zou interj.
〈Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Gard,
Hérault, Ardèche, Haute-Loire (Velay)〉 fam. "(pour marquer la vivacité, la rapidité d’un procès ; pour entraîner l’adhésion ; pour
marquer le terme d’un procès)". Stand. hop ! Synon. région. hop la !*
1. Zou ! en route. Le car démarre […]. (N. Calmels, L’Oustal de mon enfance, 1985, 147.)
— Surtout dans des loc. interj.
● et zou !
2. – Ah ! j’ai compris ; tu voudrais pas faire une pissaladière*, des fois ?
– Juste ! – Oh, malheur ; où sont les oignons ? – Dans la caisse… là… Et zou ! à l’épluche. (Ch. Blavette, Ma Provence en cuisine, 1984 [1961], 194.) 3. Et pendant ce temps, les enfants partaient en bande, ils allaient se promener, pêcher.
Comme les mamans travaillaient, elles les enfermaient à clef, mais ils passaient par
les fenêtres. Nous, à la maison, il y avait une treille, on s’attrapait, on glissait,
et zou ! dans les bois. (Eva Tufféry, née en 1903, dans L. Chaleil, La Mémoire du village, 1989 [1977], 35.)
4. […] tandis qu’il affûtait le taillant [= fil] de la lame, je l’entendais fredonner
le refrain que chantait mon père quand il fauchait son pré […]. / Et zou ! il reprenait son travail. (N. Calmels, L’Oustal de mon enfance, 1985, 62.)
5. Je retourne me garer à La Rose et zou, métro… Ça sera plus simple pour me rendre au centre. (Ph. Carrese, Trois jours d’engatse, 1995, 35.)
● allez zou !
6. […] il dit d’une voix rauque et haletante : « Allez, zou, descends ! Descends VITE que* je suis pressé ! […]. » (M. Pagnol, Jean de Florette, 1995 [1963], 690.)
7. Allezzou, on n’en parle plus, j’avais qu’à faire attention. (Fr. Fernandel, L’Escarboucle, ma Provence, 1992, 88.)
8. – Allez ! zou ! […] si on en met encore un bon coup, dans deux bonnes heures on aura terminé et on
ira manger la soupe ! (G. Ginoux, Gens de la campagne au Mas des Pialons, 1997, 32.)
9. – […] installe-toi avec moi, je t’invite, mets deux verres et deux assiettes sur la
table ! Allez zou, bouge-toi un peu ! (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 111.)
V. encore s.v. couillon, ex. 1 ; écurie, ex. 23 ; pégueux, ex. 1 ; plier, ex. 29 ; prix fait, ex. 10.
◆◆ commentaire. Emprunt au pr. (attesté av. 1675, N. Saboly, Mistral), d’origine onomatopéique. Si
les attestations du mot en francoprovençala et en français aux 18e et 19e siècles témoignent d’une implantation élargie au nord (Lyon et Mâconnais), zou est caractéristique et emblématique aujourd’hui du français de Provence (il est employé
ou connu aussi en bordure nord de cette aire) et en usage dans le Languedoc oriental.
Le mot est absent de GLLF, les autres dictionnaires généraux contemporains le mentionnant
sans marque d’usage (Lar 2000)b ou comme un terme du « Sud de la France » (Rob 1985 ; TLF ; NPR 1993-2000), le TLF ajoutant « fam. ».
a Noël lyonnais, ca 1723, v. 54, dans EscoffVTextes.
b Si l’on peut recueillir le fait en dehors de son aire de prédilection (ainsi « – Allez, zou, fais pas ta capricieuse, reste pas dans nos pieds » I. Frain, La Maison de la source, 2000, 358), de telles attestations restent isolées et n’assurent pas pour autant
sa complète dérégionalisation.
◇◇ bibliographie. DuPineauV [ca 1750] ; VillaGasc 1802 ; 1897 (allez) zou (Daudet, le Trésor d’Arlatan) ; GuilleLouhans 1894-1902 ; FertiaultVerdChal 1896 ; BrunMars 1931 ; ManteIseron
1980 allez zouh ; GermiLucciGap 1985 « très usuel » ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ; BlanchetProv 1991 ; LangloisSète 1991 ; MazaMariac
1992 ; FréchetMartVelay 1993 « usuel » ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; GermiChampsaur 1996 « mot patois » [sic] ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme 1997 « usuel » ; ArmKasMars 1998 ; MichelRoanne 1998 « bien connu » ; BouisMars 1999 ; FEW 22/1, 66b, ‘exclamation’ ; BaldEtym 2, § 2155.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Hautes-Alpes, Ardèche, Drôme, Loire, Haute-Loire (Velay),
Rhône, 100 % ; Alpes-Maritimes, 90 % ; Ain, 65 % ; Bouches-du-Rhône, Isère, 60 % ;
Alpes-de-Haute-Provence, Savoie et Haute-Savoie, Var, Vaucluse, 50 %.
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