minot, ‑ote n.
fam.
I. 〈Surtout Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault〉 "garçon ou fillette ; jeune homme ou jeune fille". Stand. fam. gamin, gamine. Synon. région. drôle*, gone*, petitou*, pitchoun*, tiot*.
1. [Envisagé dans un rapport de filiation].
1. Jenny, on dirait du Pagnol. Petite, costaude, jolie, mère d'une gamine conçue à vingt
ans. Un cadeau d'un amant de Saint-Jean disparu au-delà des mers. Depuis, le trottoir.
Et la minote en pension. (M. Marin, Tristes plaisirs, 1990 [1989], 207.)
2. C'est tard pour l'apéritif, mais mon père se commande un pastis, une suze-citron pour
sa femme et « deux sirops pour ses minots ». (Y. Rouquette, La Mallette, 1994, 104.)
3. – Elle a deux mois, la minote à Christine. (Ph. Carrese, Pet de mouche et la princesse du désert, 1997, 13.)
V. encore s.v. pitchoun, ex. 2.
2. [Envisagé seulement par rapport à l'âge]. Stand. enfant. – Minote, je jouais déjà au foot (Jeune Marseillaise, dans Le Monde, 17 janvier 2000, 11).
4. […] j'étais minot, je devais avoir sept ou huit ans […]. (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 130.)
5. L'important pour Claudius était de faire partie de la bande et, pour cela, un seul
souci : imiter les grands et exécuter tout ce qu'ils disaient en se donnant à fond
pour ne pas démériter. Sa situation de « mino » [sic] et sa témérité inconditionnelle lui causèrent pas mal de déboires. (M. Stèque, La Tour de Siagne, 1981, 100.)
6. Il baissait la tête comme un minot qui vient de faire une grosse bêtise. (Y. Audouard, Les Nouveaux Contes de ma Provence, 1987, 12.)
7. Pascal aimait bien Panderi, c'était rare qu'un monsieur parle à un minot de cette façon, comme s'il tenait compte de son avis […]. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 21.)
8. – C'est gentil de me soigner, s'enhardit Darnagas […].
– Quand j'étais minotte [sic], je voulais être infirmière, répondit-elle. (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 54.) 9. Il n'y a pas un seul minot dans la villa des Mimosas. Ils sont tous à l'école. (Cl. Couderc, Le Petit, 1998 [1996], 35.)
10. – […] ces lance-pierres à la con qu'on avait quand on était minots. (R. Merle, Treize reste raide, 1997, 213.)
11. Des applaudissements saluent la rentrée aux vestiaires des deux seuls Marseillais
de l'équipe, Jacques Abardonado, vingt ans, et Karim Dahou, dix-sept ans, « deux minots à qui on ne peut rien reprocher ». (Le Monde, 18 janvier 2000, 28.)
— Comme terme d'adresse.
12. – Dis, mino [sic], tu veux que je te file un pastisson* pour t'apprendre la politesse ? Essaye un peu, té*, de recommencer ta chanson ! (J. Rambaud, Adieu la raille, 1964, 11.)
II. Au m. pl. "enfants (garçons et filles)". Synon. région. drôles (v. drôle).
13. Nous autres, au LEP [= lycée d'éducation professionnelle] Arthur-Rimbaud, on était
considérés comme des dangers publics mais on avait des principes. On ne dépouillait
pas les vieux ni les unijambistes. On ne rackettait pas les minots. (H.-Fr. Blanc, Jeu de massacre, 1993 [1991], 27.)
14. Là-bas [à Paris] il pleut. Ici [à Marseille] on se baigne. / Ils dorment. On fait
des minots. (« Marseille c'est pas la France ! » [1993], dans N. Roumestan, Les Supporters de football, 1998, 149.)
15. Cela rassurait le quartier que l'institutrice soit mariée avec le policier et réciproquement.
C'était une union qui redonnait confiance dans la fonction publique, dans l'autorité
de l'Etat. On espérait confusément que l'institutrice avait l'autorité du policier :
il en faut par les temps qui courent avec les minots. On espérait que le policier avait la compassion de l'institutrice : il en faut par
les temps qui courent avec les minots. (Fr. Thomazeau, Qui a tué Monsieur Cul ?, 1998 [1997], 31.)
□ En emploi métalinguistique.
16. Le père et le fils faisaient de longues promenades, en copains. Un soir qu'ils longeaient
la grande minoterie du cours* Jean-Jaurès, Jean dit, très intentionnellement une fois encore :
– Dis, papa, c'est là qu'on fabrique les enfants ? – Pourquoi ? – Une minoterie, ce n'est pas une fabrique de minots ? Les minots sont les enfants dans le parler populaire alésien. Curieusement, M. Hur sourit avec complaisance, comme s'il n'était pas tout à fait dupe de la naïveté de ce « mot d'enfant ». (J.-P. Chabrol, Les Rebelles, 1965, 81-82.) ◆◆ commentaire. Attesté dans le français fam. de Nîmes dep. 1924 (Joblot), dans le français pop. de
Paris dep. 1926 ("enfant" Esnault)a, 1931 dans le français fam. de Marseille ("id." Brun), 1936 à Lyon ("élève de l'école maternelle" Esnault), minot est issu du radical min‑, avec le suffixe ‑ot (cf. frm. minet, de sens voisin) ; il semble avoir été emprunté par certains patois de Suisse romande
(FEW). Le mot est sporadiquement en usage dans le français fam. et pop. (il est particulièrement
bien attesté, depuis une vingtaine d'années : A. Ernaux, J. Vautrin, Chr. Bayon, A. Boudard,
tous dans Frantext ; CaradecArgot 1977-1998 ; CellardRey 1980-1991 ; ColinArgot 1990 ; cédérom Le Monde 1987-1998)b, mais il est surtout courant dans le français du Midi, dont il passe pour caractéristique ;
la prise en compte de ce fait par les dictionnaires généraux du français est variable :
Ø GLLF et TLF ; « région., fam. » (Rob 1985 ; NPR 1993-2000) ; « région. (Sud-Est) » (Lar 2000).
a On ne retiendra pas la mention du mot par Esnault en 1721. En effet, le texte de Marc-Antoine
Legrand, Cartouche, ou les Voleurs, 1721, dans Théâtre de monsieur Le Grand, Ribou, 1731, t. 2, 319, porte bien Mions pl. et non Minot. (Comm. de P. Enckell).
b V. encore : « Les minots de Saint-Exupéry finissent bien l'année » (L'Est républicain, 25 juin 1997 ; titre d'un article consacré à la fête de fin d'année scolaire d'une
école maternelle du Territoire-de-Belfort) et A. Aucouturier, L'Arthritique de la raison dure, 1999, 32.
◇◇ bibliographie. JoblotNîmes 1924 minot, ‑otte ; BrunMars 1931 « familier » ; EsnaultArg 1965 ; KnoppSchülArg 1979, les minôts 28 pl. "les nouveaux élèves" (Orléans, Moulins, Avignon) ; TuaillonRézRégion 1983 (Marseille) ; BouvierMars 1986 ;
MartelProv 1988 ; BlanchetProv 1991 ; ArmanetBRhône 1993 ; PotteAuvThiers 1993 ; ArmKasMars
1998 ; RoubaudMars 1998, 57 ; BouisMars 1999 ; aj. à FEW 6/2, 97b, min-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Hautes-Alpes, 100 % ; Alpes-Maritimes, Var, 85 % ; Bouches-du-Rhône,
60 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, 50 %.
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