-otte suffixe
Forme régionalea du suffixe fr. -ette, dont l’aire géographique se situe principalement en Lorraine, Franche-Comté, et sporadiquement
en Bourgogne et Champagne ; moins fréquente, on relève aussi une var. -atteb.
a Cf. DrozBesançon 1920, 25 : « Les grammairiens, les vrais, ont noté le goût de la Franche-Comté et de la Bourgogne
pour le suffixe ‑ot, ‑otte. […] Les patois enchérissent encore. Le remarquable livre que notre compatriote Charles
Roussey a consacré au Parler de Bournois, présente une liste de dérivés en ‑ot, qui est d’une longueur incroyable ».
b Cf. Yuji Kawaguchi, « Suffixe ‑ette (< lat. -tta) en Champagne et en Brie à la lumière des Atlas Linguistiques », dans Z 110 (1994), 410-431.
1. N. f. Voir campenotte, corniote, jaunotte, revoyotte à la nomenclature.
— b(e)augeotte, bongeotte n. f. 〈Haute-Marne (est), Meurthe-et-Moselle, Vosges, Haute-Saône (nord-ouest)〉 rural, vieillissant "petit panier à deux anses servant à de nombreux usages domestiques". « Pour l’heure, il est fort occupé à tresser de ses doigts noueux des saules noirs et
rouges qui formeront des “baugeottes” ou paniers à pomme de terre » (J. Desgênes, La Grange du Hazard, 1949, 33) ; « La famille entière, non loin des lieux de récolte, assise en cercle à même l’herbe
de la prairie, s’affairait à ébaucher le fond de chaque baugeotte, de chaque charpagne [= grand panier d’osier]. / À chacun était dévolu un travail
bien défini. / Les uns devaient tresser des baugeottes en saule blanc, plus flexible et plus souple, les autres s’appliquaient à travailler
l’osier rouge pour obtenir des charpagnes » (J.-C. Hanus, Les Charpagnes du grand-bief, 1987, 8-9) ; « Au printemps, on avait toujours une poule qui couvait dans la grange. On l’installait
sur une bonne douzaine d’œufs, dans une bongeotte [en note : une corbeille à deux anses, très courant dans la région] remplie de foin sur laquelle
on en retournait une autre » (J. Chaudron, Autour de la Bessotte, 1994, 40) ; « À la belle saison, en guise de travail manuel, on rentrait au hallier l’énorme tas
de bois fendu qui devait assurer notre chauffage ; on remplissait et on portait les
“bongeottes” avec cœur » (J. Chaudron, Autour de la Bessotte, 1994, 58) ; « Les femmes et les gosses, en bas, emplissent les corbeilles d’osier, les “beaugeottes”, et les accrochent par leurs anses à un double crochet de fer » (R. Harrburger, Du pain avec du chocolat, 1995, 96) ; « […] cerises que je lance par poignées dans la beaugeotte [en note : corbeille d’osier] » (H. Lesigne, Un garçon d’Est, 1995, 96). □ Avec un commentaire métalinguistique. « Les habitants [de Girmont, Vosges] donnent encore parfois des œufs [aux enfants de
chœur, pendant la semaine sainte], mais cela devient rare. On trouve plus fréquemment
dans la beaugeotte (ou corbeille) des friandises et sucreries, et des pièces et billets dans la tirelire » (Daniel Bontemps dans Revue lorraine populaire, n° 62, février 1985, 112). – Var. -atte « En hiver, le Paul passe son temps à faire des baûgeattes » (LanherLitLor 1990). □ En emploi autonymique. « Beaucoup de mots avaient le suffixe “otte” correspondant au diminutif français “ette”. Dans les régions voisines, le Blâmontais par exemple, ce suffixe était “atte”. Là-bas, une “bongeotte” était une “bongeatte” » (J. Chaudron, Autour de la Bessotte, 1994, 193).
