estaminet n. m.
〈Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise〉 usuel "débit de boissons". Stand. café, fam. bistrot.
1. Lorsque nous arrivions, l’estaminet était généralement rempli. […] Nous échangions des regards de reconnaissance, des
saluts, avec toute une clientèle d’habitués […]. (A. Lebon, Martin du Tiss, mineur en 1900, 1979, 66.)
2. Après l’estaminet tenu antérieurement par mes grands-parents, on retrouvait une série de corons […].
(Cl. Julien, Chronique villageoise. Labourse-sur-Loisne en Artois, 1980, 56.)
3. C’était [la ducasse*] jour de gloire pour les estaminets et plus d’un, qui au soir de ce grand jour en avait franchi la porte gaillardement,
n’avait plus la démarche aussi fière en la quittant. (R.-H. Desbordes, Mineur à Bruay-en-Artois, 1982, 33.)
4. Lise […] nous montre la vie de quartier, le réseau d’interconnaissances, les lieux
de rencontre – la courée*, l’estaminet, le cinéma, le salon de coiffure… –, les associations – de musiciens, de coulonneux* […]. (Fr. Cribier, postface à L. Vanderwielen, Lise du plat pays, 1983, 324.)
5. […] cette salle d’estaminet qu’il avait toujours connue, décorée de publicités pour des apéritifs depuis longtemps
disparus. (Ph. Hermann, Technicien chair, 1998, 103.)
6. Des estaminets, on en trouve encore qui semblent n’avoir pas changé depuis les années trente ; d’autres
ont été créés ou repris depuis une dizaine d’années. Une ribambelle de petits nouveaux,
enfin, ont fait leur apparition ! (« La Flandre au gré de ses estaminets », Le Nord, magazine de tous les Nordistes 136, novembre 1999, Cahier Métropole, 28.)
V. encore s.v. bistouille, ex. 15 ; carbonade, ex. 12.
□ En emploi autonymique.
7. […] les régionalismes si répandus partout qu’ils ne sont plus sentis comme tels (estaminet). (CartonPouletNord 1991, 10.)
■ remarques. Plusieurs établissements du nord de la France sont à l’enseigne de L’Estaminet (et variantes), dans l’Aisne (1), le Nord (5), le Pas-de-Calais (2).
◆◆ commentaire. Même si un certain nombre d’établissements à travers la France s’intitulent « L’Estaminet X » ou « À l’estaminet », estaminet renvoie traditionnellement au français du nord de la France où son emploi conserve
encore une fréquence particulière, comme l’indiquent Rob 1985 (« régional et vieilli […] dans le Nord de la France, en Belgique (mais le mot n’y est
plus usuel)a ») et NPR 1993-2000 (« région. Belgique, France du Nord ») ; GLLF « vieilli » ; sans marque d’usage dans TLF ; Lar 2000 « vx ». Le terme est un emprunt au wallon staminê, èstaminê, de même sens (Haust ; dep. le 17e s., TLF fr. "café où l’on fume") ; au sens actuel, estaminet est attesté dep. Lar 1907.
a PohlBelg 1950 l’indique « entaché de discrédit » et pour LeboucBelg 1998 « le mot vieillit ». Mais MassionBelg 1987 assure : « Contrairement à ce qu’affirme le GR, estaminet est toujours usuel en français de Belgique et s’entend encore dans la vie quotidienne.
Pohl […] donne une connotation négative à ce mot, ce que nous n’avons pas constaté
[…]. » Pour M. Francard, il s’agit d’un « établissement de facture plutôt modeste, d’ambiance conviviale, sans connotation vraiment
péjorative » (comm. pers.).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Nord, Pas-de-Calais, Somme, 100 % ; Aisne, 85 % ; Oise,
60 %.
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