les citations
patte n. f.
1. plus usuel fam.
1.1. Cher (est), Allier (est), Bourgogne, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges, Franche-Comté, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Ardèche, Haute-Loire, Puy-de-Dôme (est) "pièce d’étoffe souvent usagée et sans valeur, utilisée pour les travaux ménagers (dépoussiérage, essuyage, etc.) ou traditionnellement cédée au chiffonnier". Stand. chiffon. Synon. région. estrasse*, gueille*, loque*, peille*, petas*. – Ce drap est tout déchiré, je vais en faire des pates (GermiLucciGap 1985). Je n’ai même pas une patte pour m’essuyer (DromardDoubs 1991). Donne donc un coup de patte sur la table (VurpasMichelBeauj 1992).
1. La paume était faite d’un noyau dur, généralement du bois, entouré de pattes [en note : chiffons] et de ficelles solidement nouées. (R. Bichet, Un village comtois au début du siècle, 1979, 154.)
2. […] j’y avais mis du mien en l’astiquant [le linoléum] avec de grandes pattes de laine sous les pieds […] (M. Bailly, La Jarjille, c’est la sœur du Piousou !, 1980, 23.)
3. C’était un qui bégayait, il ramassait les pattes. […] Il passait, il ramassait n’importe quoi, le tissu, fallait séparer ce qui était en laine d’avec les autres tissus. Oh, on devait pas donner grand chose de bon ! Il nous y* payait. (Témoin, dans BrussonCordon 1982, 253.)
4. […] il s’essuyait les yeux avec une grande « patte » à carreaux toute sale, si bien qu’au bout d’un moment il était tout « mâchuré »* […] (Histoires et Traditions du Doubs, 1982, 13.)
5. – Faudrait peut-être lui faire un pansement ? surenchérit Quart de bock. […] On peut lui mettre un linge, un béret ou un bout de patte dans la culotte en attendant d’arriver chez la sœur. (A. Nicoulin, Les Prisonniers du bacul, 1987, 129.)
6. Arrivés sur le pré aux noyers, on installait d’anciennes garnitures de matelas ou des enveloppes d’édredon […] bref tout ce qui n’était plus utile mais qui était trop grand pour qu’on en fasse des pattes [en note : petits chiffons]. (P. Soisson, Les Souvenances d’un vieux tortin, 1987, 173.)
7. […] la patiaïre (la chiffonnière) et son célèbre cri : « Lei patti ! lei patti ! » (Les pattes ! Les pattes !). (P. Magnan, L’Amant du Poivre d’âne, 1988, 16.)
8. […] Fallait voir comme elle essuyait la vaisselle… elle m’aurait usé toutes mes pattes en rien de temps si je l’avais laissée faire ! Madame voulait que ça brille […]. (M.-Th. Boiteux, Le Secret de Louise, 1996, 181.)
9. Il me nommait sa fille, en tête à tête toutefois, et nous devisions assis sur une « patte », car le sol avait de la rosée, il craignait que la terre ne soit trop dure pour ma peau. (P. Chevrier, La Haute-Bigue, 1996, 117.)
□ En emploi métalinguistique ou autonymique.
10. – Qu’est-ce qu’ils font ses parents ?
– Des pattes.
Pour maman qui est du Jura, les pattes ce sont des chiffons. D’où patte-mouille. Ici [à Vence] les pattes ce sont des nouilles. (A. Paraz, Valsez saucisses, 1950, 201.)
11. En Lorraine, on n’aime pas détruire. À tout hasard et pour des usages imprécis, on conserve les petits bouts de ficelle, les vieux cartons, le papier d’emballage, les morceaux d’étoffe, qui, dans notre langage, ai-je dit, s’appelaient des pattes. Le tablier [de franc-maçon] du grand-père fut donc enfermé dans le placard aux pattes. Il y demeura plusieurs années. (P. Gaxotte, Mon Village et moi, 1968, 121.)
