parquet n. m.
〈Centre-Ouest, Indre-et-Loire, Indre, Cher, Allier, Saône-et-Loire, Haute-Vienne (spor.)〉 Souvent vieillissant "structure légère, constituée d’une grande tente abritant un parquet sur lequel on
danse, dressée à l’occasion d’une noce ou d’une fête". Synon. région. chaumière*. – Qu’est-ce qu’il faisait chaud sous ce parquet ! (ValMontceau 1997).
1. Du « parquet » s’échappaient les flonflons confortables d’un tango en dents de scie. (R. Fallet,
Rouge à lèvres, 1955, 190.)
2. Les vélos garés contre une haie, après une vérification dans leur petite glace de
poche, de l’échafaudage de leur coiffure, elles avançaient vers le parquet, la tête haute, le regard lointain. À l’entrée, on leur mettait à l’intérieur du poignet
un cachet prouvant qu’elles avaient payé. (R. Deforges, Blanche et Lucie, 1986 [1977], 108.)
3. La fête du pays avait lieu le 15 août. Elle ressemblait à toutes les autres. La veille,
le « parquet » arrivait recouvert de sa tente. La « tente à Bérangère », commune après commune, assurait toutes les « assemblées »* du canton. (G. Delaunay, Le Petit Chouan, 1985, 191.)
4. Une foule de curieux bloquait l’entrée du parquet, s’avançant parfois à tel point que la place réservée aux danseurs diminuait considérablement.
Certains s’en indignaient. (D. Bayon, Jeunesse et Destin, 1986, 65.)
5. À propos de journal, il apprit en le feuilletant que le dimanche 13 avril, il allait
y avoir une grande fête du printemps à Saint-Hilaire les Raves. Une grande fête avec
grand bal, grand orchestre, grand parquet. Tout allait être grand, pour ne pas dire grandiose. (Panazô, Le Cafirou ou la connerie humaine, 1997, 239.)
6. Le saxo invite à la danse et le parquet s’emplit d’un coup, Nine est entraînée par Baptiste qui la fait tourner, jolie toupie
aux jambes dorées, la robe de velours vert au plein du tourbillon, cercle gonflé de
vitesse et de vent… (J. Paris, La Fille du Jau, 1998, 152.)
7. Pour bien faire les choses [lors d’une noce], les Aufauvre avaient loué un parquet, lequel se dressait au milieu de la cour, entre la maison et le potager […]. / Deux
violoneux et un accordéoniste avaient été conviés pour animer le bal. / À la fin du
repas, tandis que les inconditionnels de la parlote […] restaient bavarder dans la
salle, les autres, attirés par la musique[,] partirent danser sous le parquet. (S. Lavisse-Serre, Les Locatiers de Beauvoir, 1998, 210.)
8. Une trentaine de bénévoles et les employés de la commune, répartis en groupes de travail,
montent [pour la fête de la mogette* au Poiré-sur-Vie, Vendée] stands, bar, loges, parquet, électrification […]. (Ouest-France, éd. Vendée-Est, 14 août 1998, 11.)
9. Quand le parquet était monté sur la place le dimanche, il y avait des fentes à l’endroit où les toiles
de la tente se recouvraient […]. (P. Moinot, Le Matin vient et aussi la nuit, 1999, 14-15.)
V. encore ici ex. 13.
— Par méton. peu usuel Les seuls amusements aux villages étaient les bals, les parquets comme on disait (L.-A. Gauthier, Les Fidarchaux de Cabrefontaine, 1978, 248-249).
— Dans le syntagme parquet de danse.
10. Deux parquets de danse étaient montés ; l’un devant le café Bobin ; l’autre en bas du bourg, face à l’ancien
café du Pont. Les orchestres différaient peu ; un accordéon, un saxophone, une batterie.
Valses, tangos, paso-doble, s’envolaient de ces modestes chapiteaux faits de planches
plus ou moins jointes, surmontées d’une toile verte usagée. (D. Bayon, Jeunesse et Destin, 1986, 83.)
— En appos. bal-parquet ; parquet-salon/parquet salon.
11. […] on ne jouait plus jamais de valses ni de tangos à l’intérieur des parquets salons. (R. Fallet, La Soupe aux choux, 1980, 16-17.)
12. […] un bal-parquet était installé sur la place entre les platanes […]. (Marie & Joseph, Le Crime de la rue du Ciel, 1988, 159.)
V. encore ici ex. 13 ; s.v. berlaud, ex. 2.
□ En emploi métalinguistique.
13. « Parquet-salon » était le nom que se donnait la longue baraque bâchée de vert qui se montait, se démontait
d’un bourg à l’autre. Il s’en était raclé, des pieds, sur ce parquet, il s’en était
susurré des mots d’amour, de chanson et de carte postale, sous cette bâche à musiquette.
Depuis toujours, les trois-quarts des bébés du département prenaient leur départ sentimental
sous l’égide d’un « parquet-salon ». C’était là que s’ébauchaient les étreintes d’abord, les mariages ensuite au rythme
robuste, plein de soupe, de l’accordéon, des cymbales et du saxophone. (R. Fallet,
Les Vieux de la vieille, 1996 [1958], 34.)
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. le début du 20e siècle dans le Cher (1903 à Sancoins « parquet – tente sous laquelle on danse » H. Lapaire, Le Patois berrichon) ; 1907 dans le Maine-et-Loire « dans les salles de danse ou sur les parquets dressés devant les maisons, et où les
filles de Fonteneilles […] venaient danser » R. Bazin, v. TLF ; 1910 en Saône-et-Loire « À une heure, sous un parquet, a lieu le banquet », cité par Mâcon 1926), ce sens est caractéristique d’une aire compacte qui s’étend
de la Vendée à la Saône-et-Loire. Sans doute a-t-il été diffusé, en même temps que
le référent, par des circuits commerciaux de forains, comme le donne à penser Mâcon
1926 : « Entrepreneur de parquet, individu qui va de commune en commune, les jours de fête ou de foire, avec tout l’attirail
nécessaire pour dresser une salle de bal ». Formé sur fr. parquet "revêtement de sol formé d’éléments en bois", il n’est accueilli dans les dictionnaires généraux contemporains que par TLF, qui
le marque « surtout Centre et Ouest ».
◇◇ bibliographie. VerrOnillAnjou 1908 ;Mâcon 1926 ; BrunetFranchesse 1937 ; BrunetBourbonn 1964 ; RézeauOuest
1984 et 1990 ; DubuissBonBerryB 1993 ; SimonSimTour 1995 ; ValMontceau 1997 ; FEW 7, 666a, parricus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Allier, Charente-Maritime, Indre, Deux-Sèvres, Vienne, 100 % ;
Cher, 80 % ; Charente, Vendée, 75 % ; Indre-et-Loire, 60 %.
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