◆◆ commentaire. Emprunté aux patois, eux-mêmes de fr. bougette "sac de cuir que l’on portait en voyage" (dep. 12e s. ; « vieux » dep. Acad 1694), attestés à la fin du 19e siècle à Montbéliard ("poche" Contejean) et dans les Vosges ("panier" à Dompaire), tous les deux d’après FEW ; en français, au sens ici indiqué, dep. 1911
à Remiremont (Vosges). Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. RobertRemiremont 1911 beaujotte ; LanherLit 1989 bongeotte ; LanherLitLor 1990 ; MichelNancy 1994 baugeatte « peu attesté » ; LesigneBassignyVôge 1999 baûgeotte ; aj. à FEW 1, 605b bulga.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
— calougeotte, caligeotte, calugeotte n. f. 〈Haute-Marne (est), Meurthe-et-Moselle, Vosges〉 fam. "petite cabane servant de remise et parfois de cabinet d’aisance". « Oui… mais… où étaient donc les W.C. ? Il savait bien qu’il y en avait tout au bout
du jardin dans une caligeotte mais cela ne lui souriait nullement de traverser le terrain sous la pluie » (R. Fery, Les Racontotes des mamiches, 1980, 90) ; « Les serres, les calougeottes de jardin, ils mettent des serrures haute sécurité » (A. Perry-Bouquet, Voilà un baiser, 1981, 91) ; « Le premier landau est là, contre la calougeotte à outils, abrité sous l’auvent, près de la citerne […] » (A. Perry-Bouquet, Les Landaus de la mère Aza, 1989, 24). – Par ext. "abri quelconque (abri-bus, cabine téléphonique, etc.)". « La masse ferrailleuse [= le train] s’ébranla lentement […]. Du haut de sa calugeotte, l’aiguilleur […] fit tourner sa manivelle. Les barrières [du passage à niveau] reculèrent
sur leurs rails, en couinant » (R. Collin, Les Bassignots, 1969, 73). « Vous avez bien aise, dans votre calougeotte [= confessionnal], mais si vous étiez à ma place, vous penseriez tout autrement » (G. Remy, En cueillant les brimbelles, 1986, 59). – Var. -atte calougeatte, calojate. « Dans les champs […] la calojate » (A. Jeanmaire, Les Lauriers sont coupés, 1972, 80) ; « […] les vignes et leurs “calougeattes” » (Jean Lanher, dans Revue lorraine populaire, n° 53, août 1983, 224).
◆◆ commentaire. Type lexical (le simple caloge est attesté en Normandie dep. la fin du 19e s., v. LittréSuppl) typique d’une aire orientale (Ardennes, Meuse, Moselle, Vosges),
où il est attesté dans les patois à la fin du 19e s. et en français dep. 1901 à Remiremont. La forme caligeotte est croisée avec un autre mot régional, caginotte, de même sens ou de sens voisin, pour lequel v. FEW 2, 553a cavea. Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. PutonRemiremont 1901 caginotte, calougette "petite cage, petite baraque" ; RoquesNancy 1979 caloujotte ; LanherLitLorr 1990 ; MichelNancy 1994 calougeatte (var. calougette, calougeotte, calugeatte) ; FEW 16, 447b, laubja.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Meurthe-et-Moselle, 50 % ; Vosges, 40 % ; Meuse, Moselle,
0 %.
— coriotte n. f. 〈Meurthe-et-Moselle, Vosges〉 "petite corde ou cordon servant à divers usages". Stand. cordelette, cordon, ficelle. « […] la femme qui nouait les coriottes de son tablier […] » (Noël Gloesener, dans Revue lorraine populaire, n° 59, août 1984, 224) ; « Le temps d’aller chercher la luge dans l’appentis et voilà le brasseur tirant sur
la coriotte solide, entraînant dans son sillage l’engin alourdi du poids de sa passagère » (J.-C. Hanus, Le Pont des genêts, 1995, 74). – Var. -atte « – […] ficelé avec une “coriatte” […] » (J. Desgênes, La Grange du Hazard, 1949, 112).