V. encore ici ex. 12 ; s.v. piat, ex. 3.
Allier (est, vieilli), Saône-et-Loire, Isère, Doubs, Jura, Haute-Saône, Haute-Savoie, Drôme mettre aux pattes loc. verb. "reléguer dans un lieu convenu (notamment placard ou sac) une pièce de linge usagée, et, ainsi, en faire un chiffon utilisable pour de petits travaux ou qui sera finalement vendu ou donné". Ce pull-over est trop usé pour le raccommoder… Je vais le mettre aux pattes ! (DromardDoubs 1991). Tous ces vieux vêtements, c’est bon à mettre aux pattes (RobezMorez 1995).
12. Quand un vêtement, un tissu de laine, de coton ou de soie est usagé, on le met aux « pattes ». À l’occasion, on va chercher dans le « sac de pattes » une « patte » pour faire la vaisselle, enlever la poussière ou frotter les chaussures. (Une lectrice d’origine savoyarde, Vie et Langage, 1966, 56.)
● Dans les syntagmes placard aux pattes (v. ici ex. 11) ; sac aux/de pattes (v. ici ex. 12 ; s.v. pattier, ex. 3).
— Dans des comparaisons Jura, Savoie, Ain, Rhône blanc comme une patte "très pâle (d’un malade)". Stand. blanc comme un linge. Synon. région. blanc comme une caillade*. – Il ne se sent pas bien, il est blanc comme une patte (FréchetMartAin 1998) ; Doubs mou comme une patte (GarneretLantenne 1959). Stand. fam. mou comme une chiffe.
— Emploi non-comptable. Ses vêtements petafinés [= en mauvais état] réduits à l’état de patte (Bull. trimestriel de la société des amis de Lyon et de Guignol, 1993, cité dans SalmonLyon 1995).
graphie. La graphie patte, par ailleurs la plus courante, a été préférée pour le mot-vedette, à celle de pate afin d’aligner la graphie du lexème simple sur celle du composé patte-mouille déjà bien introduit dans les dictionnaires du français général.
1.2. En compos.
Haute-Saône, Doubs (nord) vieilli patte à cul loc. nom. f. "serviette hygiénique".
13. Il l’avait oubliée cette Yette, mais son image surgit aussitôt. Une grande femme, robuste, dont il revoit les bras nus, solides, rouges de l’eau froide de la fontaine et de l’eau bouillante du cuveau. Une femme à la voix forte qui ne mesurait pas ses mots. « Louise ! Faut commencer par mettre tremper les pattes à cul ! Il leur faut toute la nuit dans l’eau froide si je veux les bouillir dans le cuveau demain matin ! » (M.-Th. Boiteux, Le Secret de Louise, 1996, 186.)
patte mouille ou pattemouille, patte mouillée loc. nom. f. "chiffon (mouillé) utilisé pour laver, nettoyer ; en part. vx, chiffon humide pour nettoyer un four à pain (stand. écouvillon)".
14. Le feu craquait dans le four. Autran […] lavait la pattemouille dans le bassin de l’évier. (P. Magnan, L’Aube insolite, 1998 [1946], 333.)
15. Effacer tout ce qui a été dit, comme on faisait autrefois, sur un tableau noir, avec une patte mouille. (Bull. trimestriel de la société des amis de Lyon et de Guignol, 1970, cité dans SalmonLyon 1995.)
16. Emmitouflé dans une canadienne, il tenait un paquet enveloppé dans une patte mouillée.
– Bonjour, mademoiselle, dit-il, en portant une main à sa casquette de drap… J’ai pêché pour vous… Deux belles [truites] sauvages… Je sais que vous les aimez. (M. Dussauze, Le Pont du lac Saint-Point, 1995, 71.)
V. encore s.v. charbonnille, ex. 1.
● Au fig. "personne molle et sans énergie". C’est une vraie patte mouille (SalmonLyon 1995). Synon. région. loche*, panosse*, patte* à relaver.
