pot de camp loc. nom. m.
〈Champagne, Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges, Haute-Saône (nord)〉 vieillissant "récipient individuel, en métal (le plus souvent aluminium), habituellement à compartiments,
dans lequel on emporte le repas du midi sur son lieu de travail ; par méton. contenu de ce récipient". Stand. fam. gamelle. – Nettoyer le pot de camp à l’aide d’un torchon d’herbe verte (P. Arnoux, La Vigne au loup, 1996, 14).
1. Bien sûr, le capucin est devenu gibelotte, au nez et à la barbe du garde qui trouve
plus futé que lui ; la gamine en a sa part dans un pot de camp […]. (J. Lazare, L’Ami Pouchu, 1988, 52.)
2. La pause nous rameutait tous autour d’un établi. Les appétits aiguisés réclamaient
leur dû. Jambes allongées, pieds sur la table, chacun y allait de son déballage :
cannettes de bière, croissants, pots de camp, fillettes* de vin rouge, sandwichs de charcuterie. L’assemblée déchiffrait en les commentant
les gros titres de l’Est républicain. (D. Rondeau, L’Enthousiasme, 1988, 101.)
3. On ne mangeait pas de viande le vendredi saint. Or, un jour, par inadvertance, ma
mère en avait glissé un morceau dans le pot de camp de mon père. (J. Chaudron, Autour de la Bessotte, 1994, 139.)
4. En poste de 1952 à 1962, Madeleine Mengel fut l’une des dernières institutrices du
Phény [hameau de Gérardmer, Vosges]. […] « Mes élèves étaient des bons gosses. Ils venaient de toutes les fermes alentour, dont
certaines se trouvaient très loin. En hiver, les enfants chaussaient les skis ou les
raquettes et ils arrivaient avec le pot de camp pour le repas de midi. » (Est Magazine, supplément à l’Est républicain, 6 août 2000, 7.)
V. encore s.v. creton, ex. 2.
— moins usuel "petit bidon métallique, avec anse, dans lequel on transporte le lait acheté au détail". Stand. pot à lait. – J’emplis mon pot-de-camp de lait tiède (H. Lesigne, Un garçon d’Est, 1995, 153).
5. […] c’était lui qui, quotidiennement, allait chercher le pot-de-camp de lait à la dernière ferme du village […]. (P. Pelot, L’Été en pente douce, 1987 [1981], 30.)
— [L’un ou l’autre de ces récipients, utilisé pour la cueillette des fruits rouges ou
des baies sauvages].
6. En cueillant les brimbelles*, on prend le temps entre deux pots de camp et un panier à remplir, de s’asseoir sur l’herbe parfumée, de respirer et de rêver…
(G. Remy, En cueillant les brimbelles, 1986, 10.)
7. – Faudrait quand même qu’on cueille avant la nuit, lança-t-il en se dirigeant vers
son pot de camp qu’il avait posé dans les brimbelliers*. (Fr. Martin, L’Enfance retrouvée, 1989, 37.)
8. […] un vacarme de casseroles et de pots de camp, comme ça s’entendait quand toute l’école partait aux brimbelles*. (S. Sagard, Tip-tap, 1998, 154.)
■ graphie. Parfois pot-de-camp (ainsi dans l’ex. 5 ci-dessus).
◆◆ commentaire. Lexie caractéristique du français de l’Est (sauf Alsace), où elle est attestée pour
désigner un récipient dep. 1775 (« Item, deux pots de camp garnis de leur couvert », dans un acte notarié, Arch. départ. des Ardennes, 3 E 1501 ; comm. de M. Tamine)
et en ce sens dep. 1921 (« Toute la région emploie “pot de camp” pour désigner un petit récipient en fer dans lequel les ouvriers emportent leur nourriture » BlochVosgesMérFr, 131) ; cf. déjà l’emploi métaphorique en toponymie Blanc-Pot-de-Camp (Remiremont, Vosges), relevé par BlochLex 1915, 145. Malgré le silence des dictionnaires
généraux contemporains sur cette lexie, elle a dû connaître une certaine dérégionalisation
dont témoigne son usage par des auteurs étrangers à l’aire où le mot est observé dans
la seconde moitié du 20e sièclea.
a « J’ai posé, en arrivant, sur le buffet tout ce que j’apportais, notamment les deux
pots de camp en aluminium dans lesquels j’emporte ce qu’elle [= Marie Dormoy] me donne quelquefois
pour manger chez moi » (P. Léautaud, Journal littéraire, t. 3, Paris, Mercure de France, 1986 [1962], en date du 17 septembre 1942) et « […] Paule […] en profite pour me ramener de temps en temps quelque reste de jambon,
une pomme ou des haricots cuits dans un petit pot de camp […] » (H. Bazin, La Mort du petit cheval, 1950, 124.)
◇◇ bibliographie. BlochVosgesMérFr 1921 ; FleischJonvelle 1951 ; LanherLitLorr 1989 ; TamineArdennes
1992 « peut-être emprunté au vocabulaire de l’armée » ; MartinVosges 1993 ; TamineChampagne 1993 ; MichelNancy 1994 ; MartinLorr 1995 ;
LesigneBassignyVôge 1999 ; FEW 9, 263a, pottus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Vosges, 55 % ; Meurthe-et-Moselle, 35 % ; Meuse, 30 % ;
Moselle, 0 %.
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