banaste n. f.
1. 〈Isère (Oisans), Provence, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Lozère, Ardèche (spor.)〉 usuel "grande corbeille de forme souvent oblongue, en osier, à deux anses, servant notamment
au transport des fruits ou des légumes ; en part. panier de bât ; par ext. corbeille". Banaste d'osier (Pays et gens de France, n° 45, l'Ardèche, 2 septembre 1982, 40). Au loto, on propose parfois des banastes garnies (MazodierAlès 1996).
1. Elle se met sur une banaste renversée qu' [v. que] elle est mal installée comme tout, mais ça fait rien et elle commence de me raconter
ses histoires […]. (Th. Monnier, Madame Roman, 1998 [1957], 70.)
2. Aujourd'hui les petits ânes portant les banastes ont presque tous disparu. Les mazets* restent muets. / Adieu les joyeux cortèges de bourriquets, chargés de bambins et
de provisions dans les panières* […] ! (G. Combarnous, Mamette de Salagou, 1973, 212-213.)
3. Il ne faut pas croire que le troupeau [lors de la transhumance du Pays d'Arles vers
la Haute Provence] se déplace pêle-mêle. Bien au contraire, il suit un ordre rigoureux,
sous la haute direction du berger. Les ânes viennent en tête. Ils transportent des
banastes pleines de provisions, qui abritent aussi le chat. (Pays et gens de France, n° 20, les Alpes-de-Haute-Provence, 22 avril 1982, 18.)
4. […] Planou embarqua avec la grande « banaste » d'osier du repas dans la charrette […]. (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 23.)
5. Cultiver le blé n'est pas ici une mince affaire : « porter la broue » c'est-à-dire remonter la terre au début du printemps, porter le fumier avec la « ramasse » [= petit traîneau] si la neige le permet et dans « la banaste » à dos d'âne, de mulet et parfois d'homme […]. (R. Canac, Vivre en Oisans, 1991, 37.)
6. […] une de ces banastes [en note : corbeilles en lattes de bois] qui, dans la cave, recueillait des objets les plus
opimes dépouilles […]. (J.-J. Salgon, 07 et autres récits, 1993, 34.)
7. […] il s'en alla prospecter la campagne de Brignoles, mena une exploration minutieuse
et acheta aux paysans des pleines banastes de truffes blanches. (P. Sogno, Le Serre aux truffes, 1997 [1993], 190.)
8. – […] Tiens, prends ces paniers et suis-moi ! / Cahin-caha, on remonte dans sa cuisine.
Ses bannastes [sic] pèsent plus de trois tonnes. (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 109.)
9. […] à l'entrée de l'église, un boulanger, une grande banaste sous le bras, vous offre une brioche en forme d'étoile […]. (M. Fillol, Petites Chroniques des cigales, 1998, 129.)
10. Avec sa brouette chargée de banastes emplies de linge, elle grimpait la rue du Repos et s'installait pour la journée devant
le grand bassin du lavoir de Saint-Paul. (M. Fillol, Les Cigales chantent encore, 1999, 156.)
11. – Tiens ! Attrape-moi cette banaste, elle a le cul qui lui tombe, mais on l'arrimera avec une corde ! […] / Quand la corbeille
fut remplie aux trois quarts […], le Bébé Fabre fureta un peu pour trouver de la corde
à linge dont il fit une croix pour soutenir le fond d'osier qui menaçait ruine. (P. Magnan,
Un grison d'Arcadie, 1999, 168.)
V. encore s.v. navette, ex. 4.
□ En emploi métalinguistique.
12. […] une de ces mannes d'osier rectangulaires nommées « bannastes » [sic] par la Cévenne qui s'en sert pour transporter des fruits, du fumier, du linge mouillé
ou un bébé. (J.-P. Chabrol, L'Embellie, 1993 [1968], 636.)
● En part. "panier de pêcheur, en osier ou d'une autre matière".
13. Il est fou de pêche […]. Un jour, il prend ses cannes, ses vers, sa banaste, enfin tout ce qu'il faut, et il se précipite dans un petit coin qu'il avait repéré
la semaine d'avant. (P.-J. Vuillemin, Les Contes du pastis, 1988, 41.)
— Par méton. "contenu de cette corbeille ou de ce panier". Une pleine banaste (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 212). Une grande banaste de cerises (Th. Bresson, L'Enfant des bords du Rhône, 1990, 86). Arracher quelques banastes de navets (G. Ginoux, Gens de la campagne au Mas des Pialons, 1997, 106).