Doubs, Jura, Haute-Savoie, Ain, Rhône patte à relaver loc. nom. f. "chiffon mouillé servant à nettoyer la table, à laver la vaisselle".
17. […] oh ! elle est toute sale cette pâte [sic] à r’laver ! […]. (L. Semonin, La Madeleine Proust, 1990, 143.)
18. N’oublie pas de mettre une « patte à relaver » pour frotter l’alambic et puis un essuie-mains pour s’essuyer ! (P. Jeune, dans Barbizier. Bulletin de liaison de folklore comtois, octobre 1992, 309.)
19. […] les verres furent vidés, nettoyés et retournés sur une patte à relaver pour sécher. (M. Dussauze, Le Pont du lac Saint-Point, 1995, 63.)
20. […] par la fenêtre, elle reconnut un des attelages de la Charlotte. Toute heureuse de la revoir, elle donna vite un coup de patte à relaver sur sa table pour lui offrir à boire, en pensant qu’il lui faudrait sûrement rajouter une assiette pour le midi […]. (M.-Th. Boiteux, Le Secret de Louise, 1996, 36.)
● Au fig. ou dans une comparaison "personne molle et sans énergie". Il est mou comme une patte-à-relaver ! (DromardDoubs 1991). Synon. région. loche*, panosse*, patte* mouille.
Allier (est), Saône-et-Loire, Lorraine, Haute-Loire (Velay) vieilli patte à vaisselle loc. nom. f. "chiffon mouillé utilisé pour laver la vaisselle". Stand. lavette.
21. Mélie rabroue sa petite fille : […] Et ramasse donc ces verres au lieu de faire le revari [= grand rangement et nettoyage] du buffet avec une patte à vaisselle. Sans goût ! (G. Rey, La Montagne aux sabots, 1994, 174.)
1.3. Lorraine, Beaujolais, Loire, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Ardèche fam. "pièce de toile épaisse servant à laver les sols, à nettoyer, à éponger". Stand. serpillière. Synon. région. bâche*, cince*, emballage*, loque*, panosse*, peille*, pièce*, toile*, torchon* de plancher, wassingue*. – J’ai encore lavé mes pattes (G. G., Ronchamp, 11 septembre 1988). L’aspirateur et la patte, c’est l’affaire de mon mari (FréchetDrôme 1997). Ne rentre pas tout de suite dans la maison, je vais passer la patte (MichelRoanne 1998).
Provence [pɑt].
22. […] je vais aller faire la maison à fond et passer la pâte [sic] dans les chambres et la cuisine que* quand les gens vont arriver, ce soit propre ! (G. Ginoux, Gens de la campagne au Mas des Pialons, 1997, 73.)
2. Franche-Comté, Ain, Loire, Rhône, Isère, Ardèche fam. "pièce de tissu en bon état, quelquefois neuve, de dimensions variées, utilisée pour divers usages".
23. Oh ! ça ne va pas, pechère [v. peuchère], ça ne va pas. Il est au lit avec une patte sur la figure. (Ouvrier de la basse vallée du Rhône, dans P. Agron, Vie et Langage, 1965, 503.)
24. – La Louise est déjà dans un autre royaume. Elle coud et découd quelques pattes en chantonnant, en pleurnichant […]. (Témoignage recueilli en 1971 dans le Doubs, à propos d’une personne très âgée, dans J. Garneret, Vie et Mort du paysan, 1993, 254.)
V. encore s.v. rapponse, ex. 2.
— Emploi non-comptable en/de patte "en tissu". Elle a pris son chapeau en patte, il va faire beau (VurpasMichelBeauj 1992).
3. Vosges, Doubs, Jura, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Ardèche, Haute-Loire fam. "linge, vêtement". Bon, il faut que j’aille laver mes pates (MartinPilat 1989). Les femmes avec leurs pattes, elles ne parlent que de ça (RobezMorez 1995). Au marché, ce matin, il y avait quatre marchands de pattes (FréchetMartAin 1998).
