtout Provence, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot, Aveyron, Lot-et-Garonne,
Gers, Hautes-Pyrénées, Landes, Gironde〉 fam. ou pop.
1. "(terme d’adresse)". Synon. région. couillon*.
1. Nanar étale son jeu comme un éventail, écartant les cartes au fur et à mesure avec
le pouce et l’index de son autre main.
– C’est à qui ? – A toi con ! T’y vas, ou t’y vas pas ! (J. de Bougues-Montès, Chez Auguste. Histoires truculentes et vraies du Bassin d’Arcachon, 1982, 159.) V. encore s.v. eh bé, ex. 5.
□ En emploi autonymique.
2. Un homme peut appeler un autre homme en lui disant eh con ! sans que ce soit péjoratif, à condition que tous deux entretiennent une relation
d’égalité et de familiarité. (M. Darot, « Français contemporain », Anthobelc, 5 juin 1982, dans MoreuxRToulouse 2000.)
2. "(ponctuation du discours, à valeur phatique)".
3. Il tente de desserrer les mâchoires d’acier […].
– O con, tu as vu ? Un piège, con… (Cl. Courchay, Quelque part, tout près du cœur de l’amour, 1987 [1985], 102.) 4. L’autre[,] con, il a dû pouvoir se soigner con, qu’est-ce qu’il a pris con. (H. Soum, La Basane, 1985, 179.)
5. « Con, Rachid ! T’es un chié mec ! Con ! » (Ch. Roudé, Rue Paradis, 1987 [1986], 105.)
6. – Cong ! Pour une surprise, c’est une surprise ! Putain* de cong ! […] tu prendras bieng un coup, cong ? (M. Camillieri, Touche pas à Rita !, 1991, 159.)
□ En emploi métalinguistique ou autonymique.
7. – […] cette manière de ponctuation orale que constituait le mot con, abondamment répandu dans toutes les phrases [des lycéens de Toulouse]. Alors, con, figure-toi, con, l’autre jour, con, j’ai rencontré mon cousin, con… Visiblement l’interlocuteur ne paraissait pas affecté par cette insulte répétée dont
lui-même, à son tour, saupoudrait son propos […]. (J. Cazalbou, La Porte du Casteras, 1969, 126.)
■ prononciation. La graphie cong dans l’ex. 6 indique une prononciation [kɔ̃ŋ].
◆◆ commentaire. Non dégagés dans les dictionnaires généraux et enregistrés dans les relevés régionaux
seulement à partir de 1950, ces emplois ne sont documentés que dep. 1938 dans le français
de Toulouse (« Eh bé con, ma mère con, elle voulait m’acheter des chaussures con, mais con elles
étaient trop chères, con ! Alors con, on a apporté les vieilles chez le pétassou [= cordonnier]
con » Séguier, dans MoreuxRToulouse). S’ils sont de moins en moins caractéristiques du
français du Sud-Ouest – ils s’entendent un peu partout de nos jours –, il reste que leur fréquence y est notoire dans toutes les classes d’âge ; ils n’y
ont pas non plus, la plupart du temps, le caractère « vulgaire » qui s’attache à ce terme selon Hanse 1994.
◇◇ bibliographie. SéguyToulouse 1950 ; BoisgontierMidiPyr 1992 « La fréquence de l’emploi du mot comme vocatif et “sans penser à mal” a frappé les observateurs du langage populaire régional » ; MoreuxRToulouse 2000 « stéréotype qui caractérise le Toulousain des classes populaires et moyennes » ; aj. à FEW 2, 1541a, cunnus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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