panière n. f.
1. 〈Haute-Savoie, Savoie, Rhône (sauf Beaujolais), Allier (sud), Loire (Pilat), Hérault,
Pyrénées-Orientales, Lot, Haute-Loire (Saugues), Puy-de-Dôme, Creuse, Haute-Vienne,
Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gironde〉 "grand panier (parfois avec couvercle) ; grande corbeille à deux anses ou à orifices
latéraux qui servent de poignées". Quand on allait au marché, on emportait les lapins dans des panières (MartinPilat 1989). Je ramassais la laine dans une grande panière d’osier (Chr. Signol, Marie des brebis, 1989, 79). La panière du chien (M. Rouanet, Je ne dois pas toucher les choses du jardin, 1993, 71). On vide la récolte [d’abricots] dans de grandes panières (A. Conte, Au village de mon enfance, 1994, 175).
1. Pour réchauffer les poussins naissants, elles n’hésitent pas à les placer sous les
couvertures dans une panière soigneusement garnie de laine. (R. Béteille, La Vie quotidienne en Rouergue avant 1914, 1973, 81.)
2. Sur la toiture de l’omnibus tressautait la grande panière à linge en osier […]. (J. Cayrol, Les Enfants pillards,1989 [1978], 25.)
3. Ils [les élèves de l’École Primaire Supérieure de Clermont-Ferrand] s’assemblaient
sous une fenêtre du réfectoire : un cuisinier, à l’intérieur, puisait dans une énorme
panière le pain à distribuer. (P. Cousteix, « Une enfance », Bïza Neirà 63, 1989, 52.)
4. […] un beau linge blanc pour mettre au fond de la panière, assez grand pour pouvoir le rabattre sur les pâtisseries quand elle sera pleine.
(M. Rouanet, Petit Traité romanesque de cuisine, 1997 [1990], 68.)
5. À cause du beau temps, les commissionnaires se tenaient dehors. Les sacs et les panières s’alignaient sur le hayon baissé de leur camionnette. Geneviève prit une photo du
type d’Orange en train de peser les truffes au moyen d’une balance romaine. (P. Sogno,
Le Serre aux truffes, 1997 [1993], 122.)
— panière de + subst. désignant le contenu.
6. Après ça, nous avons emporté notre panière de raisins que* c’était des grappettes toutes picorées par les merles. (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 120.)
7. […] Olivier cracha dans ses mains, et poussa la lourde brouette chargée de larges
panières de linge humide et d’instruments de lavage. (R. Sabatier, Les Noisettes sauvages, 1983 [1974], 194.)
V. encore s.v. corniotte, ex. 1.
— Par métaph.
8. […] il faut prier, toujours prier, le Bon Dieu démêlera tout ça dans sa grande panière ! (H. Vincenot, La Billebaude, 1978, 115.)
— Par méton. "contenu de ce récipient". En tout, j’ai cueilli cette année seulement deux panières de pommes (DromardDoubs 1997). Une panière de linge à repasser (A. Sarrazin, L’Astragale, 1965, 48).
2. 〈Doubs, Rhône (Beaujolais), Loire, Creuse〉 "panier ou corbeille d’osier avec ou sans anse". J’ai pris une panière pour ramasser des pissenlits (MichelRoanne 1998).
— Par restr.
● 〈Jura (Haut Jura), Loire, Gard〉 "corbeille à pain". Passe-moi la panière pour que j’y mette le pain (RobezMorez 1995).
● 〈Haute-Garonne〉 rural "panier à couvercle (fermant parfois avec une baguette)".
9. – […] le poulet est bien fermé* dans sa panière d’osier et j’ai la clé du cadenas… (P. Rambaud, La Bataille, 1997, 41.)
3. Par anal. 〈Isère (La Mure, Meyrieu), Drôme〉 "garde-manger utilisé pour le séchage des fromages". Il faut accrocher la panière dans un endroit à l’ombre et bien aéré (MartinPellMeyrieu 1987).