25. J’étais petite. […] Je voulais laver, je voulais laver absolument. […] je disais à ma marraine et puis [à] sa mère, la Jeannette :
– Donnez-moi donc une patte, je veux aller laver, moi, je veux aller laver à la fontaine. (Trad. d’un enregistrement dialectal effectué dans la période de 1959 à 1965, J. Garneret, Le Présent d’un village, Villers-Buzon, 1985, 242.)
Savoie (dans une formule de menace) Si tu n’es pas content, tu n’as qu’à prendre tes pattes et partir (GuichSavoy 1986).
être (ou verbe du même paradigme) dans la patte loc. verb. "(avoir un métier dans) le secteur du vêtement". Stand. fam. être dans la fripe.
26. Une jeune femme à qui, dernièrement, je demandais quel était son emploi, me répondit « je suis dans la patte » c’est-à-dire qu’elle est vendeuse dans un magasin de vêtements. (CottetLyon 1996, 57.)
péj. "vêtement bon marché, de mauvaise qualité ou en mauvais état". – Il vaudrait mieux qu’elle ait deux ou trois choses de jolies au lieu d’avoir tant de pattes (FréchetAnnonay 1995).
4. Jura (Haut Jura), Loire, Puy-de-Dôme (Ambert, Thiers)a fam. Au pl. "(gros) flocons de neige". Ça n’a pas tombé bien longtemps, mais alors, tu aurais vu ces pattes, grosses comme des pièces de cinq francs (PotteAuvThiers 1993). Avec les grosses pattes qui tombent, il y aura bientôt une bonne couche de neige (MichelRoanne 1998). Synon. région. peille*.
a Cité dans deux ouvrages traitant de l’Auvergne, sans localisation. Toutefois, la base documentaire de PotteAuvThiers 1993 est Thiers, en limite de l’aire francoprovençale, la mention dans BonnaudAuv 1976 n’est pas confirmée par les autres sources.
27. Et puis, un matin, ç’avaient été de larges flocons de neige – des pattes, disaient les grands-parents. Comme des pattes d’oiesa, en effet. (L. Gachon, La Petite-fille de Maria, 1974, 134.)
a Remotivation sémantique.
28. Eh ! répétait grand-père Claude : regardez donc là-haut, la Montagne. La vieille neige y attend la suivante et tant qu’elle n’y aura pas toute fondue, cette vieille neige, ici ce ne sera pas vraiment la belle saison, sans pattes blanches, ni gelées à craindre surtout. (L. Gachon, La Petite- fille de Maria, 1974, 153.)
29. […] ça a fait des flocons de plus en plus gros. Regarde un peu maintenant les pattes que ça fait ! Eh ben ! je peux préparer la pelle pour déblayer devant la porte du garage, demain matin. (MeunierForez 1984, 167.)

◆◆ commentaire. Ce type lexical francoprovençal est attesté dep. le 14e siècle : afrpr. pata "chiffon" Légendier, Stimm, MélLecoy, 558-559, aocc. pato "mouchoir de tête" (dep. 1470 « La pato qu’elle avyo presta A Paul, de que el s’es bendo Los uels », Briançon, Istoria Petri & Pauli, Lv 6, 136), frpr. VeÿStEtienne [1605]. Le type est aujourd’hui largement représenté dans l’est de la France, de la Lorraine à la Provence, et il est particulièrement vivant dans l’aire d’influence lyonnaise et en Suisse romande (v. DSR). Fr. patte, en des sens analogues, est attesté dès le début du 16e s. (dep. 1508, Romans, Comptes du Mystère des trois Doms, éd. Giraud, Lyon, 1887) et bien documenté dès cette époque sur l’ensemble de l’aire : « Et n’y restoit rien, jusques aux pates, c’est à dire aux serviettes, estant de petite valeur » (1531, v. Pierreh) ; « Et là ledit patey dit audit Claude qu’il tenist le sac de pattes » "chiffon" (1550, v. Pierreh) ; "morceau d’étoffe (servant à envelopper qqc.)" (1566 Gdf) ; « […] quantité de pattes qui peuvent causer des maladies et inconvéniant au publicq » (Ordonnance de police des échevins de Mâcon, 4 avril 1625, v. Mâcon 1926). À partir du 17e siècle, c’est essentiellementa pour ses emplois techniques ("chiffon (pour faire le papier)") que le terme est signalé (« Pates de vieux linges pour faire le papier » ChambonMarquis [1609], non marqué ; repris par Stœr 1625 [v. encore Lalande 1761] ; Dictionnaire des arts et métiers, Amsterdam, 1767 ; Lenormand 1833), car il disparaît des dictionnaires du français général, de Littré 1868 (pattes pl. « vx. et techn. ») à l’époque moderne (Rob 1985 « région. (Suisse) » ; TLF « région. (surtout Lyonnais, Dauphiné, Alpes et Suisse) » ; Lar 2000 « Suisse »).