◆◆ commentaire. Ce dérivé sur fr. courroie "ceinture, lacet de cuir", avec le suff. ‑otte, de type ⌈ courr(o)yotte ⌉, est attesté dans les Vosges dep. 1882 (dans le patois d’Uriménil, FEW) ; il est
parallèle par ex. à Sologne couriette "ceinture de cuir", Normandie "cordon de soulier" et Neufchâteau (Belgique) "cordon" (FEW). Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. LanherLitLorr 1990 ; MichelNancy 1994 coriatte (« la prononciation “coriotte” a été signalée ») ; FEW 2, 1223a, corrigia.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
— goulotte ou golotte n. f. 〈Bourgogne, Aube, Haute-Marne, Lorraine, Jura〉 usuel
1. "conduit ou passage servant au captage ou à l’écoulement de l’eau". Stand. gouttière, rigole. « Un peu plus loin, Giordano a aussi dégagé une source. Une eau claire en coule, domestiquée
avec des “goulottes” de bois et de plastique de récupération » (L’Est Républicain, 6 août 1987, 408). □ En emploi autonymique. « Pour mes parents, la flaque d’eau resta toujours une gosse ; la rigole, une golotte […] » (J. Chaudron, Autour de la Bessotte, 1994, 190). – Par restr. "tuyau d’évacuation des eaux usées d’un évier". « Le Dédé, le fils du Louis le tonnelier, se charge de coller des mèches soufrées dans
la goulotte de la Mélie. […] Et ça n’a pas traîné. La Mélie s’est même trouvée mal sans se douter
d’où venaient ces affreuses odeurs dans sa cuisine » (Jean Dutrey, dans Revue lorraine populaire, n° 53, août 1983, 231) ; « […] la goulotte qui sort de la pierre* à eau » (L’Est républicain, éd. Nancy, 26 juin 2000, 612). □ Dans un commentaire métalinguistique incident. Voir
s.v. gargouille, ex. 3. – Par ext. "rigole". « Pour les vieux, pour mes vieux, c’était [le jeu de quilles] hier et, s’ils avaient
décidé d’abandonner la piste aux herbes folles, et de brûler la goulotte de renvoi des boules, ça n’était peut-être pas à cause de la désuétude du jeu. Il
leur manquait, après la guerre, trop de joueurs qu’ils n’avaient pas envie de remplacer. » (Y. Tubergue, Aimé, 1984, 190).
2. "bec d’un récipient ; extrémité d’un tuyau de fontaine, d’évier". Stand. goulot. « […] Marion […] se fit remplir un décalitre de vin rouge et tint le pari de le vider
d’un seul et long trait sans ôter la goulotte de ses lèvres » (R. Collin, Les Bassignots, 1969, 31) ; « […] pour être guéri, il suffisait, jadis, de passer sept fois sous la “golotte” de cette fontaine » (H. Vincenot, La Billebaude, 1978, 214) ; « Jojo nous attend à côté de la source. Ses mains reçoivent l’eau de la goulotte, il boit dans cette coupe de mains » (H. Lesigne, Un garçon d’Est, 1995, 144). 3. "tuyau par lequel le vin s’écoule du pressoir". « […] le glouglou du jus qui coule à la golotte du pressoir […] » (H. Vincenot, Le Livre de raison de Glaude Bourguignon, 1990 [1989], 28). – Var. -atte « La première [truite] que Marcel attrapa […] fila dans la goujonnière dont il prit
soin de fermer la goulatte […] » (J.-C. Hanus, Les Charpagnes du grand-bief, 1987, 14).
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1694 goulotte "rigole pour l’écoulement des eaux de pluie" (TLF), le mot n’est guère utilisé en français que dans des emplois techniques. Mais,
sous diverses variantes, il est d’un usage courant dans des acceptions variées dans
une vaste aire orientale, y compris en Suisse romande (dep. 1461 golete "goulot de fontaine" Pierreh).
◇◇ bibliographie. DuraffHJura 1986 dans la définition de goulette ; RobezVincenot 1988 golotte ; LanherLit 1989 signale les var. golotte, goulatte ; LanherLitLorr 1990 ; MartinLorr 1995 ; TamineChampagne 1993 ; MichelNancy 1994
goulette, goulotte « connu » ; LesigneBassignyVôge 1999 goulotte, goulette ; FEW 4, 316a, gula.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
— meurotte n. f. fam.