◆◆ commentaire. Attesté dep. l’afr. (ca 1254 "panier très grand" Chants et Dits artésiens, v. TLF), ce mot semble sorti de l’usage général au 19e siècle, au cours duquel apparaissent les premiers indices de sa régionalisation :
relevés de puristes (SaugerPr ; Pomier) ou d’observateurs de la variation du français
en Suisse romande (Humbert « très-répandu en France, et principalement à Lyon et dans le Midi ») ou à Clermont-Ferrand (Mège). Les dictionnaires généraux accueilleront alors panière en marquant ce caractère diatopique (Littré 1868, qui reprend textuellement l’indication
de Humbert) et DG (« dialect. »), indication malheureusement occultée dans les dictionnaires contemporains (Rob 1985,
y compris dans le syntagme panière japonaise, illustré d’un exemple du Suisse G. Borgeaud, v. Lengert 1994 et LengertAmiel ; TLF ;
NPR 1993-2000 ; Lar 2000), sauf GLLF, qui est le seul par ailleurs à distinguer deux
panière, l’un dérivé sur panier ("nom donné, dans le Midi, à de grandes corbeilles à deux anses") et l’autre, dérivé sur pain ("en Provence, huche à claire-voie")a ; pour ces deux mots, v. respectivement FEW 7, 537b-538a, panarium et 546b, panis.
2. On a rangé ici les désignations de divers types de panières, de moins grandes dimensions et/ou destinées à des usages spécifiques, dont le français
de Charente fournit un exemple au 18e siècle (1732 à Manot, « une panière à mettre lapin » BoulangerConfolentais).
3. Ce sens, à rattacher soit aux précédents soit à panière "petite armoire à claire-voie où l’on met le pain", est attesté dep. 1892 dans le parler de Crémieux (Isère) et en 1923 dans celui de
Vaux-en Bugey (Ain), tous les deux dans FEW.
a Attesté dep. 1780 dans le français de Lyon "petite armoire à claire-voie où l’on met le pain" (FEW 7, 546b, panis), mais déjà, probablement en ce sens, en 1665 à Confolens « une paniere de bois de chesne » (BoulangerConfolentais).
◇◇ bibliographie. (1.) SaugerPrLim 1825 ; PomierHLoire 1835 pagnière ; HumbGen 1852 ; MègeClermF 1861 ; A. Daudet, 1869 (Lettres de mon moulin, 204) ; Mâcon 1903-1926 ; MussetAunSaint 1938 ; BaronRiveGier 1939, 24 "panetière ; coffre pour mettre le pain" ; ManryClermF 1956, 402 ; BridotSioule 1977 "à deux anses" ; BonnaudAuv 1980 ; DuclouxBordeaux 1980 ; SabourinAubusson 1983 et 1998 "corbeille de n’importe quelle taille" ; DuraffHJura 1986 « très usuel » ; RobezVincenot 1988 « très vivant en Bourgogne » ; MartinPilat 1989 « usuel à partir de 20 ans » ; BoisgontierAquit 1991 ; VurpasLyonnais 1993 « usuel » ; SalmonLyon 1995 panière à pain « huche » (cf. PuitspeluLyon 1894) ; LengertAmiel ; MoreuxRToulouse 2000 « régionalisme inconscient ». – (2.) ConstDésSav 1902 paniére "corbeille d’osier" ; SéguyToulouse 1950 "panier à couvercle" ; NouvelAveyr 1978 "corbeille" ; GononPoncins 1984 "panetière" ; DuraffHJura 1986 « très usuel » ; VurpasMichelBeauj 1992 ; DuchSFrComt 1993 ; RobezMorez 1995 "corbeille à pain" « courant, employé partout » ; MazodierAlès 1996 "corbeille à pain" ; DromardDoubs 1997 ; ValMontceau 1997 "corbeille" ; MichelRoanne 1998 « usuel ». – (3.) MartinPellMeyrieu 1987 ; DucMure 1990 ; FréchetDrôme 1997 « globalement connu ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (divers sens confondus) Ain, Ardèche, Drôme, Gers, Gironde,
Landes, Loire, Hautes-Pyrénées, Rhône, Savoie, Haute-Savoie, 100 % ; Isère, 80 % ;
Pyrénées-Atlantiques, 50 % ; Lot-et-Garonne, 40 %.
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