L’aire du régionalisme calque en grande partie l’aire dialectale (ALF 281 ; ALB 1579 ; ALLR 717 ; ALFC 1059 ; ALLy 598 ; ALJA 1245 ; ALMC 1218) ; toutefois, d’après les enquêtes de vitalité, à la frange ouest de l’aire (Indre, ouest de l’Allier), fr. région. patte "chiffon" déborde nettement l’aire dialectale alors que le type n’est signalé par ALCe 801 "guenille" qu’en une petite aire à l’est de l’Allier. Cette extension est l’indice d’une ancienne vitalité de la variété régionale qui ne peut guère se développer aujourd’hui hors des emplois familiers, ou connotés, de la vie domestique. Au sein de chaque regroupement des sens esquissé ici, se manifeste une importante dispersion, héritage, le plus souvent, du dialecte (v. par ex. ALLy 653 "une pièce" (2.), ALLy 973 "la couche" (2.), ALLy 800 "(de gros) flocons de neige)" (4.) conduisant à des synonymies nombreuses car on retrouve cette dispersion à des degrés divers pour d’autres types lexicaux (v. notamment peille*, petas*). Tous les sens, à l’exception de 1.3. (Provence et sud de l’aire d’extension lyonnaise), se retrouvent dans l’aire francoprovençale, aire du centre diffuseur. La mobilité propre au commerce de la chine explique certaines controverses dans les sources en ce qui concerne les emplois régionaux : « en Auvergne, on donne le nom de pattes à ces matières premières » (Lalande 1761) repris par le Dictionnaire portatif des Arts et Métiers 1767 (« En Auvergne où il y a beaucoup de manufactures de papier, on appelle les guenilles pattes »), mais réfuté par MiègeLyon 1937 « Ce qui est absolument faux aujourd’hui, c’est que l’Auvergne appelle “patte” des guenilles. Patte, en ce sens-là, n’y est pas compris. Clermont et ses environs ont “peta”, mot voisin à coup sûr, mais que son vocalisme et son déplacement d’accent rendent bien différents pour le peuple ». Pour sa part, Marquis dès 1609 signale auprès de fr. techn. pate (non marqué régionalement) l’usage spécifique, en Auvergne, de peille* (ChambonMarquis) ; H. Pourrat, de la région d’Ambert, acceptera les trois termes (Dans l’herbe des trois vallées, 1943, cf. peille*). De fait patte, en limite d’aire, est fortement concurrencé par peille* et petas*, mieux représentés dans l’ensemble de la région. L’éclipse de patte dans les dictionnaires du français traduit par ailleurs l’avantage de peille* dans ce domaine ; patte issu du français commun à une région et introduit dans les dictionnaires du français grâce à ses emplois techniques, n’a pas connu d’usage généralisé en français (v. Vanden Abeele 1991). Le nom composé patte mouille, patte mouillée (1.1.) d’introduction récente dans la lexicographie du français général (patte mouillée dep. 1842, TLF ; patte mouille dep. 1914, Rob 1962-1980 « dial. », Lar 1976 « région. (Mars.) ») est, par contre, un exemple significatif de l’adoption par le français général d’un terme régional qui a un profil précis (ici "objet apprêté pour favoriser la qualité du repassage") ; patte à relaver, très bien attesté dans un registre voisin, reste cantonné dans les emplois ménagers non spécialisés (aire lyonnaise et comtoise).
a Mais v. ici dans le commentaire s.v. beurrée l’attestation de 1783 du Parisien L. S. Mercier.