1. 〈Meurthe-et-Moselle, Vosges〉 "sauce préparée à partir de vinaigre et d’huile à laquelle on peut ajouter ou substituer
de la crème". Stand. vinaigrette. – Œufs en meurotte. « Va me chercher des appétits [= assaisonnements] pour mettre dans ma meurotte » (LanherLitLorr 1990).
2. 〈Meurthe-et-Moselle, Vosges〉 "salade composée à partir de cette sauce". « Pour faire une bonne meurotte, on met des œufs cuits durs avec des pissenlits » (MartinVosges 1993). – chaude meurotte loc. nom. f. "vinaigrette dans laquelle l’huile est remplacée par des dés de lard frits que l’on
ajoute à une salade composée (pissenlit, œufs, pommes de terre, etc.) ; par méton. préparation ainsi obtenue". « salade de pissenlits aux lardons / Ce qu’on appelle en Lorraine : chaude meurotte […]. Les Vosgiens ajoutent à cette préparation une petite salade de pommes de terre
chaudes coupées en fines lamelles ou même des œufs durs coupés » (J.-M. Cuny, La Cuisine lorraine, 1975, 114).
3. 〈Haute-Marne (est), Meurthe-et-Moselle〉 spor. "appareil culinaire composé d’œufs et de lait (ou de crème) battus". Synon. région. goumeau*, migaine*. « Les viandes marinaient qui farciraient les tourtes à l’épaisse meurotte de crème et d’œufs » (Léon Bernard, dans Revue lorraine populaire, n° 59, août 1984, 227) ; « Les amateurs mêlent à la meurotte de petits dés de lard et des oignons découpés fins » (Revue lorraine populaire, n° 66, octobre 1985, 302, recette de la galette* à la flamme). □ Avec un commentaire métalinguistique incident. « Lorsqu’il y avait du monde à table, le repas s’agrémentait parfois d’une quiche pour laquelle ma grand-mère n’économisait pas la meurote, c’est-à-dire une couche épaisse de flan fait de lait et d’œufs battus » (A. Jeanmaire, Les Lauriers sont coupés, 1972, 57) ; « Disposer sur cette pâte les petits lardons égouttés et verser par-dessus la migaine* ou meurotte, c’est-à-dire le mélange d’œufs et de crème » (L’Encyclopédie de la cuisine régionale. La cuisine lorraine, 1979, 30). – Au fig. "situation fâcheuse". Stand. fam. panade. « J’ me suis mis dans une belle meurotte » (LesigneBassignyVôge 1999).
◆◆ commentaire. Variante régionale, sémantique et morphologique, de fr. meurette (1er tiers du 15e s., murette de poisson "sauce dans laquelle on cuit le poisson", à Salins, TLF), attestée dep. 1807 dans le français de Nancy (« meurote, mélange de beurre, de crême, etc. qui sert à assaisonner une salade. Salade à la meurote. Ce mot n’est pas français et n’a d’autre synonyme que, Salade à la crème » MichelLorr). Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. MichelLorr 1807 ; PutonRemiremont 1901 "salade à la crème" ; RobertRemiremont 1911 "sauce à la crême" ; LanherLit 1989 ; LanherLitLorr 1990 ; MartinVosges 1993 ; MichelNancy 1994 « peu attesté » ; LesigneBassignyVôge 1999 meurette, meurotte ; FEW 6/3, 227b, muria.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. : Taux de reconnaissance : Vosges, 100 % ; Meurthe-et-Moselle, 60 % ; Meuse, Moselle,
0 %.
