fatche interj.
〈Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault〉 pop. ou argot "(expression de la surprise, de l’admiration, de la joie, de la compassion, de l’indignation,
de l’ironie)". Synon. région. boudi* con, fan*, putain* con.
1. Employé seul. Oh fatche ! tu m’avais pas dit la dernière ! (FréchetDrôme 1997). Oh, fatche ! Mais qu’est-ce qui se passe dans cette maison ? (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 154).
1. Il termina [les épreuves du certificat d’études] vers les trois heures après avoir
sué sang et eau sur le problème d’arithmétique, persuadé de s’être cassé le nez. Je
le réconfortai de mon mieux en répondant à ses questions […].
– Oui, j’en suis sûr […]. – Si tu es sûr, j’ai répondu juste, fatche, j’en reviens pas. (J.-Cl. Libourel, Antonin Maillefer, 1997 [1996], 232-233.) 2. Dans des loc. interj. du type (oh) fatche de + subst. (de l’animé ou de l’inanimé) !
2. – Mille cents [sic] centimètres cubes et elle fait des pointes à cent-soixante, répondit le gars en
lui adressant un sourire radieux.
Destoussi hocha la tête d’un air connaisseur. – J’en ai essayé une sur l’autoroute. Presque la même. Fatche de bécane ! Ça carbure ! dit-il. (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 85.) — Fréquent dans la loc. interj. fatche de con ! Je me suis fait une petite, fatche de con ! Si tu la voyais ! (BouvierMars 1986). J’ai pêché une galinette* de 3 kg. [Réponse] Oh ! Fatche de con ! (ArmanetBRhône 1993). Fatche de con, tu t’es bien débrouillé ! (MazodierAlès 1996). Fatche de con, j’irais bien me baigner (G. Del Pappas, Massilia dreams, 2000, 31).
3. – Moi, je me demande si un jour ils vont mélanger les filles et les garçons. J’en
ai marre qu’on soit chacun de notre côté.
– Fatche de con, fait le grand Minardo. Quel bordel ça serait ! Quelle rigolade ! – C’est pas pour demain, dans les pensions. Les curés, ils voudront jamais. (Cl. Couderc, Le Petit, 1998 [1996], 232.) — Par ellipse. Synon. fam. merde, fam. ou pop. putain. – Fatche de ! Ça barde là-haut ! (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 32).
4. Je l’ai laissé faire. Pas tant pour moi, pour mon gosse… Qu’il se repose, qu’il finisse
son été tranquille, après, fatche de… Qui s’en soucie ? (Cl. Courchay, Chronique d’un été, 1990, 149.)
5. – [Jeune fille qui se croit enceinte] […]. Il m’est arrivé une cagade*.
– Fatche de ! Tu en es sûre ? (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 18.) 6. – Tu sais qu’à cause de toi on marque* mal, collègue* ? Tu es tellement soigné que du coup, nous autres, on paraît les gros dégueux [sic]. Comment tu te débrouilles ? […] fatche de… Tu en jettes. Tu sembles* un mannequin. (Cl. Courchay, Quelqu’un, dans la vallée…, 1998 [1997], 24-25.)
V. encore s.v. ravi, ex. 5.
■ remarques. Variantes argotiques (par apocope).
1. atche de ! « La purée sans sel, atche de, c’est vraiment pas bon » (Fr. Thomazeau, Qui a tué Monsieur Cul ?, 1998 [1997], 51).
2. cheudeu ! « Bouboule s’arrête là, époustouflé par la beauté du paysage : Cheudeu ! On dirait le calendrier des postes ! » (Ph. Carrese, Graine de courge, 1998, 68). – BouisMars 1999.
◆◆ commentaire. Emprunt au pr. facho "visage" (dep. AchardMars 1785, qui relève déjà « Oh que fachò ! Quelle physionomie ! quelle caricature » ; pour la structure formelle, cf. facho d’escarava, Mistral). Cet emprunt, qui semble récent, n’est pas pris en compte par les dictionnaires
généraux du français.
◇◇ bibliographie. BouvierMars 1986 ; MazzellaPiedNoir 1989 ; BlanchetProv 1991 ; LangloisSète 1991 fache de ; CouCévennes 1992 ; ArmanetBRhône 1993 ; FauconHérault 1994 fatche de con ! ; CovèsSète 1995 fache ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme 1997 « globalement connu » ; ArmKasMars 1998 ; RoubaudMars 1998, 90 fatche de c… ; BouisMars 1999 ; FEW 3, 355a, facies.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Hautes-Alpes, Bouches-du-Rhône, 100 % ; Alpes-Maritimes,
90 % ; Var, 80 % ; Vaucluse, 65 % ; Alpes-de-Haute-Provence, 50 %.
|