pastisson n. m.
〈Hautes-Alpes, Provence〉 fam. ou pop. "coup appliqué sur la joue, du plat ou du revers de la main". Stand. gifle, fam. taloche. Synon. région. bouffe*, bugne*. – Je vais te filer un pastisson, si tu continues à faire tes caprices (GermiLucciGap 1985).
1. La colère monta chez le garçon […].
– Si tu étais pas une fille, tu aurais le pastisson. – Essaye pour voir. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 32.) 2. Je te vire un pastisson que* je t’aplatis comme une galette ! (Fr. Fernandel, L’Escarboucle, ma Provence, 1992, 45.)
3. […] je ne voulais plus vivre alors j’ai fait un gros* suicide. / […] Ils m’ont fait dormir artificieusement à l’asile de la Timone avec
les fadades* et les barjotes. Ma mère m’a faite saine et on me met avec les impotentes et les
paresseuses. / […] Si je vois un médecin, je lui donne un pastisson. Ils n’ont pas fini de m’entendre, ces cons-là. (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 119 et 121.)
◆◆ commentaire. Emprunt au pr. pastissoun "pâté", avec adaptation, attesté en français de Nîmes dep. 1924 (Joblot) et de Provence
dep. Pagnol 1931 (et, même année, Brun), le terme s’inscrit dans le paradigme des
termes désignant à la fois une pâtisseriea et un coup, comme en français populaire beigne ou tarte ; cf. gasc. pastissous pl. "petits pâtés" et, au fig., sing. "férule que reçoit un écolier" (CouziniéCastr 1850) ; il est caractéristique d’une aire compacte du français du
Sud-Est. Absent de GLLF, pastisson est accueilli par Rob 1985 qui le marque « région. (Midi) » et TLF « arg. (Provence) » ; il figure aussi, de façon assez gratuite, dans ColinArgot 1990, sans exemple.
a L’emploi de pastisson en ce sens (cf. LaMazillePérigord 1929, 445 pâtissons "beignets") est peu répandu aujourd’hui, toutefois « à Beaucaire, au temps de Pâques, on trouve encore de petits “pastissons” qui trahissent leur origine orientale : c’est une pâte additionnée de cassonnade,
d’eau et de fleur d’oranger, de citron et de cédrat confit mêlée à une farce de viande
et de graisse de rognons de bœuf » (J.-Cl. Ribaut, dans Le Monde, 27 février 1993, 29).
◇◇ bibliographie. JoblotNîmes 1924 ; BrunMars 1931 ; RostaingPagnol 1942, 123 ; GebhardtOkzLehngut 1974 ;
RLiR 42 (1978), 179 ; GermiLucciGap 1985 ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ; BlanchetProv
1991 ; ArmanetBRhône 1993 ; ArmKasMars 1998 ; FEW 7, 751a, *pasticius.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Var, 100 % ; Alpes-Maritimes, 80 % ; Hautes-Alpes, 75 % ;
Bouches-du-Rhône, 60 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, 50 %.
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