— passotte n. f. 〈Champagne, Lorraine〉 fam. vieillissant
1. "petite passoire". Synon région. passette (moins usité). □ Avec une connotation métalinguistique. « J’avais oublié beaucoup de ces mots. Mais il me suffit d’y penser pour qu’ils accourent
en foule dans ma mémoire. Je n’en citerai […] que […] les plus usuels.[…] / À la cuisine :
la passote [sic] (passoire), […], la migaine* […], les chons* (petits morceaux de lard frit) » (A. Jeanmaire, Les Lauriers sont coupés, 1972, 80). – Par anal. « Et la chânatte [= gouttière], une vraie passote [sic], on ne peut pas la laisser comme ça » (A. Amant, « Le catalogue », dans En Lorraine au coin du feu, 1957, 43). □ Avec un commentaire métalinguistique incident. « Il m’examina, m’ausculta, s’inquiéta des températures : “Ça va, me dit-il, ça ne peut pas mieux aller. Reste au lit. Ne te découvre pas. Quand
les petites peaux se détacheront, ne te gratte pas, sinon tu ressembleras ta vie entière
à une passotte”, c’est-à-dire à une passoire. Je me le tins pour dit » (P. Gaxotte, Mon Village et moi, 1968, 44 [consultation lors d’une rougeole]).
2. Par métaph. "tête en l’air, étourdi". « Une vraie passotte le gamin*-là, il faut toujours lui répéter les choses 36 fois » (LanherLitLorr 1990).
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1901 dans le français des Vosges, le dérivé est parallèle à fr. passette (dep. Littré) ; il n’est enregistré dans la lexicographie générale contemporaine
que par TLF comme « région. (Lorraine) », qui renvoie seulement à France 1907 [1910] (dans lequel il est accompagné de la
mention « patois meusien »).
◇◇ bibliographie. PutonRemiremont 1901 passotte ; RobertRemiremont 1911 passotte ; LanherLit 1989 ; LanherLitLorr 1990 (s.v. passette) ; TamineChampagne 1993 (s.v. passette) MichelNancy 1994 passotte, passette ; LesigneBassignyVôge 1999 passette, passotte ; FEW 7, 716a, passare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
— pouillotte1 n. f. 〈Meurthe-et-Moselle, Vosges〉 fam. "base du cou, nuque ; cuir chevelu, tête". « J’ai la pouillotte qui me gratte » (RoquesNancy 1979). – Var. pouillat(t)e n. f. « On se tenait bien à table. Il ne fallait pas mouveter (bouger), se chapouiller (taquiner entre enfants) ou se gratter la pouillate » (A. Jeanmaire, Les Lauriers sont coupés, 1972, 77).
◆◆ commentaire. Dérivé, par analogie, sur afr. et frm. puy "hauteur, colline, sommet", attesté dep. 1807 dans le français de Nancy (« pouillotte (la). » Le creux qui est entre la tête et le chignon du cou. La nuque du cou MichelLorr). Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. MichelLorr 1807 ; PutonRemiremont 1901 ; RobertRemiremont 1911 ; ZéliqzonMetz 1930 ;
RoquesNancy 1979 ; LanherLit 1989 ; MichelNancy 1994 ; FEW 9, 111b-112a, podium et n. 7.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. : Taux de reconnaissance : Meurthe-et-Moselle, 75 % ; Vosges, 55% ; Meuse, Moselle,
0 %.
— pouillotte2 n. f. 〈Meurthe-et-Moselle, Vosges〉 rural "petite salade qu’on prend dans un semis pour éclaircir celui-ci". Va me chercher de la pouillotte au jardin (LanherLitLorr 1989).
◆◆ commentaire. Attesté dans le français de Nancy dep. 1927 (« Et de la salade de toutes les paroisses : de la pommée, de la pouillotte, de la doucette,
on n’avait pas regardé à l’ail ni à l’échalotte » G. Chepfer, Frantext), ce dérivé parallèle (qui se retrouve au même sens dans les patois de la région,
v. FEW) de fr. poulette "petite poule" a hérité d’une partie du sémantisme de ce dernier (idée de petitesse, de tendreté),
cf. aussi pouillons pl. "secondes pousses parasites de la vigne à l’aisselle des feuilles, et que l’on retranche" (à Brillon, Meuse, v. FEW). Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. RoquesNancy 1979 ; LanherLit 1989 ; LanherLitLorr 1990, avec ex. de 1927 ; MichelNancy
1994 ; FEW 9, 534a, *pullius.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. : Taux de reconnaissance : Meurthe-et-Moselle, 75 % ; Vosges, 40 % ; Meuse, Moselle,
0 %.