14. Paul revient avec une banaste d'oursins.
– Té*, voilà ! Je les [ai] faits ce matin. Il y en a vingt douzaines. (Ch. Blavette, Ma Provence en cuisine, 1984 [1961], 125.) 15. Ma mère […] lui proposa de venir s'approvisionner au mas en tomates bien mûres pour
le coulis, puisque les expéditeurs ne se gênaient pas chaque jour pour faire retourner
trois ou quatre « banastes » de fruits fendus, impropres à la commercialisation. (G. Ginoux, Dernier labour au Mas des Pialons, 1994, 21.)
■ variantes. 〈Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gironde〉 banastre n. f. "grande corbeille de forme circulaire et peu profonde". – MussetAunSaint 1929 ; SuireBordeaux 1988 et 2000 ; BoisgontierAquit 1991.
2. Au fig. 〈Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, Aude, Lozère, Pyrénées-Orientales〉 fam. "niais, sot, idiot ; maladroit ; importun". Synon. région. berlaud*, bredin*, couillon*, fada*, favouille*, jobastre*. – Il dort à poings fermés. Quelle banaste ! (Ph. Carrese, Trois jours d'engatse, 1995, 136).
16. Elle ne détestait pas le tennis, mais elle avait horreur de perdre, et puis surtout
cette grande banaste de Lucien Mérignon commençait à lui gonfler sérieusement la figue [= importuner]
avec ses commentaires de technicien. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 137.)
— Comme terme d'adresse.
17. – Qu'est-ce que tu y comprends toi à l'amour, banaste ? (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 117.)
— Emploi adj. en fonction d'attribut.
18. Moi, en la voyant si sincère, je me suis dit que peut-être elle disait la vérité,
qu'elle mentait pas, que je me faisais des idées. Qu'est-ce que tu veux, je suis tellement
banaste […]. (R. Bouvier, Tresse d'aïet, ma mère, 1997 [av. 1992], 109.)
◆◆ commentaire. Sous diverses formes, ce type lexical, attesté dep. l'afr. banast(r)e (Chanson de Renart, Gdf) a survécu jusqu'à l'époque moderne dans les parlers d'oïl de diverses régions
de France. Mais on l'observe aussi aujourd'hui en français principalement dans une
aire compacte du Midi méditerranéen, où il est emprunté (dans l'Aude, dep. 1597 à
Narbonne « banastes de bredolles [brins d'osier refendus] » et 1625 à Sainte-Valière « une corbeille plate dite banaste », d'après CaylaLanguedoc) à alang. banasta (ca 1158, Montpellier, Lv), occ. banasto (Mistral). 2., qui témoigne d'un glissement sémantique analogue à fr. panier (cf. sot comme un panier), est enregistré dep. 1924 à Nîmes (« banaste […] Qualificatif pompeux qu'on donne aux personnes nulles ou incapables » Joblot), cf. benate "femme sans esprit" (MonnierDoubs 1857 ; ToubinJura 1870) et banate "sot, badaud" (Offner).
◇◇ bibliographie. RollandGap 1810 banate (1) ; OffnerGrenoble 1894 banate (1 et 2) ; ConstDésSav 1902 banastre (2) ; JoblotNîmes 1924 (1 et 2) ; MussetAunSaint 1929 banastre (1) ; BrunMars 1931 (1) ; NouvelAveyr 1978 (1 et 2) ; BouvierMars 1986 (1 et 2) ;
MartelProv 1988 (1) ; BlanchetProv 1991 (1) ; CampsLanguedOr 1991 (1 et 2) ; CampsRoussillon
1991 (1 et 2) ; LangloisSète 1991 (1 et 2) ; CouCévennes 1992 (1 et 2) ; ArmanetBRhône
1993 (1) ; FauconHérault 1994 (1 et 2) ; PolverelLozère 1994 (1 et 2) ; CovèsSète
1995 (1 et 2) ; MazodierAlès 1996 (1 et 2) ; ArmKasMars 1998 (1 et 2) « rare » ; MartelBoules 1998 ; BouisMars 1999 (2) ; FEW 1, 328a, benna.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Languedoc oriental, 95 % ; Provence, 80 % ; Alpes-Maritimes, 40 %. (banastre) Gironde, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, 50 % ; Landes, 30 % ; Lot-et-Garonne,
20 % ; Gers, 0 %. (2) Languedoc oriental, 15 % ; Provence, 0 %. 1 et 2 confondus : Pyrénées-Orientales, 90 %.
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