◇◇ bibliographie. FEW 16, 608b, *paita ; Stœr 1603 (« pates de vieux linges pour faire le papier », v. ChambonMarquis, 437) ; Stœr 1625 "id." ; J.-J. de Lalande, L’Art de faire le papier, Paris, 1761 "id." « région. » ; Dictionnaire portatif des Arts et Métiers, 1766-1767, 331 "id." ; MichelLorr 1807 (1.3.) ; MolardLyon 1810 (1. patte mouillée, 3.) ; RollandGap 1810 ; Cl. Vanden Abeele, Le Vocabulaire de la papeterie d’après le Manuel du fabricant de papiers par L.-S. Lenormand (1833), mémoire de licence, Katholieke Universiteit Leuven, 1990-1991, 10, 148, 154 ; GabrielliProv 1836 (1., 3.) ; GrasForez 1863 ; Littré ; BeauquierDoubs 1881 (1.) ; PuitspeluLyon 1894 (1. patte mouillée, patte à relaver, 2., 3.) ; OffnerGrenoble 1894 (1.) ; ConstDésSav 1902 (1. patte mouillée) ; Mâcon 1903 ; 1905 « chiffonniers, – marchands de pattes, comme disent les Lyonnais » R. Bazin, L’Isolée, Paris, 42) ; CarrezHJura 1906, 279 (1.) ; VachetLyon 1907 (1. patte à relaver, 2.) ; ChoussyBourbonn 1914 (1.) ; LarocheMontceau 1924 ; CollinetPontarlier 1925 "chiffon" être mou comme une patte ; Mâcon 1926 (1. patte mouillée) ; BoillotGrCombe 1929 (1.) ; BrunMars 1931 (1. pate mouille) ; PrajouxRoanne 1934 patte mouillée, s.v. pagnote ; Cl. Rouleau, Essai de folklore de la Sologne bourbonnaise, 1935, s.v. pattier (1.) ; DoillonComtois [1926-1936] "lavette, torchon (pour essuyer la table, essuyer un liquide)" ; BrunetFranchesse 1937 s.v. peille ; MiègeLyon 1937 (1. patte à relaver, patte mouille, patte mouillée, 2.) ; BaronRiveGier 1939, 24 (1.) ; DuraffVaux 1941 pate (dans la métalangue), patte mouillée "homme mou, sans énergie" ; DornaLyotGaga 1953 (1., 2.) ; GarneretLantenne 1959 patte à rlaver ; BrunetFrBourbonn 1964 s.v. peille ; Vie et Langage 1966, 56 (1. patte à relaver) « (Jura) d’usage courant » ; Straka RLiR 1968, 92 ; DuprazSaxel 1975 ; JamotChaponost 1975 (1.) ; BonnaudAuv 1976 (1., 4.) ; EscoffStéph 1976 (1.1.) ; GrandMignovillard 1977 (1. 2. 3.) ; DelortStClaude [ca 1977] (1., 2.) ; RLiR 42 (1978), 179 ; BichetRougemont 1979 (1.1.) ; BecquevortArconsat 1981 s.v. pataire (1.) ; MédélicePrivas 1981 (1. 3.) « courant, de registre fam. » ; TuaillonVourey 1983 (1.) « très usuel » ; StrakaProbl 1983, 49-50 et carte 4 ; BoninBourbonn 1984 s.v. chiffon (1.) ; GononPoncins 1984 (1., 4.) « très courant, tous » ; MeunierForez 1984 (1., 4.) ; GermiLucciGap 1985 (1.) « usuel » ; DuraffHJura 1986 « région. inconsc. très usuel » (1.) ; GuichSavoy 1986 (1., 3.) ; « mot très employé » ; MartinPellMeyrieu 1987 (1. 2.) ; QuestThiers 1987 (1.) ; MartinPilat 1989 (1.) « usuel » ; LanherLitLorr 1990 (1. [1. 