— racontotte n. f. 〈Haute-Marne (est), Lorraine, Franche-Comté〉 fam. parfois péj. Le plus souvent au pl. "petite histoire, court récit que l’on raconte lors de réunions, de veillées". Racontottes de Franche-Comté (Titre de R. Bichet, 1978) ; « À la fin du repas chacun y allait obligatoirement de sa chansonnette ou de sa racontotte » (R. Bichet, Un village comtois au début du siècle, 1979, 176) ; « Quand j’étais petit ma mère me contait les histoires paysannes qu’on lui avait racontées,
quand elle-même était petite […]. Et ainsi j’appris des racontotes [sic] des divers points de la Lorraine mosellane et meusienne » (R. Féry, Les Racontotes des mamiches, 1980, 7) ; « […] le conte des enfants dans les choux ! […] j’avais entendu maman expliquer pourquoi
elle avait cessé de croire à cette racontote [sic] […] » (Histoire et traditions du Doubs, 1982, 79) ; « Enfin quel plaisir de retrouver, avec la neige, le temps des veillées ! Longues parties
de tarots par les hommes, travaux d’aiguilles [sic] pour les femmes, racontottes et ragots… avant une dernière tisane ou une petite goutte ! » (P. Jeune, « La Félicie cause au Milo », Barbizier. Bulletin de liaison de folklore comtois, n.s. 19, octobre 1992, 333) ; « Une atmosphère d’épouvante régnait dans toutes les veillées où on ne parlait que des
atrocités commises par l’ennemi. Comment dire ensuite des racontottes pour faire rire un peu le monde, ou chanter une chanson, après des nouvelles pareilles ! » (M.-Th. Boiteux, Les Renards cuisent au four, 1990, 151) ; « Et puis ils me disent des racontottes en patois » (H. Lesigne, Un garçon d’Est, 1995, 97). – Par ext. "conciliabule entre deux ou plusieurs personnes". « – C’est fini vos “racontôttes”, oui ? Vous embêtez le monde, glapit la Camille » (D. Sidot, 12, rue de la Roulotte, 1981, 26).
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1912 dans L. Pergaud, La Guerre des boutons (Frantext), ce dérivé sur le radical de fr. raconter "narrer des histoires" est absent de la lexicographie générale. Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. GarneretLantenne 1959 ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; ColinParlComt 1992 « très représentatif de la Franche-Comté » ; DuchetSFrComt 1993 ; LesigneBassignyVôge 1999 ; aj. à FEW 2, 995a computare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. : Ø.
— rinçonnotte n. f. 〈Lorraine〉 fam. "petit verre d’eau-de-vie (de mirabelle) servi après le café". Stand. fam. rincette. « Ils [les choux à la crème] étaient délicieux, et tout se termina par le café et la
rinçonnote [sic] de mirabelle […] » (J.-C. Hanus, Les Charpagnes du Grand Bief, 1987, 78) ; « – Entrez donc, Paolo ! mes parents vous invitent à prendre une rinçonnotte ! » (J.-C. Hanus, Le Pont des genêts, 1995, 73).
◆◆ commentaire. Variante de fr. fam. rinçonnette ; ce dernier, attesté dans le français de Nancy dep. 1807 dans un sens voisin (« boire la rinçonnette […], Boire le vin de l’étrier » MichelLorr), largement attesté dans l’Est (de l’Argonne à la Suisse romande), mais
aussi dans l’Ouest (Haut-Maine) et le Centre (Loches, Berry) n’a cependant pas pénétré
le français de référence.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. : Ø.
