chaudrée n. f.
〈Surtout Côte charentaise〉 usuel "plat de poisson et pommes de terre, accompagnés du bouillon dans lequel ils ont cuit". Synon. région. cotriade*, godaille*. – Chaudrée de Fouras.
1. – Une chaudrée ?
– C’est la soupe de poissons d’Aunis et de Saintonge. Bertille la fait avec des soles, des cétaux et des vives. Elle met aussi des rougets, des grondins, des barbarins, des anguilles […] et des casserons qui sont, si vous voulez, de petites seiches. Il faut savoir doser le vin blanc et lier la chaudrée au beurre. La soupe est crémeuse et dorée. (Kl. Haedens, L’Été finit sous les tilleuls, 1966, 168.) 2. Il existe de très nombreuses formules de cette chaudrée charentaise, aussi populaire dans notre région que la bouillabaisse en Provence :
les espèces de poissons employés et leur accompagnement les différencient. (L’Encyclopédie de la cuisine régionale. Vendée – Poitou – Charentes, 1980, 37.)
3. Certes. Pour le public, la bouillabaisse fait image. Le soleil, l’accent, s’inscrivent
en filigrane dans ce mot chantant : bouille-abaisso ! Mais toutes les côtes ont leur
bouillabaisse, d’un autre style, sous un autre nom ! Sans parler du ttoro* basque […], voici la chaudrée charentaise, la cotriade* bretonne, la marmite normande dite dieppoise. Et la Belgique s’enchante d’un waterzoï* (littéralement « eau qui bout »), lequel nous ramène à la bouillabaisse. (La Reynière, dans Le Monde, 24 novembre 1990, 27.)
4. Préparation de pêcheurs, la chaudrée compte de nombreuses variantes, car elle dépend essentiellement des poissons qui
ont été pêchés… et surtout de ceux qui n’ont pas été vendus ! (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Poitou-Charentes, 1994, 300.)
V. encore s.v. éclade, ex. 2.
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
5. Avec tous ces poissons, et selon la bonne tradition hexagonale, l’île [de Ré] fait
sa soupe qui est celle de l’Aunis : la chaudrée, un vrai plat composé d’un assortiment de poissons cuits dans du vin blanc avec beurre,
thym, laurier, et que l’on sert avec des pommes de terre ou de larges tranches de
pain. Rustique mais revigorant. (Cuisine actuelle, juillet 1992, 61.)
■ encyclopédie. Recettes de « Chaudrée » dans J.-E. Progneaux, Les Spécialités et recettes gastronomiques charentaises, 1980, 104-108.
◆◆ commentaire. Attesté en français en référence à l’aire d’emploi actuelle dep. 1911 (« Saintes (Charente-Infér.) […] Mets : La chaudrée (sorte de bouillabaisse) » Annuaire général (France-Sud), Paris, Touring-Club de France)a ; 1924 (Curnonsky et M. Rouff, La France gastronomique. L’Aunis – la Saintonge – l’Angoumois, dans HöflerRézArtCulin). Emploi métonymique de chaudrée "portion de la pêche prélevée pour la consommation des marins ou du patron d’un bateau", attesté en Aunis en 1870 (MeyerAunis), lui-même variante locale de chaudiérée "contenu d’une chaudière, d’une marmite". Non pris en compte par la lexicographie générale ; le mot figure comme définissant
dans NaudMadeleine 1999 s.v. tsaude, qui indique « on entend de plus en plus, une chaudrée ».
a Datation aimablement communiquée par M. et Ph. Hyman.
◇◇ bibliographie. MussetAunSaint 1931 ; LarGastr 1938 chaudrée de Fouras ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; HöflerRézArtCulin ; FEW 2, 76a, caldaria.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente, 75 % ; Charente-Maritime, 50 % ; Deux-Sèvres,
Vendée, 25 %.
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