vé interj.
〈Drôme, Provence, Gard, Hérault, Lozère, Ardèche〉 fam. "(pour attirer l’attention, interpeller ; pour marquer la surprise ; pour renforcer
une assertion)".
1. Mais Ugolin ne l’écoutait pas, il regardait au loin, et dit :
– Vé, qui est-ce qui s’amène ? (M. Pagnol, Jean de Florette, 1995 [1962], 870.) 2. Oh ! Papé*, regarde. Y en a un [poussin] qui passe sa tête sous l’aile de sa maman, et puis encore
un. Vé ! Un autre. (P. Roux, Contes pour un caganis, 1983 [1978], 63.)
3. L’auto peinait, chassant des quatre roues.
– Il faut s’arrêter, dit Pascal, on grimpe à pied avec la luge et on redescend. – Vé, les skieurs ! […] Le chauffeur parvint à extraire la luge de la malle arrière. – Vous arriverez à la monter ? Pascal acquiesça et prit la ficelle, la tirant derrière lui. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 60-61.) 4. – Tu vois bien que personne me croit ! Et pourtant, vé ! La preuve, elle est là ! Sur ce mur ! (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 26.)
5. – T’as peur que je t’empoisonne ? Vé, j’en bois moi aussi ! (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 54.)
6. – […] Ça le rendait joyeux de courir. Mais toi, ça te réussit pas. Vé comme t’es pâle ! C’est pas normal à ton âge ! (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 75.)
7. – […] Vé, regardez qui s’amène… Le plus beau ! (Cl. Courchay, Quelqu’un, dans la vallée…, 1998 [1997], 82.)
8. – Comment tu en es sûr, que c’était les flics ?
– Ils ont une tête, vé, que* tu peux pas te tromper. (J.-Cl. Izzo, Solea, 1998, 220.) V. encore s.v. bazarette, ex. 8 ; déparler, ex. 15 ; eh bé, ex. 10 ; engatse, ex. 2 ; fenestron, ex. 9 ; jobastre, ex. 7 ; niston, ex. 3 ; panisse, ex. 2.
□ En emploi autonymique. Voir s.v. peuchère, ex. 10.
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1829 dans le français de Marseille (Reynier), cette interjection est
un transfert du pr. vé de même sens, littéral. "vois" (impér. 2e personne de veire, Mistral).
◇◇ bibliographie. ReynierMars 1829 ; GabrielliProv 1836 ; 1897 Daudet, Le Trésor d’Arlatan ; JoblotNîmes 1924 ; BrunMars 1931 ; DuraffVaux 1941 vè ; RostaingPagnol 1942, 117 ; MichelDaudet 125 « très courant dans tout le Sud-Est » ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ; BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ;
CovèsSète 1995 ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; GermiChampsaur 1996 ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme 1997 ; ArmKasMars 1998 ;
RoubaudMars 1998, 87 ; ChambonÉtudes 1999, 239 ; aj. à FEW 14, 426b, videre, auprès d’afr. veiz "mot qui sert à montrer, à désigner" (dep. ca 1100, Roland, v. TLF) et aocc. ve (Lv).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, 100 % ; Var, Vaucluse, 65 % ;
Bouches-du-Rhône, 60 % ; Alpes-de-Haute-Provence, 50 %.
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