— roussotte n. f. 〈Franche-Comté〉 usuel "chanterelle jaune d’or (Cantharellus cibarius), champignon qui pousse sous les feuillus". Stand. girolle. Synon. région. jaunotte*. « […] Ici, quand on dit des “jaunottes”*, eh ben ! c’est parce que les jaunottes, c’est jaune, il me semble que même un Turc
comprendrait ça du premier coup !…/ – Ça dépend, dit Roudier, par exemple dans la
Haute-Saône, ils appellent ça des “roussottes” » (R. Vuillemin, Les Chroniques du « Chat bleu », 1975, 79) ; « On parcourait aussi la pâture pour cueillir les champignons, les petits rosés ou champignons
de Paris. […] A l’automne, on cueillait les “roussottes” dans les sous-bois » (J.-L. Clade, La Vie des paysans franc-comtois dans les années 50, 1988, 71) ; « […] l’endroit où, à la fin de l’été, elle était venue ramasser les roussottes dorées […] » (P. Arnoux, Les Loups de la Mal’côte, 1991, 49).
◆◆ commentaire. Cette variante régionale de fr. vx roussette, de même sens ("espèce d’agaric" Boiste 1829-1870 ; "chanterelle domestique" Lar 1907), est attestée dep. 1910 dans le français de la Franche-Comté (« roussotte (Besançon, Gonsans, Moncey) » BeauquierFl 162). Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. GarneretLantenne 1959 ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; ColinParlComt 1992 ; aj. à FEW 10, 590a russus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Doubs, Jura, Haute-Saône (nord), 65 % ; Haute-Saône (sud),
Territoire-de-Belfort, 0 %.
2. Adj. f.
— chevelotte, chovolotte 〈Meurthe-et-Moselle, Moselle〉 spor., fam. [En parlant de la garniture d’une quiche et, par méton., d’une quiche] "fine et onctueuse". « Il faut la [la quiche] manger au sortir du four. Elle doit être “chevelotte”, pour cela, il faut que la crème domine largement la quantité d’œufs dans la préparation
de la migaine* » (Revue lorraine populaire, n° 66, octobre 1985, 298) ; « Celle-ci [la pâte à pain] était étalée, puis recouverte de crème, de petits morceaux
de lard, et enfournée. On obtenait alors ces fameuses “cholandes”, juteuses et chovolotes [sic], qui étaient les ancêtres rustiques de la quiche lorraine » (J. Chaudron, Autour de la Bessotte. Souvenirs d’un enfant de Lorraine, 1994, 50). □ Avec commentaire métalinguistique incident. « La quiche doit être chevelotte, c’est-à-dire onctueuse (pour cela, la crème doit largement dominer l’œuf) et mangée
brûlante » (J.-M. Cuny, La Cuisine lorraine, 1975, 42) ; « Dans la “vraie” quiche la crème dominait et rendait la garniture onctueuse à souhait. Cinq grosses
cuillerées de crème pour un œuf, c’était la proportion. Lorsqu’on sait que la quiche
paysanne atteignait la dimension d’une petite roue de chariot et pouvait accueillir
la douzaine d’œufs on comprend pourquoi la garniture était chovolotte, c’est-à-dire onctueuse, grasse et glissante » (Cl. Thouvenot, Le Pain d’autrefois, 1977, 135) ; « La garniture [des quiches industrielles], que l’on appelait autrefois “migaine”*, comporte toujours lard, œufs et crème, mais aussi quelques épaississants qui la rigidifient.
Or tout Lorrain qui se respecte apprécie sa quiche “chevelotte”, c’est-à-dire tremblotante » (Guillaume Crouzet, « La quiche lorraine », Le Monde, 12 avril 2000, 24).
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1975 dans le français de Lorraine (v. ci-dessus), le mot est un emprunt
au patois mosellan [ʃavɔla, ʃɔvɔlɔ] "mou (surtout de la pâte à gâteau bien réussie)", d’origine inconnue (FEW 23, 175a, ‘mou’ ; un rattachement à capillus, ibid., 2, 249a, reste problématique), avec suff. ‑otte.
◇◇ bibliographie. LanherLitLorr 1990 chevelotte. Absent des dictionnaires généraux du français.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
|