loque n. f.
1. 〈Nord, Pas-de-Calais, Picardie, Ille-et-Vilaine (nord)〉 fam. "morceau d’étoffe avec lequel on essuie ou nettoie". Stand. chiffon, torchon. Synon. région. estrasse*, gueille*, peille*, petas*, patte*. – Va chercher une loque pour essuyer la table (EmrikAmiens 1958).
1. Et voilà que par une large fente toute l’urine s’écoule du pot. Je pleurais de désespoir !
Je cherchais partout un chiffon, une loque pour essuyer l’objet de ma honte. (M. Van der Meersch, Le Cœur pur, 1948, 88.)
2. 〈Nord, Pas-de-Calais, Ardennes〉 péj. "vêtement en mauvais état ou de mauvaise qualité ; vêtement en lambeaux".
2. Autour, pourrisait un amoncellement de détritus ménagers, de reliefs de cuisine et
de cendre, mêlés à des loques souillées, à des chaussures jetées au rebut, déformées et verdies de pluie, de lainages
abandonnés, de tessons de faïence, de verreries cassées et de lambeaux de papier maculés.
(J. Rogissart, Le Temps des cerises, 1942, 131.)
3. Un beau jour, cette fille dit à sa mère : « Mère, si vous voulez bien, je vais me marier avec mon amoureux […]. Donnez-moi des
sous pour que j’achète une belle robe. » La mère […] lui donne dix écus : « Mets-les à bon profit ! N’achète pas des loques. » (Conte de « La Flanière », recueilli en 1964 par F. Carton, Récits et Contes populaires des Flandres, 1980, 103.)
— Dans le syntagme marchand d’ loques "personne qui récupère les vieux chiffons, les objets hors d’usage, la ferraille". Stand. chiffonnier, ferrailleur. Synon. région. pattier*, peillarot*.
3. 〈Surtout Nord, Pas-de-Calais, Picardie, Champagne (nord), Ardennes〉 fam. "pièce de toile épaisse servant à laver les sols, à éponger". Stand. serpillière. Synon. région. bâche*, cince*, emballage*, panosse*, patte*, peille*, pièce*, toile*, torchon* de plancher, wassingue*. – Donner un coup de loque (TamineArdennes 1992).
4. – Mettez-vous dans votre chambre. Je passerai un coup de loque après. (G. Lemaître, Les Hommes du fond, 1957, 74.)
5. […] elle était accroupie, à passer la loque sur le carrelage. (Y. Gibeau, Mourir idiot, 1988, 149.)
— loque à loqueter loc. nom. f., 〈Pas-de-Calais (centre)〉 ; loque à reloqueter loc nom. f. 〈Nord (est)〉 "id.".
■ remarques. À cette aire septentrionale il convient d’ajouter la Normandie (TuaillonRézRégion
1983) et Nice (RLiR 42, 16).
■ dérivés. 〈Surtout Aisne, Ardennes, Oise〉 loqueter v. tr. fam. "nettoyer avec la serpillière". – Les dérivés loqueter et reloqueter sont attestés dep. 1812 à Mons (FEW). TamineArdennes 1992 ; FEW 16, 475b, locke.
◆◆ commentaire. Caractéristiques du français du nord de la France et de Belgique (PohlBelg 1950 ;
MassionBelg 1987 ; Hanse 1994 ; LeboucBelg 1998 ; DelcourtBelg 1999), par restriction.
de mfr. et frm. loque "chiffon", lui-même d’origine picarde (dep. ca 1475, Chastellain, FEW = TLF) Ces emplois – sur lesquels HécartRouchi 1826 et VermesseFlandre
1867 (qui glosent "chiffon") n’apportent pas de précisions, mais 3. est indirectement attesté dep. 1812 par le dérivé – sont inégalement pris en compte
par les dictionnaires généraux contemporains : Ø GLLF ; « vx ou régional (Belgique, Nord) » (Rob 1985 et NPR 1993-2000) ; « vieilli » et loque à poussière « Belgique » (TLF) ; « Belgique » (Lar 2000). L’usage du français de Nice semble une création parallèle.
◇◇ bibliographie. EmrikAmiens 1958 (1) ; CartonPouletNord 1991 ; GuilleminRoubaix 1992 (1 et 2) ; TamineArdennes
1992 ; TamineChampagne 1993 ; BraillonPicard 1994, 24 ; BlanWalHBret 1999 (1) « peu fréquent » ; FEW 16, 476a, locke.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1 et 3) Aisne, Nord, Oise, Pas-de-Calais, 100 % ; Somme, 65 %. (loqueter) Aisne, 100 % ; Oise, 40 % ; Somme, 30 % ; Nord, 25 % ; Pas-de-Calais, 0 %.
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