3. non confirmé par les enquêtes de vitalité 1994-1996], 3.) ; DucMure 1990 (1., 2.) ; BlanchetProv 1991 (1. 3.) ; DromardDoubs 1991 et 1997 (1. patte à relaver) ; FréchetMartHelv 1991 ; TavBourg 1991 (1.) ; TrouttetHDoubs 1991 marchand de pattes "marchand ambulant de vêtements", patte à relaver "morceau de tissu servant à frotter la vaisselle sale" ; ColinParlComt 1992 ; MazaMariac 1992 (1., 2.) ; VurpasMichelBeauj 1992 (1. 3., 2.) « usuel » ; DubuissBonBerrB 1993 (1.) ; DuchetSFrComt 1993 (1., 2.) ; FréchetMartVelay 1993 (1., 3.) « usuel » ; GagnySavoie 1993 (1. pate à relaver) ; PotteAuvThiers 1993 (4.) ; ValThônes 1993 ; VurpasLyonnais 1993 (1. pattemouille, 2.) « usuel » ; FréchetAnnonay 1995 (1., 3.) ; RobezMorez 1995 (1. patte à relaver, 3.) « mot courant partout » ; SalmonLyon 1995 (1. patte mouille, patte à relaver, 2., 3.) ; CottetLyon 1996 (1., 3.) ; ValMontceau 1997 (1. pate mouille, 3.) ; FréchetDrôme 1997 (1.) « globalement bien connu » ; FréchetMartAin 1998 (1., 2., 3.) « usuel à partir de 20 ans, bien connu au-dessous » ; MichelRoanne 1998 (1. « usuel », 1. 3. « bien connu », 2. « usuel au-dessus de 60 ans, peu attesté au-dessous », 4. « usuel au sud, bien connu au nord-ouest, connu à Roanne, attesté au nord-est ») ; PlaineEpGaga 1998 ; QuesnelPuy 1998-1999, 9 (1.) ; LesigneBassignyVôge 1999 (1.) ; ChambonÉtudes 1999, pate 231, patte 132 (Pourrat, Gaspard des montagnes), 198 ; communication J.-P. Chambon. "Chiffon" ou "guenille" : ALF 281 ; ALCe 801 ; ALB 1579 ; ALFC 1059 ; ALLy 598 ; ALJA 1245 ; ALMC 1218 et 1220 ; "torchon" ALLy 597 ; "pièce" ALLy 653 ; "flocon de neige" : ALLy 800 ; ALLy t. 5. Pour la Suisse romande v. DSR 1997.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1.) Côte-d’Or, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche, Haute-Loire (Velay), 100 % ; Saône-et-Loire, Hautes-Alpes, 75 % ; Haute-Loire (centre-ouest) 65 % ; Nièvre, Yonne, Alpes de Haute-Provence, Vaucluse, 50 % ; Bouches-du-Rhône, Cher, Vosges, 40 % ; Allier, Var, 30 % ; Alpes-Maritimes, Indre, Meuse, 15 % ; Meurthe-et-Moselle, 10 % ; Loir-et-Cher (sud), Moselle, 0 % ; (1. 3.) Hautes-Alpes, 75 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, 50 % ; Bouches-du-Rhône, 40 % ; Var, 30 % ; Alpes-Maritimes, Puy-de-Dôme 15 % ; Cantal 10 % ; Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Vosges, 0 %. (3.) Vosges, 40 % ; Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, 0 %. Patte à relaver Doubs, 100 % ; Haute-Saône nord, 65 % ; Territoire-de-Belfort, Jura, 30 % ; Haute-Saône (sud) 0 %.